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Liberation, le 25/12/2022
par Eve Szeftel
A l’approche du dixième anniversaire du triple assassinat, resté impuni, de militantes à Paris par un homme agissant vraisemblablement sur ordre des services secrets turcs, les responsables des Kurdes de France réclament la saisine du Parquet national antiterroriste après l’attaque meurtrière de la rue d’Enghien, vendredi.
Un loup solitaire, pris d’une impulsion raciste, qui aurait pris son arme et tiré au hasard ? Yekbun Eksen n’y croit pas. «Le peuple kurde, en quarante ans de lutte de libération nationale, sait qu’il n’y a jamais de coïncidence», affirme le porte-parole du Conseil démocratique kurde de France (CDKF), rencontré vendredi soir au centre culturel Ahmet-Kaya, rue d’Enghien à Paris, quelques heures après le triple meurtre qui a eu lieu sur le perron, fraîchement lavé du sang des «martyrs». «Pour nous, ce n’est pas anodin que ces assassinats se soient produits dans ce lieu qui fait office d’ambassade du plus grand peuple sans Etat», et de siège officieux du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), inscrit depuis 2001 sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne.
Dans un coin de la grande salle, véritable mausolée à la gloire des martyrs et héros du PKK, un groupe de femmes, visages fermés, yeux rougis. Les hommes chuchotent entre eux. Aucun ne croit à la thèse d’un tireur isolé. Tous sont persuadés qu’il a été «retourné», en prison, par des pro-Erdogan. Devant le centre, un mémorial a été improvisé : des bougies rouges ont été disposées sur la chaussée et des lumignons sur le rebord des fenêtres. Vêtus de chasubles rouges à l’effigie d’Abdullah Ocalan, le chef du PKK en prison à vie en Turquie, des membres du service d’ordre de la communauté font le guet. Des échauffourées ont éclaté plus tôt dans la journée avec la police mais, ce soir, l’atmosphère est au recueillement et à la célébration des «martyrs» : Abdulrahman Kizil, décrit comme un pilier de la cafétéria du centre, Mir Perwer, un artiste kurde de Turquie qui avait obtenu le statut de réfugié politique et Emine Kara, présentée comme «une combattante du Rojava», également connue sous le nom de guerre d’Evin Goyi, qui dirigeait le Mouvement des femmes kurdes en France.
«C’est trop gros»
Samedi, la place de la République est noyée sous les drapeaux rouges, à l’effigie du PKK, ou verts avec un soleil jaune, la bannière officielle kurde. Mais alors que le tireur présumé aurait reconnu le caractère «raciste» de son geste, seule une pancarte pointe la responsabilité éventuelle de l’extrême droite. Ici, ce n’est pas la thèse majoritaire. Sans le dire ouvertement, tous désignent l’Etat turc et son président, Recep Tayyip Erdogan, contre qui le PKK est en guerre. «A l’approche des dix ans de l’assassinat des trois militantes, qui a eu lieu à quelques rues du centre culturel, c’est trop gros», confie une jeune Franco-Kurde de 28 ans, qui préfère garder l’anonymat. Ses interrogations sont nombreuses, elles se bousculent dans sa bouche : «Pourquoi le suspect avait-il une arme alors qu’il était sous le coup d’une interdiction de port d’arme ? Pourquoi cibler les Kurdes alors qu’ils sont connus pour avoir lutté contre les islamistes de Daech ?»
Si cette jeune femme se contente d’exprimer des doutes, certains cadres de l’organisation versent dans le complotisme, affirmant, sans preuve, que «les pompiers ont mis quarante-cinq minutes à arriver», ou que le suspect aurait été déposé en voiture devant le siège du CDKF. «Le fait que nos associations soient prises pour cible relève d’un caractère terroriste et politique», a déclaré Agit Polat, un autre porte-parole du CDKF, après sa rencontre samedi avec le préfet de police de Paris, Laurent Nunez. «Nul doute pour nous que ce sont des assassinats politiques», a-t-il ajouté. Une thèse relayée par le sénateur communiste Pierre Laurent et par Jean-Luc Mélenchon à la tribune samedi. Dans un premier temps, la gauche avait accusé l’extrême droite. Mais devant la communauté kurde, forte de 350 000 membres en France, le chef de la France insoumise a fait siennes les accusations du CDKF, et réclamé la saisine du Parquet national antiterroriste.
«On s’attendait à ce qu’il y ait des problèmes à Paris, pour les dix ans. On sait que des équipes d’assassins sillonnent l’Europe pour tuer des militants kurdes, et que ça ne s’est pas arrêté le 9 janvier 2013.»
— Yekbun Eksen porte-parole du Conseil démocratique kurde de France
La défiance des Kurdes par rapport au discours des autorités françaises se comprend à la lumière du triple assassinat survenu le 9 janvier 2013 quand trois femmes, Sakine Cansız, figure historique du PKK, Leyla Saylemez et Fidan Doğan, sont tuées au premier étage du 147, rue La Fayette, siège du Centre d’information du Kurdistan. Depuis, les visages des martyrs s’affichent en grand rue d’Enghien ou flottent sur les drapeaux agités par les sympathisants de la cause kurde, comme c’était le cas samedi, à République. En 2015, le principal suspect, Omer Güney, est renvoyé devant la cour d’assises de Paris. Si la juge d’instruction n’est pas parvenue à confondre les commanditaires, les chefs d’accusation sont clairs : ce nationaliste turc qui s’était infiltré dans la communauté kurde française jusqu’à devenir le chauffeur de Sakine Cansız est notamment renvoyé pour avoir participé à la préparation d’une action terroriste «à la demande d’individus se trouvant en Turquie et possiblement liés aux services de renseignement turcs». Las, il meurt quelques semaines avant l’ouverture de son procès, prévu en janvier 2017.
«Une forme d’impunité»
Si la mort d’Omer Güney entraîne l’extinction de l’action publique à son encontre, les familles des victimes obtiennent en 2019 l’ouverture d’une nouvelle information judiciaire visant, cette fois, ses complices et commanditaires éventuels. Mais l’enquête continue de se heurter au secret-défense, soit au refus du ministère de déclassifier les notes des services de renseignement français impliquant les principaux protagonistes. La raison d’Etat est-elle toujours à l’œuvre face à une Turquie puissante, prompte au chantage migratoire ? «Les attentats de vendredi sont liés au fait qu’on a laissé faire, et qu’il y a une forme d’impunité qui s’est créée», affirme Yekbun Ersen. Parmi les mots d’ordre de la manifestation prévue le 7 janvier 2023 pour réclamer «vérité et justice» sur le 9 janvier 2013 figure d’ailleurs la «levée du secret-défense», rappelle-t-il.
«La colère des jeunes Kurdes, je la comprends, relève de son côté Antoine Comte, l’avocat de la famille des trois activistes tuées. Il y a dix ans, Manuel Valls s’était rendu sur place et avait promis de faire toute la lumière sur ces assassinats. Deux semaines après, il était reçu par l’ambassadeur de Turquie à Paris et lui promettait de continuer à pourchasser les Kurdes.» De même, lors de la visite d’Erdogan en France en 2018, Emmanuel Macron ne prononce pas un seul mot sur cette affaire.
«Escadrons de la mort»
«Il y a un problème de confiance, pointait un vieux Kurde rencontré à République. L’intérêt économique et géopolitique ne permet pas d’enquêter sérieusement.» Ce qui explique, selon lui, pourquoi l’empressement du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à écarter la piste terroriste au profit d’un acte raciste isolé a été si mal vécu par la communauté. Antoine Comte s’interroge aussi sur la raison pour laquelle le chef d’infraction terroriste n’a pas été retenu cette fois, bien qu’il l’ait été il y a dix ans : ménager la Turquie ? Realpolitik ou pas, le pénaliste estime qu’on «pourrait au moins avoir la reconnaissance du sang» pour des gens «qui se sont fait trouer la peau pour la coalition internationale dans la lutte contre Daech».
Autre «coïncidence troublante», selon l’avocat : trois jours avant ce nouveau meurtre, le 20 décembre, les familles des victimes ont été reçues par les juges d’instruction, qui leur ont fait part de l’avancée de l’enquête, relancée récemment «après une série d’événements en Europe : un projet d’attentat contre des dirigeants kurdes à Bruxelles, une condamnation pour espionnage en Allemagne et une tentative d’assassinat en Autriche». A cette occasion, Antoine Comte a décidé de verser à la procédure les Loups aiment la brume, un livre d’enquête publié en septembre par les journalistes Laure Marchand et Guillaume Perrier, qui «ont mis au jour un réseau d’agents secrets turcs prêts à tout pour liquider leur opposition kurde ou turque, de véritables escadrons de la mort qui circulent en Europe». Yekbun Eksen ne dit pas autre chose : «On s’attendait à ce qu’il y ait des problèmes à Paris, pour les dix ans. On sait que des équipes d’assassins sillonnent l’Europe pour tuer des militants kurdes, et que ça ne s’est pas arrêté le 9 janvier 2013.»
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