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Le Figaro, le 03/06/2020
Par Marie Beyrière
L’épidémie, contenue sur l’île divisée, a néanmoins ravivé les tensions entre Nicosie et Ankara, au détriment des habitants.
Devant le checkpoint fermé de la rue Ledra, en pleine vieille ville de Nicosie, le 16 mars. IAKOVOS HATZISTAVROU/AFP
À Nicosie
Une vingtaine de décès, pour moins de 1000 cas: à Chypre, l’épidémie de coronavirus aura rapidement été contenue. Mais sur cette île divisée depuis près d’un demi-siècle, la crise sanitaire a engendré des bouleversements politiques, sociaux et géopolitiques.
Depuis l’invasion du nord du pays par la Turquie en 1974, en réaction à un coup d’État visant à rattacher Chypre à la Grèce, l’île est scindée en deux. Au sud vivent les «Chypriotes-grecs», dont le gouvernement est membre de l’Union européenne. La République turque de Chypre-Nord, où se sont réfugiés les chypriotes turcophones et où vivent aussi des Turcs installés depuis l’invasion, recouvre un tiers de l’île et n’est reconnue en tant qu’État que par la Turquie. Les deux parties sont séparées par une zone-tampon des Nations unies… Mais depuis 2003, les habitants et nombreux touristes de l’île méditerranéenne pouvaient se déplacer d’un côté à l’autre en présentant une pièce d’identité à des checkpoints.
Or, fin février, les autorités de la République de Chypre ont fermé quatre checkpoints… sous prétexte que les visiteurs venus de Turquie, qui n’atterrissent qu’au Nord, pourraient contaminer l’île. Pourtant, les aéroports internationaux du Sud ne furent pas aussitôt fermés: il était donc possible, dans un premier temps, de se rendre à Chypre depuis un foyer du virus comme Paris… Mais pas depuis le nord de l’île, qui ne déplorait officiellement que très peu de cas confirmés. En retour, mi-mars, les autorités chypriotes-turques fermèrent la totalité des points de passage vers le Sud. Pour la première fois depuis 17 ans, le Nord et le Sud sont à nouveau totalement isolés. Respecter la distanciation sociale, ici, signifie aussi rester de «son» côté de l’île.
Pour de nombreux Chypriotes-grecs, aller au Nord, c’est soutenir l’économie d’une zone occupée par la Turquie
Ioannis Ioannou, journaliste au quotidien Politis
«Comme toute chose, à Chypre, la crise sanitaire est très vite devenue politique, explique Ioannis Ioannou, journaliste au quotidien Politis et cofondateur du think-tank Geopolitical Cyprus. Certaines personnalités politiques pensent que la fermeture des checkpoints est un moyen de pression politique et économique efficace, car cela perturbe le commerce, le tourisme, les mouvements de personnes… Sans compter que pour de nombreux Chypriotes-grecs, aller au Nord, c’est soutenir l’économie d’une zone occupée par la Turquie.»
Début mars, des membres du parti d’extrême droite Elam se sont ainsi rassemblés devant le checkpoint fermé de la rue Ledra, en pleine vieille ville de Nicosie. «Fermez les checkpoints! Non aux immigrés et à l’islamisation! Protégeons la santé publique!» clamaient-ils au bout de cette artère historique autrement vide. «La défiance était déjà présente avant le virus, soupire Ioannis Ioannou. La crise sanitaire a ravivé cette peur et ce manque de confiance entre les deux communautés.»
Retour en arrière
Pourtant, nombreux sont les Chypriotes qui se disent ulcérés par ce retour en arrière. Dans cette même rue coupée en deux, de part et d’autre des barrières métalliques entassées contre les cahutes vides du checkpoint, d’autres manifestants ont appelé en grec et en turc à la réouverture du passage. Fait rarissime à Chypre: les protestations se sont parfois soldées par des heurts avec les forces de l’ordre…
Cette effervescence, peu caractéristique, s’inscrit pourtant dans une longue suite de négociations avortées, de tensions latentes, et de bravades pas toujours licites. C’est ainsi tout naturellement que la Turquie s’adonne à des forages d’exploration gazière et pétrolière au large de l’île, en pleine zone économique chypriote… En dépit des protestations de Nicosie et de l’UE. En pied de nez à sa rivale méditerranéenne, Ankara a même précisé qu’une partie des bénéfices de ces forages serait versée à la République turque de Chypre-Nord. En mai, Ankara aurait aussi refusé l’accès à son espace aérien à un avion affrété par Chypre, et transportant depuis la Chine 36 tonnes d’équipement médical… en pleine pandémie. Par le passé, d’autres navires et avions chypriotes s’étaient déjà vu refuser l’entrée dans les ports et l’espace aérien turcs.
De son côté, les gardes-côtes de la République de Chypre ont refoulé le 20 mars, en pleine nuit, un bateau transportant 175 migrants syriens… Avec la certitude que ceux-ci tenteraient alors d’accoster au Nord. Depuis, ils croupissent dans un camp aux conditions inhumaines. Les autorités du Nord sont, pour leur part, embarrassées par ce nouvel arrivage de demandeurs d’asile sur leur petit bout d’île sans statut officiel… ni aide internationale.
La fermeture des checkpoints marque une nouvelle étape dans la joute que se livrent Nicosie et Ankara… Car il ne s’agit pas ici de plateforme de forage ou d’espace aérien. Familles séparées, employés incapables de se rendre sur leur lieu de travail: la vie quotidienne de nombreux habitants s’est vue chamboulée, parfois de manière dramatique. «Je n’ai eu que quelques heures pour faire mes affaires et traverser à pied le checkpoint de Nicosie,» raconte Deniz Birinci, mère célibataire chypriote-turque. Sa fille de 2 ans est atteinte d’une grave maladie qui nécessite des soins réguliers… Or le seul médecin de l’île capable de la traiter se trouve au Sud.
Depuis trois mois, Deniz et la petite Olivia errent d’un logement temporaire à un autre, leurs affaires rassemblées dans des sacs poubelle. «Nous vivons comme des Gitanes, sans savoir quand nous pourrons rentrer chez nous!» se désole cette consultante en communication, assise sur le banc d’un jardin public. «Depuis le balcon d’un appartement où nous sommes restées, je pouvais apercevoir ma maison, juste de l’autre côté du checkpoint… Je voyais mon jardin, ma chambre, ma vie d’avant. Mais si j’y retourne, ma fille perdra la vue. Les politiciens nous ont pris en otages!» s’insurge la trentenaire aux traits tirés.
Île déconfinée mais toujours fermée
La crise sanitaire a aussi eu des répercussions sur la politique locale, alors qu’au Nord une élection présidentielle doit se tenir en octobre. Mustafa Akinci, candidat à sa réélection et partisan d’une réunification de l’île, a réaffirmé sa position en demandant au Sud de l’aide matérielle pour contrer l’épidémie. Son premier ministre et rival, Ersin Tatar, a aussitôt accusé le président d’importer illégalement les 4000 équipements de protection et 2000 tablettes de chloroquine: ce partisan d’un rapprochement avec la Turquie aurait préféré que l’aide provienne d’Ankara.
Aujourd’hui, le déconfinement est complet à Chypre: sur la rue Ledra, côté Sud, les passants affluent, se retrouvent en terrasse et investissent les stands de souvlaki (brochettes). Au Nord, ils sirotent du çai (thé) en fumant le narguilé. Le point de passage, lui, demeure fermé, malgré les appels répétés de l’ONU. Les autorités du Sud ont indiqué que certains points de passage pourraient rouvrir en juin… De leur côté, celles du Nord ont prévenu qu’aucun checkpoint ne sera rouvert tant qu’il ne se passera pas 15 jours consécutifs sans nouveau cas de coronavirus.
Pendant ce temps, la tension est toujours plus palpable sur l’île de l’amour, berceau supposé d’Aphrodite: lundi, une mosquée de la grande ville portuaire de Limassol a été vandalisée, bariolée de graffitis islamophobes et anti-immigration.
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