D’Ankara à Riyad : des procès au service de l’autoritarisme

France Culture, le 17/01/2019
 
 
 
Le 8 janvier s’est ouvert le procès de l’assassinat d’Andreï Karlov. 28 suspects sont poursuivis pour « appartenance à une organisation terroriste » notamment. Il est vrai que les terroristes pullulent sur le territoire turc. Mais comment se construit pénalement cette figure de l’ennemi national ?

 Une émission préparée par Marguerite Catton.

Il y a quelques jours, mardi 8 janvier, s’est ouvert à Ankara le procès de l’assassinat d’Andreï Karlov, ambassadeur russe en Turquie abattu au mois de décembre 2016. Deux années d’investigations ont conduit les enquêteurs à présenter aux juges 28 suspects poursuivis pour «appartenance à une organisation terroriste», «tentative de renversement de l’ordre constitutionnel» et tentative de meurtre «avec un objectif terroriste». 

Un réseau terroriste à l’oeuvre derrière cet attentat.

Il est vrai que les revendications de l’assassin citant la ville d’Alep en Syrie pointaient vers les groupes terroristes islamistes… Et c’est donc avec une certaine surprise que l’on peut lire dans l’acte d’accusation que le réseau de Fethullah Gülen, est le réseau terroriste à l’œuvre derrière cet attentat. 

La justice terroriste comme instrument de puissance

Il est aussi vrai que, depuis la tentative de coup d’état qui a manqué de renverser au mois de juillet 2016 le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan, les terroristes semblent pulluler sur le territoire turc. Quand il ne s’agit pas des Kurdes, de leurs députés et de leurs avocats, il s’agit des gülénistes qui infiltrent tous les secteurs de la fonction publique et bien souvent les deux identités fusionnent au gré du pouvoir qui lui a bien compris que la justice antiterroriste est un instrument de puissance sur la scène internationale comme sur la scène nationale.

Consolider des alliances diplomatiques

Alors comment se construit pénalement cette figure de l’ennemi national ? Comment permet-elle d’organiser la répression des opposants au pouvoir dictatorial du président ? Et comment les autorités turques jouent-elles de cette catégorie pour consolider des alliances diplomatiques ? 

Ahmet Insel : « Lors de son projet d’adhésion à l’UE, le gouvernement AKP avait procédé à une refonte du code pénal : par exemple, les prisonniers étaient mieux défendus. Mais aujourd’hui, les détenus accusés de terrorisme voient leur droit d’être défendu réduit. » pic.twitter.com/GDhDA6jtN2

— Culturesmonde (@CulturesMonde_) 17 janvier 2019

Sarah Caunes : « Le Conseil de l’Europe peut contrôler les décisions d’application de la CEDH. Donc ici, il y a un manque de volonté politique. »https://t.co/m6NBvnMEGT

— Culturesmonde (@CulturesMonde_) 17 janvier 2019

Sarah Caunes : « Les prisons de type F ont été construites par l’État turc dans les années 2000. Elle sont basées sur l’isolement géographique et l’isolement architectural. »https://t.co/m6NBvnMEGT pic.twitter.com/7bz1Y6kq2M

— Culturesmonde (@CulturesMonde_) 17 janvier 2019

 
Extraits sonores :

– Annonce assassinat d’Andreï Karlov sur France 24 (France 24, 19 décembre 2016)

– Vidéo de l’assassinat d’Andreï Karlov (19 décembre 2016)

– Pour Erdogan , il ne fait aucun doute que l’organisation secrète du prédicateur Fethullah Gülen serait liée à cet attentat (Euronews, 22 décembre 2016)

– Extrait de la déclaration de Fethullah Gülen suite à l’assassinat d’Andreï Karlov (Chaîne Youtube officielle de Fethullah Gülen, 23 décembre 2016)

– Extrait de l’allocution de Selahattin Demirtas (19 juin 2018)

– Mike Pompeo a assuré qu’il allait demander au prince héritier saoudien Mohammed ben Salman que tous les responsables du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi « rendent des comptes » (Le Figaro, 13 janvier 2019)

Extraits musicaux :

– « Translator’s Clos II Â» d’Esmerine (label : Constellation records)

– « Oy Oy Emine Â» d’Ildırım & Grup ÅžimÅŸek (label : Bong Joe records)

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