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Le Figaro, le 03/02/2022
Par Delphine Minoui
Correspondante à Istanbul
RÉCIT – Les partisans du président Erdogan s’en sont pris à la mascotte de son rival, le maire Ekrem Imamoglu.
Ce 25 décembre 2021, Recep Tayyip Erdogan ne s’est pas réveillé du bon pied. L’économie vacille. Ses supporteurs déchantent. L’opposition gagne du terrain dans les sondages d’opinion. Mais en ce jour de Noël, c’est contre les chiens qu’il décide de déverser sa colère. «Turcs blancs! Assumez vos responsabilités avec vos animaux! (…) Ces chiens sont des chiens de riches», s’emporte-t-il en les associant illico à l’élite kémaliste et occidentalisée (par opposition aux «Turcs noirs», expression réservée aux populations plus traditionnelles). Et d’ajouter dans la foulée: «Il me semble important de débarrasser les rues des chiens errants!»
Aussitôt, une déferlante de réactions inonde les réseaux sociaux. «Solidarité avec les chiens errants», déclament une multitude d’internautes outrés, tandis que le mot-dièse «Animaux de rue» (#SokakHayvanlari) circule en boucle sur la toile. C’est que le président islamo-nationaliste vient de toucher une corde sensible. En Turquie, les chats et les chiens errants font quasiment partie du patrimoine vivant tant ils sont nombreux à arpenter nonchalamment les centres-villes du pays – et d’Istanbul, en particulier. On les croise aux pieds des musées, dans la cour des mosquées, à l’entrée des cafés, devant les étals des bouchers, dans l’attente de quelques restes de viande en fin de journée. Dans le quartier branché de Moda, sur le versant asiatique d’Istanbul, une statue immortalise depuis quelques années un ex-chien star du coin, Tarçin («Cannelle»), happé par un chauffard. Sur les bords de la mer Égée, où leurs aboiements erratiques annoncent les tremblements de terre, ils sont particulièrement appréciés.
Rien, dans l’islam, ne stipule que les chiens sont impurs, insistent même certains chercheurs. À ce jour, l’AKP, le parti au pouvoir n’a d’ailleurs jamais montré d’animosité à l’égard des chiens. Au contraire. Lors du confinement drastique de la première vague du Covid-19, au printemps 2020, le ministère de l’Intérieur mit un point d’honneur à leur faire distribuer à manger pour qu’ils ne meurent pas de faim. Même la presse progouvernementale se laisse régulièrement attendrir par ces bêtes poilues. Le mois dernier, le journal pro-Erdogan Yeni Safak s’est penché sur le sort d’un chiot de rue percuté par une voiture, qu’un inconnu sauva en l’emmenant chez le vétérinaire.
L’ire du clan présidentiel
Que s’est-il donc passé ce 25 décembre dans la tête du président? À l’origine de cette affaire canine qui déchaîne les passions: un incident, survenu à Gaziantep trois jours avant son allocution. Dans cette ville du sud-est du pays, deux pitbulls abandonnés par leurs propriétaires, selon la presse locale, ont attaqué une fillette de 4 ans en la blessant gravement. Mais le fait divers, qui serait passé inaperçu en d’autres temps, n’a pas échappé au reis turc, qui s’empressa de politiser l’affaire pour dénigrer l’opposition. «L’aubaine était trop belle pour Erdogan. Quel meilleur moyen de faire oublier la crise économique et sa perte de vitesse dans les sondages, à moins d’un an et demi du prochain scrutin, que de changer de sujet en s’en prenant aux chiens – et par là même, à ses opposants», souffle un sociologue qui préfère taire son nom. En fait, rappelle-t-il, cette bataille politico-canine couvait depuis l’automne.
Dès le mois d’octobre dernier, plus précisément, la popularité croissante d’un adorable chien de rue d’Istanbul, connu sous le nom de Boji, commença à susciter l’ire du clan présidentiel. Pelage beige et regard câlin, l’animal – issu d’un croisement entre un berger et un kangal – parcourt la ville à longueur de journée, sautant dans un tramway, empruntant un bus, se faufilant dans le métro. Des photos partagées sur Instagram le montrent également à bord d’un des nombreux «vapur», ces bateaux qui font la navette entre les rives européenne et asiatique. Repéré par Ekrem Imamoglu, le maire d’Istanbul et rival politique d’Erdogan, le chien voyageur devient vite la nouvelle mascotte de la ville.
Quand on voit ce que les erdoganistes sont prêts à faire contre un chien innocent, imaginez ce qu’ils sont capables de faire contre des humains
Un internaute sur Twitter
La municipalité lui ouvre un compte Twitter en son nom, aujourd’hui suivi par plus de 130.000 abonnés, et décide de l’équiper d’une puce GPS pour suivre ses déplacements. Ce pistage en temps réel permet d’évaluer à une trentaine de kilomètres ses balades quotidiennes et de comptabiliser une moyenne de 29 arrêts de transport empruntés par jour. Mieux, Boji s’avère être d’une exceptionnelle civilité. «Il respecte toutes les règles des transports, il attend son tour pour monter, laisse sortir les passagers qui descendent et s’installe tranquillement à l’intérieur, même s’il lui arrive de courir derrière le métro lorsqu’il le rate», s’amuse un média local.
L’histoire était trop belle pour durer. Au mois de novembre, des photos compromettantes de l’animal se mettent à circuler sur l’internet. L’animal aurait déféqué sur un fauteuil de tramway! Aussitôt, l’image du présumé besoin est relayée par une multitude de comptes progouvernementaux. Sauf qu’il s’agissait d’un coup monté des pro-Erdogan pour discréditer le maire d’Istanbul: après enquête, les images des caméras de vidéosurveillances ont vite permis d’identifier la présence d’un inconnu déposant sciemment la crotte sur le siège. Considérant Boji en danger, ses protecteurs ont, depuis, décidé de l’expédier à Izmir, où il vit une discrète retraite chez un particulier.
Grossière désinformation
«Quand on voit ce que les erdoganistes sont prêts à faire contre un chien innocent, imaginez ce qu’ils sont capables de faire contre des humains», twitte un internaute. À ce jour, aucune excuse n’a été présentée par les propagateurs de cette «fake news» et les différents comptes Twitter ayant contribué à cette grossière désinformation n’ont pas été interpellés. Au contraire.
Le récent discours d’Erdogan ne leur donne que plus de crédit en ce début d’année 2022. D’autant plus que le ministère de l’Environnement vient de sommer les 81 municipalités du pays de se débarrasser de tous les chiens errants en les envoyant dans des chenils. «On veut nous intimider. Mais pas question de céder!», s’emporte Ahmet, un gardien d’immeuble du quartier Beyoglu d’Istanbul, et «parrain» d’une dizaine d’animaux de rue qu’il soigne et nourrit au quotidien. Les mordus de chiens comme lui n’ont pas dit leur dernier mot.
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