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Médiapart, le 24/01/2021
par Nicolas Cheviron
Dans une Turquie désertée par les investissements étrangers, le président a accueilli comme un messie, fin novembre, son allié stratégique, l’émir du Qatar, et ses pétrodollars. Mais derrière les effusions médiatiques, les engagements qataris sont bien en deçà des promesses
Istanbul (Turquie).– Le Qatar est le meilleur ami de la Turquie, son soutien indéfectible en temps de crise, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, veut que cela se sache. Fin novembre, le reis a accueilli en grande pompe l’émir régnant sur la presqu’île pétrolifère, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, dans son palais présidentiel d’Ankara.
Point d’orgue de cette visite, les deux hommes ont parrainé, devant les caméras de tout ce que la Turquie compte de chaînes de télévision progouvernementales, la signature de dix accords entre leurs deux pays, dont quatre à vocation commerciale, pour un montant total évalué à 300 millions de dollars.
Ont ainsi été vendus à l’Autorité des investissements du Qatar (QIA) et à des investisseurs privés qataris 10 % des parts de la société gérant la Bourse d’Istanbul, des participations dans le centre commercial de luxe Istinye Park, le port de commerce d’Antalya, auxquels s’ajoute la promesse d’engagements qataris dans le projet de construction d’une marina au cœur d’Istanbul, Haliçport.
De quoi permettre au chef de l’État turc de commenter sur son compte Twitter : « Notre solidarité va continuer avec le peuple frère du Qatar, avec qui nous avons des liens profondément enracinés d’affection, dans tous les domaines. »
Ces liens fraternels avec la pétromonarchie, si chers au cœur d’Erdogan, sont en fait de facture récente, puisqu’ils remontent au déclenchement des Printemps arabes, en 2011. Dans cet ébranlement des régimes proche-orientaux, Ankara et Doha ont vu une occasion de faire progresser leurs intérêts respectifs en soutenant une des forces motrices de la contestation, les Frères musulmans.
De la Syrie à la Tunisie, en passant par la Libye et surtout l’Égypte, les deux capitales ont multiplié les aides diplomatiques et économiques à l’organisation islamiste et aux premiers gouvernements issus des révolutions arabes, au grand dam de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis (EAU), ressentant la montée en puissance des Frères musulmans comme une menace.
Le renversement au Caire, en juillet 2013, du frériste Mohamed Morsi par le général Abdel Fattah al-Sissi, avec la bénédiction de Riyad et d’Abou Dabi, a entériné la constitution de deux axes hostiles et jeté la Turquie et le Qatar dans les bras l’un de l’autre. Un an plus tard, les deux pays concluaient un accord de sécurité stratégique permettant à Ankara de déployer une base militaire sur le territoire qatari.
Quand Erdogan a été inquiété par une tentative manquée de putsch, le 15 juillet 2016, le cheikh Al-Thani a été le premier à lui exprimer sa solidarité. Quand, fin 2017, l’Arabie saoudite, seul accès terrestre du petit émirat, lui a fermé ses frontières, ses eaux territoriales et son espace aérien, le reis turc est venu en aide à son allié avec ses cargos et avions chargés de produits frais et de médicaments.
Cette relation privilégiée a aussi son volet économique. À l’été 2018, alors que la Turquie traversait une grave crise monétaire, le Qatar s’est engagé à investir 15 milliards de dollars chez son partenaire. Les deux banques centrales ont également signé un accord permettant des échanges de devises (swap) à hauteur de 5 milliards de dollars, pour permettre à Ankara de lutter contre la dépréciation rapide de sa monnaie. En mai 2020, le Qatar a multiplié par trois cette limite, désormais à 15 milliards, pour venir en aide à une Banque centrale turque exsangue de devises.
À l’orée de 2021, l’émir du Qatar semble avoir tenu promesse, puisque les dernières statistiques turques sur les investissements directs étrangers (IDE) réalisés en Turquie annoncent un faramineux montant de 21,9 milliards de dollars pour la monarchie du Golfe en 2019, la plaçant au deuxième rang mondial, derrière les Pays-Bas (33 milliards de dollars).
Soulignant l’incroyable bond des IDE qataris, qui n’atteignaient encore, en 2018, que 6,3 milliards de dollars, l’économiste Mustafa Sönmez dénonce cependant un résultat en trompe-l’œil. « En fait, ce chiffre élevé est atteint uniquement parce que QNB Finansbank a massivement relevé en 2019 son niveau de capitalisation », explique-t-il à Mediapart. Une décision de la banque turque, rachetée en 2016 par la Qatar National Bank, que l’analyste n’arrive pas à comprendre, mais qui ne crée pas d’emplois ni d’activité économique en Turquie.
Alors qu’à peine 1 % de ses actions sont échangées sur les marchés, « la capitalisation de QNB Finansbank a soudain dépassé 40 milliards de dollars, soit 10 milliards de plus que la valeur combinée des six plus gros prêteurs privés de Turquie, et 20 % de la valeur totale de la Bourse d’Istanbul », poursuit Mustafa Sönmez. « Je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça, peut-être ont-ils cherché à montrer une valeur de la banque supérieure à ce qu’elle était. Mais de tels pics sont jugés malsains par les observateurs des marchés. »
Quand on ne tient pas compte de cette hausse de capital, ni du fruit de la vente de Finansbank – 2,9 milliards de dollars partis en Grèce puisque son propriétaire était la National Bank of Greece (NBG) –, le niveau des IDE qataris en Turquie au cours des 18 dernières années retombe à 2,7 milliards de dollars, soit moitié moins que ceux des EAU, pourtant jugés hostiles, fait remarquer l’économiste Yalçin Karatepe sur la chaîne internet d’information Medyascope.
« Alors, si les montants sont si faibles, pourquoi en parle-t-on autant ?, s’interroge-t-il. Le rachat de la banque garanti par des Espagnols a atteint un montant quatre fois supérieur à l’ensemble des IDE qataris, mais je ne me rappelle pas qu’une cérémonie ait été organisée à cette occasion. »
« Les investissements étrangers n’ont aucune intention de venir en Turquie »
Les investissements qataris n’ont pas non plus un caractère stratégique qui justifierait un tel engouement. Si ce n’est pour la nébuleuse des hommes d’affaires proches du président turc. La direction a été donnée dès 2007, quand le groupe qatari Lusail Holding a participé au financement du rachat du journal Sabah et de la chaîne de télé ATV par le groupe turc Calik, dont le directeur général était alors le propre gendre d’Erdogan, Berat Albayrak. Ces deux médias à grand public allaient devenir les fers de lance de la presse progouvernementale.
Les Qataris étaient encore là en 2014 pour soutenir un autre aficionado du reis, Ethem Sancak, en lui rachetant 49,9 % des parts de l’entreprise de construction automobile BMC, qu’il venait lui-même d’acquérir et qui est devenue depuis un des principaux fournisseurs de véhicules blindés de l’armée turque. Le même Ethem Sancak qui devait déclarer avec emphase en mai 2015, au sujet de chef de l’État turc : « Après l’avoir rencontré, j’ai compris qu’un tel amour divin pouvait exister entre deux hommes. » Un amour qu’il a également maintes fois exprimé en prenant la tête de plusieurs médias dont il a redéfini la ligne éditoriale.
BMC, qui a remporté l’appel d’offres pour la production en série du char d’assaut Altay, pourtant développé par une firme concurrente, a été au cœur d’une vive polémique lorsque le président turc a décidé, en novembre 2019, de lui confier gratuitement l’exploitation pour 25 ans d’une usine d’État fabriquant des chenilles, des pièces détachées pour blindés et des obus.
Le projet semblait cependant marquer le pas. « Erdogan avait une intention, mais aucun accord entre BMC et l’État turc n’a suivi. Les syndicats de l’usine me disent qu’aucun cadre de BMC n’est venu sur place, constate Mustafa Sönmez. Il est fort possible que BMC ne soit pas capable de produire le char d’assaut qu’ils avaient en projet, notamment parce qu’ils ne parviennent pas à faire venir de l’étranger les pièces qu’ils avaient prévu d’importer. »
Le dernier coup de pouce du Qatar à un homme du président remonte à novembre dernier, puisque le promoteur de la marina Haliçport, un projet à 1,35 milliard de dollars, est Fettah Tamince, propriétaire de la chaîne d’hôtels de luxe Rixos, qui a lui aussi contribué à l’édification d’une presse aux ordres en rachetant en 2014 des parts dans le journal Star à … Ethem Sancak.
Mais en dehors de ce cercle restreint, les investissements qataris ne pèsent guère sur l’économie turque et les ronflantes signatures d’accords bilatéraux relèvent surtout de l’effet d’annonce. « On est dans l’imaginaire. Erdogan veut faire passer dans les médias l’image que les investisseurs étrangers ont un intérêt pour la Turquie et il donne le Qatar en exemple », commente Mustafa Sönmez.
« En fait, les investissements étrangers n’ont aucune intention de venir en Turquie », poursuit l’économiste, qui indique que la fuite des capitaux étrangers, déjà très nette en 2018 (– 2,2 milliards de dollars) et en 2019 (– 3,3 milliards), s’est aggravée en 2020 (– 9,6 milliards de dollars), malgré le limogeage du controversé gendre présidentiel et ministre des finances Berat Albayrak et le relèvement des taux d’intérêts par la Banque centrale turque.
Cette désaffection des investisseurs, que le chef de l’État s’efforce de masquer à coups de « contrats qataris », risque de sérieusement compliquer la tâche de la Turquie au moment de lutter contre les conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19, alors que les réserves de devises du pays sont au plus bas (91,8 milliards de dollars au 18 décembre).
La Turquie a connu une chute de 9,9 % de son PIB au second trimestre 2020, faiblement compensée par un rebond de 6,7 % au troisième. Son inflation a atteint 14,6 % en 2020, bien au-delà des prévisions de sa banque centrale, à 12,1 %. Particulièrement sensibles pour la population, les prix des produits alimentaires et boissons non alcoolisées ont progressé de 20,6 % au cours de l’année, et ceux des transports de 21,1 %. Le taux de chômage atteignait, en octobre, 14,5 %, hors agriculture.
La conjoncture internationale ne devrait pas encourager l’allié qatari à davantage de prodigalité à l’égard de son allié. L’élection de Joe Biden à la présidence américaine a, en effet, profondément modifié la donne proche-orientale, encourageant les adversaires d’hier à mettre de côté leurs différends – les pays du Golfe ont signé, le 5 janvier, un accord rétablissant entièrement leurs relations avec le Qatar – et faisant passer au second plan l’axe Ankara-Doha.
Vaincus dans la plupart des pays de la région, « les Frères musulmans ne sont plus un problème pour l’Arabie saoudite et les EAU », commente Birol Baskan, auteur du livre Turkey and Qatar in the Tangled Geopolitics of the Middle East. « Pour eux, le problème, désormais, c’est la politique plus mesurée que vont adopter les États-Unis de Biden à l’égard de l’Iran. Dès lors, faire disparaître la question du Qatar semble rationnel. »
Des appels du pied réciproques ont également eu lieu entre la Turquie et les monarchies du Golfe. « Avoir l’Arabie saoudite, les EAU et Israël qui font du lobbying contre la Turquie en même temps à Washington est la dernière chose que peut souhaiter Ankara à ce moment précis, dans sa relation avec Biden, poursuit le politologue interrogé par Mediapart. La chose la plus intelligente à faire, à ce stade, c’est de laisser les plaies du Printemps arabe se cicatriser. »
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