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Le Figaro, le 26/01/2020
Par Delphine Minoui
DÉCRYPTAGE – Interventions militaires en Syrie et en Libye, exaltation du rêve néo-ottoman, ambitions énergétiques: en tournant de plus en plus le dos à l’Occident, Recep Tayyip Erdogan étend son influence au Moyen-Orient. En quelques années, le président turc s’est imposé, avec la Russie, comme l’un des nouveaux maîtres du jeu dans la région.
La Turquie est-elle en train de basculer du «soft power» au «hard power»?
On se souvient de la formule: «zéro problème avec les voisins», si chère à l’ancien ministre des Affaires étrangères (puis ex-premier ministre) Ahmet Davutoglu. Au début des années 2000, l’AKP, le parti islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan, s’était promis d’offrir une nouvelle dynamique régionale: amélioration des relations diplomatiques avec l’Iran et les pays arabes, y compris la Syrie, renforcement des liens commerciaux. Après de longues années d’isolement, Ankara avait même endossé le rôle de médiateur dans certains des conflits les plus sensibles de la région, en négociant la reprise de pourparlers entre la Syrie et Israël, ou encore entre le Fatah et le Hamas. Puis, elle s’était engagée dans une politique proactive de soft power : séries télévisées turques traduites en arabe dans les pays alentour, développement d’un réseau d’aide humanitaire via de nouvelles organisations comme l’Afad ou IHH. Aujourd’hui, la donne a changé. «La politique turque en Méditerranée orientale et au Proche-Orient représente un renversement d’une longue tradition. C’est désormais une politique musclée visant à bousculer plusieurs équilibres préexistants. À la base, il y a bien sûr une forte motivation de politique intérieure», observe Marc Pierini, ancien ambassadeur européen en Turquie et en Syrie, et chercheur auprès de Carnegie Endowment for International Peace.
Un aventurisme régional motivépar des ambitions nationales ?
Le contexte politique de la Turquie a influencé son implication régionale. En s’alliant avec le parti ultranationaliste MHP pour soigner sa crise de popularité, Erdogan a endossé, en l’espace de quelques années, une posture de va-t-en-guerre avec trois offensives militaires dans le nord de la Syrie: «Bouclier de l’Euphrate» à Jaraboulous contre le dernier verrou de Daech à sa frontière, en 2016, puis «Rameau d’olivier» à Afrine en 2018 et «Source de paix» en 2019 visant à tuer le projet indépendantiste des Kurdes de Syrie – et, par extension, à éliminer les rebelles kurdes du PKK. Mais la Turquie est également victime de sa géographie. «La politique régionale d’Ankara a largement été affectée par la crise syrienne», relève l’ex-ministre turc des Affaires étrangères Yasar Yakis. Une politique qui a elle-même évolué au gré de la guerre voisine: «Après avoir aveuglement misé sur la chute rapide de Bachar el-Assad, lors du printemps arabe de 2011, Erdogan est passé d’une obsession anti-Damas à une obsession anti-PKK, en déployant ses efforts contre les milices kurdes YPG du Nord syrien.» Cette nouvelle approche est également sous-tendue par le désir croissant de renvoyer une partie des quelque 4 millions de réfugiés présents dans le sud de la Turquie vers la zone dite «de sécurité» du Nord syrien, sous pression renforcée de la population turque.
La récente intervention turque en Libye signale-t-elle un nouveau cap?
À chaque circonstance son mode d’action. En annonçant l’envoi de troupes en Libye contre l’offensive du maréchal Haftar, le président turc est passé d’une posture protectionniste à une posture expansionniste. Dans ses discours, teintés de rhétorique ottomane et martiale, il convoque le passé pour légitimer ses ambitions régionales. «Pour Erdogan, les offensives militaires de ces dernières années dans le nord de la Syrie sont considérées comme des opérations nationalistes de défense à la frontière. En Libye, où il instrumentalise l’histoire pour justifier son action, l’opération s’insère dans le cadre de la politique néo-ottomane conduite en Afrique du Nord», observe Olivier Bouquet, professeur d’histoire ottomane à l’université Paris-Diderot.
On entre dans une logique de théâtre militaire qui se substitue à la logique diplomatique
Un diplomate occidental
Les ambitions turques sont également économiques. Un accord controversé, signé en novembre dernier avec le Gouvernement d’union nationale libyen, permet à Ankara de revendiquer l’exploitation de certains gisements gaziers et pétroliers en Méditerranée, à la faveur d’une nouvelle délimitation de ses frontières maritimes. En se risquant à envoyer quelque 2 000 supplétifs syriens pour combattre sur le terrain libyen contre les forces du maréchal Haftar (elles-mêmes appuyés par les mercenaires russes de la compagnie Wagner), Ankara cède aussi à un nouveau syndrome régional, celui de la «milicisation», qui consiste à faire la guerre par supplétifs interposés (une méthode déjà chère à la Russie, ou encore à l’Iran). «On entre dans une logique de théâtre militaire qui se substitue à la logique diplomatique», s’inquiète un diplomate occidental.
Le duo turco-russe illustre-t-il une redistribution des cartes dans la région ?
Alternant coups de pression militaires (Ankara et Moscou activant leurs pions dans des clans opposés, en Syrie comme en Libye) et négociations diplomatiques, Erdogan et Poutine se sont imposés comme les nouveaux maîtres du jeu régional. «Le Moyen-Orient était traditionnellement considéré comme la sphère d’influence et la chasse gardée européenne. Après le processus d’Astana sur la Syrie (lancé, en 2017, par Moscou, Téhéran et Ankara, NDLR), les récents pourparlers initiés sur la Libye font de la Turquie et de la Russie des acteurs incontournables dans la région, aux dépens des Occidentaux. Ils confirment la percée d’une diplomatie parallèle à la diplomatie occidentale classique», relève la politologue Jana Jabbour, auteur de La Turquie. L’invention d’une diplomatie émergente (Éditions CNRS, 2017). Gommant les rivalités du passé (liées, entre autres, à la destruction, en 2015, d’un avion militaire russe survolant la frontière turco-syrienne) au nom d’un pragmatisme de circonstance, le président turc opère également un rapprochement économique avec son homologue russe: achat du système de défense antimissiles S-400, construction de la première centrale nucléaire par Moscou, inauguration du gazoduc TurkStream, destiné à alimenter la Turquie et l’Europe en gaz russe tout en contournant l’Ukraine.
La Turquie tourne-t-elle définitivement le dos à l’Europe ?
Il est désormais loin le temps où Erdogan, alors premier ministre, redoublait d’efforts en vue d’une adhésion à l’Union européenne: abolition de la peine de mort, pacification des relations avec la Grèce et l’Arménie, pourparlers avec le PKK. Autrefois considéré comme le chantre d’un modèle capable de concilier islam et démocratie – également cité en exemple au début du «printemps arabe» -, le chef de l’État turc est aujourd’hui perçu sous le prisme de ses atteintes à la liberté d’expression et de son aventurisme régional. Si ses dérapages ne font aucun doute, le «divorce» est également, selon les experts, à imputer à l’Europe. «Le blocage, en dépit des nombreuses réformes initiées par Ankara, a fini par décourager Erdogan. Au final, il est redevenu celui qu’il était: un homme oriental, dont les penchants le mènent à l’autoritarisme», estime le chercheur Bayram Balci, qui dirige l’Institut français d’études anatoliennes. Sentiment partagé par Jana Jabbour, qui constate que «le Moyen-Orient offre un champ de compensation pour la Turquie à son objectif premier qui était l’adhésion à l’Europe». À cela s’ajoute le désengagement américain qui «a poussé la Turquie dans les bras de la Russie», estime Yasar Yakis: «Face au refus, par Washington, de baisser les prix de ses missiles Patriot et d’en transférer la technologie à Ankara, la Turquie a fini par se tourner, par défaut, vers Moscou.»
Pour autant, les Turcs n’ont guère l’intention de claquer la porte de l’Europe. «L’euroscepticisme actuel n’est qu’un moyen de laver leur honneur blessé. Dès que les Turcs verront une fenêtre d’opportunité en Europe, ils déploieront de nouveau des efforts pour regagner leur adhésion. L’objectif stratégique de la Turquie, c’est de devenir une puissance reconnue à l’échelle internationale, donc d’être reconnue par l’Europe», conclut Jana Jabbour.
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