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Le Point, le 11/11/2020
Par Armin Arefi
RENCONTRE. Ce contre-amiral, qui a passé trois ans dans les geôles turques, a fondé la doctrine de la « Patrie bleue » sur laquelle s’appuie le « Reis ».
Derrière les manÅ“uvres de la marine turque en Méditerranée orientale se cache un homme. Et ce n’est forcément celui que l’on croit. Depuis deux ans, c’est au nom de « Mavi Vatan » (« Patrie bleue ») que Recep Tayyip Erdogan justifie les interventions répétées de la marine turque dans les eaux territoriales grecques et chypriotes, au grand dam de l’Europe. Or, ce concept qui prévoit l’élargissement de la souveraineté maritime turque en mer Noire et en mer Méditerranée n’est pas lié au président turc ni même à son entourage. Il a été théorisé en 2006 par un contre-amiral turc, qui a passé trois années en prison de 2011 à 2014 alors qu’Erdogan était déjà au pouvoir.
Âgé aujourd’hui de 62 ans, Cem Gürdeniz est un militaire à la retraite et en liberté. Cerveau de la doctrine de la « Patrie bleue », il tient à prendre ses distances avec l’utilisation qui en est faite par Recep Tayyip Erdogan. « Je ne suis pas lié de près ou de loin au gouvernement turc et ce n’est pas de ma faute si celui-ci utilise mon concept », souligne-t-il dans une interview au Point, réalisée à distance via l’application Zoom. « Mavi Vatan vise à atteindre, sécuriser et développer les droits et les intérêts de la Turquie en Méditerranée. C’est une question qui dépasse les considérations gouvernementales et partisanes en Turquie. »
Droit de la mer
En passionné de géopolitique, Cem Gürdeniz utilise des cartes pour illustrer le moindre de ses propos. « Nous n’avons pas de problème en mer Noire où nous avons déjà délimité nos zones maritimes avec la Russie », explique cet ancien chef de la planification des forces navales turques. « En revanche, nous nous retrouvons bloqués et même étranglés en mer Méditerranée où nous n’avons aucune liberté d’espace. » Le contre-amiral présente une carte basée sur une étude de l’université de Séville en 2000 censée définir les délimitations maritimes en Méditerranée orientale selon le droit de la mer. La part réservée à la Turquie y est minime par rapport à la Grèce, Chypre ou l’Italie. « Vous rendez-vous compte ? La Turquie, qui possède 83 millions d’habitants et plus de 1 600 kilomètres de côtes ne se voit accorder qu’un plateau continental minime alors qu’il s’agit de notre territoire, sous l’eau ! Ceci est inacceptable », s’emporte Cem Gürdeniz. « Nous ne voulons agresser personne, mais simplement défendre notre plateau continental et empêcher l’exécution de cette carte de Séville. »
La convention du droit de la mer de 1982 confère à chaque État des eaux territoriales allant jusqu’à 12 milles marins (22,2 km) de ses côtes. Par ailleurs, chaque pays dispose également d’une Zone économique exclusive (ZEE), dans la limite de 200 milles (370 km) de ses côtes, dans laquelle il est propriétaire des ressources naturelles qui y sont découvertes. La ZEE peut même s’entendre jusqu’à 350 milles (650 kilomètres) si un État peut prouver que son plateau continental – le prolongement du continent sous l’océan – dépasse les 200 milles. Or, la Turquie n’ayant pas signé la convention de 1982, elle refuse la délimitation de ses eaux avec Chypre et la Grèce telle que définie par le droit de la mer. Prenant en compte les îles grecques dans le calcul des ZEE, dont certaines ne se trouvent qu’à quelques kilomètres des côtes turques, la convention de 1982 réduit en effet la part d’Ankara à la portion congrue.
« On ne peut pas réécrire l’histoire. Les troupes grecques ont quitté la Turquie en 1922 et ont récupéré en échange l’ensemble des îles de la mer Égée », rappelle l’historien Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES). « Cette mer est donc restée un lac grec et par extension européen, ce qui a été inscrit dans le traité de Lausanne en 1923, que la Turquie tente de remettre en cause aujourd’hui. » Au contraire, le théoricien de la « Patrie bleue » explique que « l’application du droit de la mer dépend de l’accord des deux parties et ne peut aller à l’encontre des intérêts d’un pays ». En cas de contentieux entre deux pays, le droit international invite les différentes parties à s’entendre sur des accords bilatéraux.
Tentative de coup d’État
Depuis 1936, Athènes et Ankara sont tombés d’accord sur une délimitation de 6 milles marins pour leurs eaux territoriales, ce qui permet à la Turquie de continuer à naviguer en mer Égée. En revanche, les deux pays ne sont toujours pas en adéquation sur leur Zone économique exclusive respective. « Dans les années 2000, l’AKP (le Parti de la justice et du développement d’Erdogan, NDLR) a négligé ces objectifs géopolitiques, car ils étaient obnubilés par l’intégration de la Turquie au sein de l’Union européenne », explique Cem Gürdeniz. La décennie suivante signe la fin des espoirs turcs d’une adhésion à l’UE. Recep Tayyip Erdogan accroît alors la répression à l’intérieur du pays.
Cem Gürdeniz est arrêté en 2011 en compagnie de centaines de haut gradés de l’armée turque. Ils sont accusés d’avoir fomenté une tentative de coup d’État militaire en 2003, obsession du « Reis » (président) turc. « C’est l’organisation de Fettulah Gülen (ex-allié islamiste du président turc devenu son principal ennemi, NDLR), qui disposait de nombreux soutiens au sein de l’administration judiciaire, qui a monté de faux dossiers contre les amiraux et les officiers pro-kémalistes », assure aujourd’hui le contre-amiral, qui ne cache pas sa sympathie pour Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de l’État turc moderne. « Dans cette purge, les gülénistes ont bénéficié du soutien total de l’AKP d’Erdogan. »
Le militaire sera finalement libéré en 2014, et acquitté l’année suivante, après trois années passées derrière les barreaux. Or, en 2016, Recep Tayyip Erdogan subit cette fois un véritable putsch, fomenté selon lui par son ancien allié Fettulah Gülen, auquel il échappe miraculeusement. « Erdogan et les membres de l’AKP ont vraiment cru qu’ils allaient perdre l’indépendance de la Turquie et se sont enfin intéressés aux questions géopolitiques pour protéger la République », analyse l’ancien haut gradé. Débarrassé de la pression occidentale, le maître d’Ankara se sent alors libre de pousser son avantage à l’extérieur de ses frontières.
Ressources énergétiques
En Méditerranée orientale, d’importants gisements de gaz sont découverts au large de Chypre, d’Israël et de l’Égypte. L’espoir d’un eldorado gazier aiguise l’appétit des voisins méditerranéens. Les compagnies pétrolières étrangères entament leurs travaux exploratoires et des alliances diplomatiques sont même nouées. En janvier 2019, un Forum du gaz de la Méditerranée orientale voit même le jour entre l’Italie, la Grèce, Chypre, Israël, la Jordanie, l’Autorité palestinienne et l’Égypte. Mais la Turquie n’en fait pas partie. Privée de fait de cette course au trésor par sa minuscule ZEE, Ankara s’engage sur la voie de la tension pour avancer ses pions. Ne reconnaissant pas le droit de Chypre et des îles grecques à disposer d’une Zone économique exclusive, la Turquie déploie dans leurs eaux ses propres navires d’exploration gazière, et n’hésite pas à envoyer ses navires de guerre au contact des compagnies étrangères sur place.
Pour justifier ses agissements, Ankara prétexte l’absence d’accord de délimitation de ses zones maritimes avec Athènes et Nicosie, et avance également la défense des droits de la communauté turque de Chypre. En novembre 2019, la Turquie va jusqu’à signer avec le gouvernement libyen de Tripoli, le seul reconnu par la communauté internationale, un document portant sur l’exploitation commune de la ZEE avec la Libye. Une manÅ“uvre d’autant plus étonnante qu’elle s’appuie cette fois sur la convention du droit de la mer qu’Ankara n’a pas signée.
Navires de guerre
La stratégie turque du chaos désarçonne Nicosie comme Athènes, et illustre l’impuissance de l’Union européenne malgré les violations de sa souveraineté. Si la France se porte au chevet de la Grèce, et accroît sa coopération militaire avec l’armée grecque (avec notamment la vente de 18 avions de chasse Rafale, NDLR), elle ne parvient pas pour autant à obtenir de sanctions européennes contre la Turquie, notamment en raison du refus allemand de se mettre Erdogan à dos. Les négociations entre Ankara et Athènes sont toujours dans l’impasse et leurs positions paraissent inconciliables, alors que la Turquie a renvoyé le mois dernier son navire de recherche sismique Oruç Reis, escorté par des navires de guerre, au large de la Grèce.
Cem Gürderiz tend une autre carte, illustrant cette fois sa doctrine de la « Patrie bleue » : elle propose un partage de la mer Égée en deux zones économiques exclusives égales, dont la limite se trouverait à équidistance de la Grèce et de la Turquie, une perspective jugée inacceptable par Athènes. Mais à entendre l’ancien contre-amiral, la question du gaz ne serait qu’un prétexte pour aborder une question géopolitique beaucoup plus large : la place de la Turquie en Méditerranée orientale. « Il ne s’agit pas d’une question d’hégémonie ni de néo-ottomanisme », insiste Cem Gürderiz, qui assure ne jamais avoir été approché par Ankara. « La Turquie est en train d’être exclue de la mer Méditerranée par la Grèce, avec l’aide des pays occidentaux, et aucun gouvernement turc quel qu’il soit ne pourra l’accepter. »
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