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Le Figaro, le 29/01/2021
Eugénie Bastié
Débats
L’ex-rédactrice en chef du Nouvel Obs publie Un voile sur le monde, une enquête internationale passionnante sur la diffusion du voile dans plusieurs pays. De Molenbeek à La Mecque en passant par Londres et Téhéran, elle offre la radiographie d’un objet popularisé par la révolution iranienne, qui ne cesse de progresser depuis en Occident, aidé désormais par la pensée décoloniale.
LE FIGARO.- Faut-il vraiment considérer le voile comme un objet politique ? N’est-ce pas plutôt une mode, ou le résultat d’un choix individuel ?
Chantal de RUDDER.- Vous n’évoquez pas dans votre question l’observance religieuse comme justification du port du voile. J’y vois un progrès : la grande réussite des islamistes est d’avoir fait croire que le voile constituait une prescription coranique. Le port du voile est en fait une très ancienne coutume patriarcale largement partagée dans une zone qui va du bassin méditerranéen jusqu’aux confins de la Chine. Ma grand-mère juive tunisienne était voilée. Son voile, comme celui de ses compatriotes musulmanes, était couleur crème et n’avait rien à voir avec ces voiles noirs contemporains qu’on trouve désormais du 9-3 à l’Iran, sur la planète entière. Cet uniforme est relativement nouveau. Il appartient à la modernité de l’islam. Le tchador est le produit dérivé phare de l’islamisme. Il lui confère une visibilité quasi publicitaire.
Quand j’étais enfant, dans les années 1950, j’ai vu Bourguiba dévoiler les femmes, leur retirer devant les caméras ce qu’il appelait lui-même « un épouvantable chiffon » . Jusqu’à la toute fin des années 1970, le voile avait quasiment disparu des pays musulmans, que ce soit par une abolition autoritaire comme en Iran avec les Pahlavi, en Turquie avec Atatürk, en Bosnie yougoslave avec Tito, ou sous le coup de réformes libérant les femmes comme en Tunisie. Pour la plupart de ces dirigeants, le voile était le totem d’arriération d’une faiblesse qui avait permis la colonisation ou la domination occidentale.
Quel rôle a eu la révolution iranienne dans la diffusion mondiale du voile comme symbole ?
Le retour du voile était une obsession de l’ayatollah Khomeyni qui le fit entrer dans la loi, utilisant – pour la première fois – l’état de droit moderne pour en imposer le port. La révolution iranienne de 1979 a eu un rôle immense dans la diffusion mondialisée du voile, entre autres parce qu’elle avait triomphé de la puissance américaine, lavant ainsi l’umma- la communauté des croyants – de l’humiliation de la domination occidentale. La République islamique a fait du voile une affirmation identitaire décomplexée, une mode de winners , un objet d’avant-garde révolutionnaire, un symbole de la fierté retrouvée des musulmans. Aujourd’hui, beaucoup de celles que les Iraniens appellent ironiquement « les filles de la révolution » , les filles nées après 1979, rejettent l’obligation qui leur est faite et le prouvent par des actes courageux. La répression qu’elles subissent est absurde. Le non-port du voile est considéré comme un acte de haute trahison, puni d’une peine allant jusqu’à 33 ans de prison !
Quel rôle jouent les Frères musulmans dans l’expansion du voile ?
La confrérie est née dans les années 1920, en Égypte, en réaction à la colonisation. Les Frères musulmans sont les premiers à théoriser l’islam politique et une révolution islamique mondiale. Les premiers encore – bien avant Khomeyni qu’ils ont fortement influencé – à avoir réfléchi à une stratégie de prosélytisme par le voile, une révolution de tissu. Que réclament-ils à Nasser, qui vient de destituer le roi Farouk, en 1953, en préalable à un accord de gouvernement ? D’imposer à chaque femme qui sort dans la rue le port du voile ! Nasser en a des larmes d’hilarité aux yeux tant la demande lui semble ringarde. Dans les années 1960, la robe islamique et le voilement d’un style nouveau que les Frères musulmans ont mis au point se limite à un phénomène de campus. Il est déjà un objet identitaire et politique qui exprime la différence avec l’islam de papa, la preuve que l’islam politique de la confrérie veut remplacer une foi anesthésiée par des siècles d’errements. Au même moment, à Londres, Marie Quant invente la minijupe. Deux civilisations s’éloignent drastiquement l’une de l’autre.
La France est beaucoup critiquée pour ses choix drastiques d’interdiction du voile à l’école et de la burqa. Notre pays est-il si isolé en Europe ?
En 1989 éclatent l’affaire des jeunes filles voilées de Creil ainsi que la fatwa lancée par Khomeyni contre Rushdie : voile et blasphème, couple infernal qui ne cesse de piéger l’Occident depuis… En 2004, quand la commission Stasi tranche en faveur de l’interdiction des signes religieux à l’école, elle ne le fait pas à la légère. Après avoir travaillé sur le terrain, ses membres comprennent qu’ils ont affaire à une stratégie délibérée des Frères musulmans contre l’école républicaine. Certes, la Belgique et le Danemark ont eux aussi interdit la burqa, mais la France est le seul pays au monde à interdire le voile, et tout autre signe ostentatoire, à l’école. Ce qui en fait une cible.
Pendant ma longue enquête, j’ai été ahurie de voir à quel point la laïcité française est incomprise et calomniée. Moi, je crois que la loi commune française est seule à permettre, à tous les croyants comme à ceux qui ne croient pas, la liberté et le vivre-ensemble. Nous sommes en avance, et non en retard sur les autres. Le village de gaulois récalcitrants qui résiste malgré les chaos de notre temps.
Aux États-Unis, on a vu des militantes féministes revendiquer le port du voile, et de grandes marques de sport le promouvoir dans des clips publicitaires. Que vous inspire cette défense du voile en Occident sous l’étendard de la liberté et de la non-discrimination ?
Les grandes marques de sport ne défendent pas des causes, mais essaient de gagner des marchés. Le marché de la mode islamique, c’est 484 milliards de dollars pour 2019. La mondialisation libérale a permis l’essor de l’islamisme conquérant. « Jihad versus Mac World » , écrivait le conseiller de Bill Clinton Benjamin Barber, en 1995. Ce qui est fascinant, c’est l’utilisation perverse de nos valeurs libertaires pour défendre le voile. J’ai été et je suis militante antiraciste. Le voile comme étendard de la non-discrimination, c’est de la folie.
Vous consacrez un chapitre de votre livre passionnant à votre infiltration pendant un séminaire décolonial. Qu’en avez-vous retenu ?
J’ai suivi pendant deux semaines le séminaire « études critiques musulmanes » de la Summer School de Grenade, et je n’étais pas déçue du voyage ! La ville n’est pas choisie au hasard : pour les décoloniaux, la « conquête » (ils ne disent pas reconquête) de Grenade en 1492, année de la « conquête » (ils ne disent pas découverte) de l’Amérique par Christophe Colomb est la date fondatrice de l’impérialisme colonial occidental. Elle justifie une alliance aussi surprenante que décisive entre les universitaires décoloniaux latinos et les penseurs musulmans. Pour les décoloniaux, l’islam est moins une religion qu’un contre-universalisme pratiqué par un quart de la population mondiale. Ce qui devrait permettre bientôt « le tournant décolonial de l’humanité » . Le port du voile n’est ni devoir culturel ni obligation religieuse, mais obligation morale pour affirmer sa visibilité anti-occidentale. « Symbole de résistance à l’impérialisme » pour ses adeptes, le voile décolonial est celui d’une rancune qui refuse de s’apaiser.
* « Un voile sur le monde » , Chantal de Rudder (Éditions de l’Observatoire, 304 p., 21 euros).
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