La Turquie s’apprête à voter pour une intervention contre l’EI

Le Monde – 02/10/2014

Les parlementaires turcs doivent donner, jeudi 2 octobre, leur feu vert à des opérations militaires contre les combattants de l’Etat islamique (EI). La Turquie rejoindrait ainsi la coalition internationale formée contre les djihadistes. Ankara, aux premières loges de l’avancée de l’EI, constitue un allié stratégique.

L’exécutif a présenté un projet de résolution au Parlement, mardi 30 septembre, prévoyant la possibilité d’intervenir sur le sol irakien et syrien ainsi que le stationnement, sur son sol, de soldats de la coalition.

Le séance se déroulera jeudi à huis clos, tant « la question débattue est sensible », explique le quotidien turc Hurriyet. Toutefois l’AKP – parti du président Recep Tayyip Erdogan – disposant d’une majorité absolue au Parlement, l’issue du vote ne fait guère de doute, selon la presse turque.

UN REVIREMENT TOTAL

Déterminée aujourd’hui à rejoindre les membres de la coalition, la Turquie s’est longtemps montrée réticente. Cet engagement était d’abord suspendu au sort de 46 otages turcs aux mains de l’EI à Mossoul depuis juin. Leur libération, le 20 septembre, a changé la donne.

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Le coût humain d’une telle intervention suscite aussi des craintes. La Turquie sera en effet la seule à envoyer des troupes terrestres. Un déséquilibre des moyens engagés qui ne satisfait pas les autorités turques. « Les tonnes de bombes qui seront larguées ne constituent qu’une solution temporaire », a ainsi martelé Recep Tayyip Erdogan, mercredi 1er octobre, appelant la coalition à aller au-delà des frappes.

Enfin, autre point sensible pour Ankara : la question kurde. Alors que la Turquie est en conflit avec le PKK – Parti des travailleurs kurdes – sur son sol, elle va devoir combattre aux côtés de ses adversaires, engagés contre l’EI. Paradoxalement, le Parlement turc s’exprimera ce jour sur une autre résolution autorisant l’armée turque à conduire des bombardements contre les bases arrières des « éléments terroristes » du PKK.

UN PAYS EN PREMIÈRE LIGNE

Disposant de 1 250 kilomètres de frontière commune avec l’Irak et la Syrie au sud, la Turquie est très exposée à la menace de l’EI, qui a autoproclamé un « califat » à cheval sur ces deux pays. Ces derniers jours, les djihadistes n’ont cessé de se rapprocher de la frontière turque.

Cette progression a définitivement amorcé le virage turc. « Nous lutterons énergiquement contre l’Etat islamique et toutes les organisations terroristes de la région, telle sera toujours notre priorité », a annoncé Recep Tayyip Erdogan, mercredi 1er octobre.

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