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Le Monde, le 19/12/2019
CHRONIQUE
par Camille Laurens, écrivaine
La littérature témoigne sans théoriser et convainc sans militer, écrit notre feuilletoniste. Selahattin Demirtas, avocat des droits humains et leader charismatique du HDP, depuis sa prison turque, en témoigne.
« Et tournera la roue » (Devran), de Selahattin Demirtas, traduit du turc par Emmanuelle Collas, Emmanuelle Collas, 216 p., 16,90 €.
RÉSISTER
La liste est longue des écrivains et journalistes emprisonnés pour leurs écrits, hier ou aujourd’hui, dans beaucoup d’endroits du monde. Ne serait-ce qu’en Turquie, ils sont des dizaines : Ahmet Altan, son frère Mehmet, Asli Erdogan, Sara Aktas, et tant d’autres dont les noms ne parviennent pas tous jusqu’à nous. La persécution des Kurdes a encore contribué à remplir les geôles et les charniers. « La mort était devenue monnaie courante, si bien que les destructions et les massacres faisaient partie de la vie quotidienne », rappelle Selahattin Demirtas dans la dernière nouvelle de son second recueil, Et tournera la roue, paru en Turquie début 2019 et aussitôt traduit en français par son éditrice Emmanuelle Collas. « Il faut croire qu’une nouvelle espèce, non humaine, s’était développée. Il existait désormais une créature détestant et méprisant l’espèce humaine, une créature qui se prenait probablement pour un surhomme. »
C’est la seule allusion politique transparente que s’autorise l’auteur, avocat des droits humains et leader charismatique du HDP, parti progressiste Âd’opposition prokurde, incarcéré depuis le 4 novembre 2016 pour « terrorisme ». Contrairement à d’autres, ce ne sont pas ses écrits mais ses seules prises de Âposition antigouvernemenÂtales qui ont conduit à son arrestation. Ecrivain, il l’est devenu en prison, réussissant à faire passer au dehors, en 2018, un premier recueil de nouvelles, L’Aurore (Emmanuelle Collas, 2018), voué à un Âimmense succès populaire. Quel point commun y a-t-il entre un opposant politique, orateur adulé des foules, et un écrivain soustrait à la société, de sorte que le prolongement de l’un en l’autre soit une évidence logique ? C’est le pouvoir de résister. « La Ârésistance, c’est beau, les enfants ! C’est une loi de la physique », explique un professeur à ses élèves, non sans ironie puisqu’il vient lui-même de commettre la plus ignoble lâcheté. « La littérature permet de prendre position contre l’oppression, de manière directe ou indirecte, écrit Demirtas depuis sa cellule. Elle doit Âinsuffler courage et espoir, sans concession, en résistance, sinon ce n’est pas de la littérature. »
L’humanisme de Selahattin Demirtas s’attache à la dimension pathétique des individus, les plus pauvres surtout, les plus innocents – analphabètes, simples d’esprit, « esclaves » des puissants
Certes, toutes les nouvelles du présent recueil ne procèdent pas d’une folle espérance, loin de là ; et si, comme le suggère le titre, la roue tourne, elle ne va pas toujours dans le sens d’une meilleure fortune. Quelquefois justice est faite, mais souvent aussi le malheur s’accroît. Cependant, même quand un bébé meurt de froid faute de secours ou qu’un accident décime plusieurs familles de travailleurs saisonniers qui cherchaient « une solution à la pauvreté », quelque chose dans un coin du récit, dans le sursaut d’un personnage ou dans l’esprit du lecteur, se met en marche et s’anime d’une énergie neuve, plus combative. La résistance naît de la solidarité ou de l’empathie qui s’empare des individus les plus divers. Un village tout entier pleure, « à l’agonie », quand l’un des leurs disÂparaît à cause de leur indifférence. Un procureur, jadis féroce, naît à une Âconscience morale nouvelle lorsqu’un accident lui fait comprendre la douleur de perdre un enfant. Dans un paysage Âglacial, des parents offrent l’hospitalité à l’ancien bourreau de leur fils. Tout être humain a accès au remords, à la honte, à la pitié ou à la révolte.
L’humanisme de Demirtas s’attache à la dimension pathétique des individus et des destinées, les plus pauvres surtout, les plus innocents – analphabètes, simples d’esprit, « esclaves » des puissants. Leur naïveté les perd quelquefois car rien dans leur vie simple ne les a Âpréparés à l’horreur de l’oppression ; ainsi, quand des villageois se voient trahis par les représentants du pouvoir, c’est tout leur corps qui éprouve la défaite : « Si on les avait égorgés à cet instant, aucun d’eux n’aurait saigné, tellement ils étaient pétrifiés. »
La nouvelle prend parfois l’allure d’un conte ou d’un mythe, dont la mission est de faire le récit universel d’événements difficilement explicables – la misère, la souffrance, la mort. Mais l’humour ou l’ironie douce entraînent aussi la roue du côté de la légèreté, car Demirtas aime ses personnages et les croque avec bienveillance. En voilà un, victime d’un « accident du travail » en tombant du balcon où il s’était hissé pour un cambriolage (« Quel loser ! »), qui se voit comiquement comparé à un héros populaire : « C’est une sorte de Robin des bois qui ne partage avec personne, pas même avec les pauvres. » Tel autre résume sa vie amoureuse : « Les premiers jours de notre mariage – plus précisément le premier jour, ou plutôt les deux ou trois premières heures –, sans mentir, ça s’est super bien passé. »
Et c’est finalement de cette galerie de portraits intimistes ou révoltés, drôles ou touchants, que surgit l’efficacité politique. La littérature témoigne sans théoriser et convainc sans militer. La foi en l’humanité y parle d’elle-même, logée dans la réalité et chevillée à la volonté de tenir bon. Nous, lecteurs, y sommes souvent associés, mais pas toujours. « Je suppose que vous trouvez intolérable de voir l’esclave se rebeller », nous demande soudain tout à trac l’employée d’un de ces centres commerciaux que nous fréquentons tous, ici ou ailleurs. « Vous feriez mieux de vous y habituer », prévient-elle. Résister, loi humaine.
Signalons, du même auteur, la parution en poche de « L’Aurore », traduit par Julien Lapeyre de Cabanes, Points, 144 p., 6 €.
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