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Slate.fr, le 03/11/2020
Joshua Keating — Traduit par Yann Champion
En cherchant à s’imposer, le président turc est en train de se faire de nombreux ennemis.
Combien de batailles la Turquie peut-elle mener à la fois? Il y a un an, en octobre 2019, elle lançait une incursion militaire dans le nord de la Syrie (avec la bénédiction du président américain Donald Trump) pour repousser les forces rebelles kurdes de sa frontière sud. Au début de ce mois, le Parlement turc a voté le renouvellement du mandat de la mission pour une année supplémentaire.
La Turquie est aussi intervenue en Libye en envoyant des équipements militaires, des fonds et des mercenaires syriens afin de soutenir le gouvernement internationalement reconnu dans la guerre civile agitant le pays. La Turquie a également envoyé des combattants syriens pour soutenir l’Azerbaïdjan –pays à majorité turque– dans son conflit avec l’Arménie autour de la région contestée du Haut-Karabakh.
En plus de tout cela, la Turquie est en conflit avec un autre de ses rivaux de toujours, la Grèce, au sujet des ressources potentielles de gaz en mer Méditerranée. Elle a, à ce propos, déployé des navires de guerre pour accompagner une mission de reconnaissance dans des eaux revendiquées par la Grèce.
Mais cela ne s’arrête pas là. Les relations de la Turquie avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU), alliés du royaume saoudien, sont très tendues depuis le Printemps arabe, durant lequel les pays ont pris parti pour des camps opposés de la révolution égyptienne. Cela n’a, bien entendu, fait qu’empirer avec l’assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul (et l’utilisation ultérieure de cet assassinat par le gouvernement turc pour infliger aux Saoudiens un maximum de torts en matière de diplomatie et de relations publiques).
Récemment, aussi, un nombre croissant d’entreprises saoudiennes se sont engagées à boycotter les produits turcs. De son côté, la Turquie a menacé de suspendre ses liens diplomatiques avec les EAU en raison de la décision par ces derniers de reconnaître Israël, ce qui peut sembler pour le moins étrange: le gouvernement turc, en dépit de ses critiques virulentes et fréquentes à l’égard d’Israël, entretient lui-même des relations diplomatiques avec l’État hébreu depuis des décennies.
Un haut responsable saoudien a dernièrement déclaré au Financial Times que les tensions des émirats avec la Turquie commencent à être comparables avec celles qui les opposent à l’Iran. «Si l’on regarde la carte des menaces dans la région, on voit que la Turquie est devenue très importante –ils sont partout», a-t-il souligné.
La politique étrangère turque n’a pas toujours été ainsi
L’aventurisme de la Turquie à l’étranger a sans aucun doute accru l’importance du pays sur la scène internationale tout en permettant à son président, Recep Tayyip Erdoğan, de renforcer son pouvoir à l’intérieur; mais il est moins évident qu’il puisse s’agir d’une position tenable sur le long terme.
Les relations de la Turquie avec ses alliés de l’OTAN sont aussi très loin d’être au beau fixe. Même si Donald Trump semble beaucoup aimer Erdoğan, le Pentagone est moins enthousiaste et il a, la semaine dernière, menacé la Turquie de sanctions en réponse à l’achat et au test par cette dernière d’un système de défense aérienne de fabrication russe. La France est apparue comme le principal détracteur occidental de la Turquie, et ce sur plusieurs fronts.
Les deux pays ont frôlé un affrontement naval en Méditerranée en juin et après un discours d’Emmanuel Macron visant à défendre la laïcité contre l’islam radical, Erdoğan a mis en doute la «santé mentale» du président français, ce qui a poussé Paris à rappeler son ambassadeur en Turquie.
La Turquie semble être passée d’une politique de combat contre personne à une politique de combat contre tout le monde.
La politique étrangère turque n’a pas toujours été ainsi. Il y a dix ans à peine, Ahmet Davutoğlu, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères turc, défendait une idée qu’il appelait «zéro problème avec les voisins», politique visant à gagner en influence au moyen d’un engagement diplomatique maximum dans la région –y compris avec des ennemis historiques comme l’Arménie et la Grèce.
Cette politique «zéro problème» semblait porter ses fruits en 2011, lorsque des révolutions éclatèrent à travers tout le Moyen-Orient, amenant au pouvoir des gouvernements islamistes qui étaient des alliés naturels du Parti de la justice et du développement (AKP) de Davutoğlu et Erdoğan. Les membres de l’AKP étaient aussi vus à Washington comme le type d’islamistes qui font de bons partenaires commerciaux pour l’Occident. Il était connu qu’Erdoğan avait de bonnes relations avec Barack Obama et Davutoğlu était célébré dans les médias américains pour son sens de la diplomatie.
Dix ans plus tard, la Turquie semble avoir renoncé à cette approche. Pour dire les choses crûment, elle semble être passée d’une politique de combat contre personne à une politique de combat contre tout le monde, au point de devoir effectivement déployer une force militaire.
Une sorte de «Make Turkey Great Again»
L’analyse de quelques développements clés permet de mieux comprendre comment la Turquie s’est tournée vers cette approche plus agressive. L’un d’eux a été le Printemps arabe, durant lequel la Turquie s’est beaucoup investie pour soutenir les partis islamistes démocratiques… sans grand succès.
En Syrie, l’objectif de renverser le président Bachar el-Assad s’est avéré beaucoup plus difficile qu’initialement prévu et la guerre civile qui en a résulté a fait que la Turquie héberge désormais plus de réfugié·es syrien·nes que tout autre pays au monde. Erdoğan a depuis plus ou moins abandonné l’idée d’un changement de régime en Syrie et il préfère mettre désormais en avant la sécurité des frontières et la lutte contre les Kurdes. Depuis le Printemps arabe, la politique étrangère turque semble être avant tout guidée par une conception tout aussi ambitieuse, mais moins idéaliste des intérêts sécuritaires du pays.
«Les Turcs considèrent que le monde extérieur met en danger les intérêts fondamentaux de la Turquie. Ils se voient comme assiégés par des agents étrangers et concluent donc que la Turquie a besoin d’un régime et d’un leader forts, explique Sinan Ülgen, président du centre d’études économiques et de politique étrangère à Istanbul. C’est un peu une sorte de “Make Turkey Great Again”. La Turquie devient un acteur majeur sur le plan régional, voire international. Cela a eu beaucoup d’effet sur l’imaginaire de l’électorat turc.»
Un autre événement clé s’est produit en 2015, avec le revers électoral inattendu de l’AKP, qui le vit perdre sa majorité au profit du Parti démocratique du peuple (HDP), pro-kurde. Erdoğan décida d’interrompre les pourparlers de paix qui étaient en cours avec les séparatistes kurdes, ce que beaucoup considérèrent comme une tentative de saper le soutien au HDP. Ces résultats électoraux poussèrent également le parti au pouvoir à s’allier à un parti nationaliste d’extrême droite. Cette alliance est au moins partiellement responsable du virage d’Erdoğan vers une politique extérieure plus militarisée et des heurts avec les gouvernements occidentaux.
Puis est venue la tentative de coup d’État de 2016, qu’Erdoğan a attribuée aux partisans du penseur musulman exilé aux États-Unis Fethullah Gülen. Cela lui a servi de prétexte pour réprimer toute opposition au niveau national et jeter l’opprobre sur ceux qu’il considère comme des adversaires étrangers, notamment les États-Unis. Cette semaine encore, un tribunal a condamné à une peine de prison un employé turc du consulat américain au motif qu’il aurait participé au coup d’État. Cela permet à Erdoğan de renforcer l’image d’une menace extérieure pesant sur son pays, utile pour renforcer davantage son pouvoir.
Gönül Tol, directrice du programme Turquie au Middle East Institute, est sceptique quant à la pérennité du nouveau militarisme d’Erdoğan. «Entre le déclin économique et l’épidémie de Covid, le peuple turc est confronté à tellement de vrais problèmes aujourd’hui que je pense qu’il va être de moins en moins efficace pour Erdoğan d’utiliser la politique étrangère pour renforcer sa popularité et mobiliser sa base», affirme-t-elle.
Des superpuissances naissantes, mais sans moyens
La position du gouvernement turc, qui doit faire face à un déclin économique tout en voulant conserver l’image d’un pays puissant à l’étranger, est similaire à celle de son rival situé de l’autre côté de la mer Noire, la Russie. Les relations russo-turques sont complexes. Dans la plupart de leurs conflits, Ankara et Moscou soutiennent des camps opposés, et cette semaine encore, les frappes aériennes russes en Syrie ont fait des dizaines de morts chez les combattants soutenus par la Turquie.
Cependant, hormis lors de quelques épisodes très inquiétants qui se sont déroulés au cours des années passées, la Turquie et la Russie sont au moins parvenues à maintenir une relation de communication, y compris durant les récents combats dans le Haut-Karabakh. Erdoğan semble aussi avoir appris quelques leçons de Vladimir Poutine lorsqu’il s’agit de faire des démonstrations de la puissance turque à l’étranger.
Les deux pays sont des superpuissances naissantes, mais sans moyens. Sans les ressources financières et militaires des États-Unis ou de la Chine, ils doivent choisir leurs combats. À l’instar de Poutine qui a utilisé l’annexion de la Crimée en 2014 pour s’assurer le soutien intérieur à un moment où l’économie s’essoufflait, Erdoğan s’est servi de l’intervention contre les rebelles kurdes en Syrie, décision qui a été très appréciée par la population turque. Tous deux ont restreint les dépenses en employant des mercenaires plutôt que les troupes de l’armée régulière: dans le cas de la Russie, l’entreprise de sécurité privée Wagner Group, et dans le cas de la Turquie, des rebelles syriens désespérés.
Erdoğan a fait de la Turquie une quasi-superpuissance sans vraiment prendre de risque sur le plan politique et sans que cela ne lui coûte trop.
Les deux nations ont des relations contradictoires avec l’administration Trump: le président américain ne cesse de se répandre en éloges sur Poutine et Erdoğan, et se targue d’avoir d’excellentes relations avec eux, alors même que son administration impose des sanctions à leurs gouvernements.
La position actuelle des États-Unis au Moyen-Orient, ou plutôt leur absence de position, pourrait être une autre raison expliquant l’aventurisme récent de la Turquie. «Erdoğan et son entourage adorent Trump, indique Tol. Mais lorsque la population turque voit toutes les absurdités qui se produisent à Washington, cela alimente les rumeurs selon lesquelles les États-Unis sont une puissance sur le déclin qui n’arrive pas à se ressaisir, et que la Turquie doit agir seule.»
Biden pourrait adopter une approche plus directe et concrète, mais comme l’avait constaté l’administration Obama, qui était souvent apparue déconcertée par la capacité que pouvait avoir la Russie d’affirmer sa puissance à l’étranger en dépit de conditions pouvant sembler désastreuses sur le plan intérieur, un renforcement des pressions exercées peut aussi se révéler infructueux. Erdoğan a fait de la Turquie une quasi-superpuissance sans vraiment prendre de risque sur le plan politique et sans que cela ne lui coûte trop. Il est donc probable qu’il poursuive un moment sur sa lancée.
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