Conférences et colloques Le Grand Turc
Conférences et colloques Le Grand Turc
Le 09/10/2014 à 18h à l’Auditorium
En 1453, le sultan Mehmet II qui, à seulement 21 ans, avait fait tomber l’Empire romain d’Orient, devint un nom redouté de tous les grands d’Occident. Mais il dut attendre le séjour de Gentile Bellini à Istanbul en 1480 pour gagner une figure. Vasari, dans ses Vies des Peintres, nous en livre le récit : « Gentile ne tarda pas à faire un portrait du souverain, si ressemblant qu’on le regarda comme un miracle. Ayant constaté les nombreuses possibilités de la peinture, l’empereur demanda à Gentile s’il se sentait capable de faire son propre portrait. Gentile répondit affirmativement et, en peu de jours, fit son autoportrait à l’aide d’un miroir, si ressemblant
qu’il paraissait vivre. Il le porta au souverain ; celui-ci en fut tellement émerveillé qu’il lui était impossible de ne pas croire que Gentile fût habité par quelque esprit surnaturel. »
L’épreuve de l’autoportrait est incertaine mais significative. La demande, voire le défi, que le sultan adresse au peintre vise le pouvoir de la représentation mimétique. Prendre l’Autre en image est un acte de force. En invitant Bellini à se représenter lui-même, le sultan (ou Vasari) tente de renverser le rapport de pouvoir, en faisant basculer la relation objet / sujet. L’expérience fondamentale de l’Autre s’accomplit surtout, ou seulement, à travers l’expérience du Même.
Victor I. Stoichita
Né à Bucarest en 1949, Victor I. Stoichita est professeur ordinaire à l’université de Fribourg. Après des études d’histoire de l’art aux universités de Bucarest et de Rome, il obtient le titre de docteur à l’université de Rome et de docteur d’État ès Lettres à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. Professeur invité dans plusieurs universités, centres de recherche et musées, il mène une carrière scientifique internationale de haut niveau récompensée par de nombreux prix, parmi lesquels un doctorat honoris causa de l’Université catholique de Louvain.
En 2009, il a été commissaire de l’exposition « La Sombra » («L’ombre») au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid. Ses nombreux ouvrages ont été traduits en plusieurs langues et se sont imposés comme des références majeures sur l’histoire de la représentation en Occident. Il a surtout contribué à ouvrir l’histoire de l’art à une anthropologie historique des images, ainsi qu’à une archéologie de la modernité artistique et de nos cultures visuelles contemporaines, par des enquêtes iconologiques nourries d’une érudition et d’une réflexion herméneutique des plus novatrices.
Auditorium du Musée du Louvre – Paris
Lire aussi- Présentation et dédicace par Tansu Saritayli de son dernier livre : Kalbim Kırmızı Şapkalı Kızda
- Visioconférence : Analyse et conséquences des élections municipales en Turquie du 31 mars 2024
- Soirée poésie-musique autour du livre « ORHAN VELİ essai empathique »
- Visioconférence : Les évolutions de la politique extérieure de la Turquie
- Visioconférence : « 3 mars 1924, abolition du Califat »