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Le Monde, le 27/02/2020
Ghazal Golshiri(Envoyée spéciale à Istanbul)
Inflation, répression du régime, manque de liberté sont autant de raisons qui poussent des jeunes de la République islamique à venir se détendre dans la Turquie voisine.
Jupes courtes, robes pailletées et décorées de plumes, tissus brillants, décolletés plongeants, nombril percé apparent, poitrines et fessiers bombés. Dans le club Masquerade à Istanbul, les Iraniennes s’autorisent toutes les extravagances interdites par la République islamique d’Iran. Elles dansent, boivent et fument. Ce soir-là , les hommes aussi sont nombreux à exhiber fièrement leur nez refait et leurs costumes noirs brillants. En cette soirée de la mi-février, quelques jours avant que la Turquie ne ferme toutes ses frontières avec l’Iran pour se protéger du coronavirus, certains portent des bermudas, au-dessus des genoux, interdits à Téhéran.
Ces dernières années, la Turquie est devenue la destination favorite de tous les fêtards iraniens. Dans ce pays accessible sans visa, les Iraniens essaient d’oublier, l’espace de quelques soirées arrosées, les rigueurs et les malheurs qu’ils ont laissés chez eux.
Dans la salle, les bouteilles de vodka et de champagne circulent. Les fumées des chichas et des cigarettes piquent déjà les yeux, dans l’attente de Sogand, la plus grande star de la jeune génération des chanteurs iraniens. A 34 ans, Sogand vit désormais à Londres. Entre 2014 et 2018, son passeport lui a été retiré par les autorités iraniennes pour la punir de ses activités musicales et pour ses photos dans les soirées iraniennes, peu aux goûts de la République islamique.
« Je ne voterai plus jamais »
Mahmoud est venu de Téhéran spécialement pour le concert. Malgré quelques appréhensions initiales. « C’est mon deuxième voyage en Turquie. Mais cette fois-ci, j’avais peur de prendre l’avion », explique ce jeune homme frêle, en criant dans la musique assourdissante. Le 8 janvier, un Boeing d’une ligne aérienne ukrainienne a été abattu « par erreur » près de Téhéran par les gardiens de la révolution. Les 176 victimes de cette catastrophe, en majorité iraniens, hantent même ceux qui sont venus faire la fête à Istanbul.
Mahmoud se souvient. Il était allé manifester devant l’université Amir Kabir avec des milliers d’autres Téhéranais, quand les gardiens ont reconnu leur responsabilité, après trois jours de démenti et de mensonges. Ce soir-là , la police avait utilisé la force pour disperser la foule. « La République islamique était responsable du crash. Mais elle l’a très mal géré, en mentant et après en réprimant les manifestations. Je suis en colère. Je ne voterai plus jamais, même si j’ai voté en 2017 pour [le président modéré] Hassan Rohani. Désormais, je suis contre tout ce système », explique le jeune homme qui a décidé de ne pas voter lors des élections législatives, le 21 février, alors qu’il avait soutenu le président Hassan Rohani. Il se sent en sécurité en Turquie et ne mâche pas ses mots.
« Toutes les transactions de devises sont contrôlées par les gardiens de la révolution. Le secteur de la construction a été aussi récupéré par eux. Ils sont en train de mettre la main sur tous les pans du pays », s’indigne-t-il tout en bougeant les épaules en rythme et en sirotant sa bière. Mahmoud voulait émigrer vers le Canada ou « quelque part en Europe ». Il a économisé pendant cinq ans, mais à cause de l’inflation, de 40 %, et ses revenus de plus en plus faibles, il a dû renoncer à son plan. Il doit se contenter de ces soirées débridées en Turquie, de temps en temps, lorsqu’il en a les moyens.
A quelques mètres de lui, Bardia, chirurgien esthétique à Téhéran, n’a jamais gagné aussi bien sa vie qu’à présent. Malgré les sanctions américaines, de retour depuis le retrait unilatéral, en 2018, de Donald Trump de l’accord sur le dossier nucléaire de Téhéran, la demande n’a pas faibli. Le médecin se dit « très en colère contre le régime ». Bardia a fait son service militaire à la base depuis laquelle les missiles iraniens ont abattu l’avion.
« Depuis le crash, je les déteste tous », s’emporte-t-il, évoquant les dirigeants iraniens. L’homme publie sur sa page Instagram de nombreux posts à charge contre le régime. « Surtout Rohani qui a fait tout le contraire de ce qu’il a promis. Le respect des droits humains ? Quelle blague ! Le gouvernement n’a même pas encore annoncé le nombre des morts des manifestations de novembre », peste Bardia. Amnesty International parle d’au moins 304 victimes après cette vague de contestation, déclenchées à la suite de la hausse des prix à la pompe.
« Aucune tranquillité dans notre pays »
A Istanbul, la nuit n’est pas le seul refuge des Iraniens de passage. Tout au long de l’avenue Istiklal, la langue persane est omniprésente. Les Iraniens arpentent cette longue artère et passent dans ses restaurants et boutiques de vêtements de marque et de produits de beauté, de plus en plus rares en Iran à cause des sanctions américaines. En Turquie, les Iraniennes se sentent aussi à l’aise, même si, souvent, elles préfèrent garder leur foulard comme en Iran, par habitude ou par croyance.
Romina, âgée de 28 ans a, elle, laissé au vent ses longues dreadlocks blondes, ces nattes de cheveux emmêlés. Son mari, Saman, 33 ans, a lui aussi de longs cheveux noirs. En cet après-midi ensoleillé du février, ils viennent boire un thé dans un café après avoir fait une demande de visa canadien à Istanbul : le Canada n’a plus de consulat en Iran depuis 2012.
Romina est admise dans une université canadienne en biochimie « Aucune tranquillité dans notre pays : nous dormons la nuit et le lendemain, au réveil, le prix de l’essence a triplé. Et ainsi de suite pour tous les prix. Comment ne pas être angoissé dans ce contexte ?, s’interroge Saman qui tient avec sa femme un salon de coiffure underground où ils font des dreadlocks. Nous avions économisé pour acheter une voiture, mais aujourd’hui, nous en sommes incapables. »
Dans leur ville, Karaj, près de Téhéran, où les manifestations du novembre ont été particulièrement violentes, « les rues habitées par les plus pauvres ont été complètement incendiées », se souvient Romina. Même si elle n’est pas descendue dans la rue à ce moment-là , elle a de la sympathie pour les manifestants. « Pourquoi le pouvoir n’autorise pas le peuple à manifester ? C’est tellement absurde ! », continue Saman. Ils pensent à l’exil, en s’inquiétant pour les jeunes qui ne peuvent pas fuir et se réfugient dans la drogue. Le lendemain, le couple doit retourner en Iran, et attendre la réponse à leur demande de visa.
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https://www.lemonde.fr/international/article/2020/02/27/istanbul-le-refuge-des-iraniens-desabuses_6031041_3210.html
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