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Le Figaro, le 02/01/2019
Par Delphine Minoui
Correspondante à Istanbul
REPORTAGE – La presse turque, déjà affectée par la censure et les procès de journalistes, est aujourd’hui fragilisée par la chute de la monnaie locale, alors que s’envolent les prix du papier importé de l’étranger.
Menaces de mort, visites d’intimidation, convocation au tribunal. Du haut de ses 27 ans, la mythique gazette satirique LeMan a résisté à toutes les tempêtes. «Dire que c’est la crise économique qui pourrait finir par avoir notre peau!», ironise Tuncay Akgün, son rédacteur en chef. Ce n’est pas une blague: en un an, le prix du papier – un produit importé – a quasiment doublé à cause de l’effondrement de la livre turque, mettant en péril la survie d’un des derniers journaux qui ose critiquer le pouvoir. «Les problèmes politiques, on connaît. On a appris à naviguer entre les obstacles et on est prêt à subir les conséquences de notre engagement. Mais là , quand il s’agit de fric, on est à court de solution», poursuit le grand gaillard aux cheveux poivre et sel, perdu dans un nuage de fumée.
Il nous a donné rendez-vous dans le troquet qui fait office de hall d’accueil du magazine, à deux pas des boutiques de prêt-à -porter et des bars branchés de l’avenue Istiklal. Un vieux tube de Lenny Kravitz enrobe ce même espace tapissé de coupures de journaux et de dessins érotiques, où une bande de caïds fous furieux fit irruption après le putsch raté de juillet 2016 contre le président Erdogan. «À l’époque, la police avait calmé le jeu en retirant des kiosques à journaux tous les exemplaires du numéro consacré au coup d’État», raconte, impassible, Tuncay Akgün.
«La crise du papier ne fait que renforcer le fossé entre la presse indépendante, fragile et précaire, et la presse progouvernementale financée par de grands groupes proches d’Erdogan»
Erol Onderoglu, représentant de Reporters sans frontières en Turquie
Cigarette au bec, il invite à traverser la pièce jusqu’à la porte blindée – précaution d’usage depuis la déferlante d’insultes qui suivit l’édition spéciale «Charlie Hebdo», publiée au lendemain de l’attentat parisien de janvier 2015 – qui donne sur les escaliers. Son bureau est niché au cinquième étage de l’immeuble: un pigeonnier sous les toits où trône un dessin de Cortès. D’un geste lent, Tuncay étale sur sa table de travail les exemplaires les plus récents de LeMan: avec leur taille réduite de moitié, on les croirait tout droit sortis d’un lavage raté en machine. «Ben, pour l’instant, c’est la seule solution qu’on ait trouvée pour faire des économies», souffle-t-il.
Et cela aurait pu être pire: le numéro datant du 29 août, au pic de la crise financière, a les mensurations d’une pochette de CD. Évidemment, l’humour est toujours au rendez-vous. «Quoiqu’il advienne, monte sur scène et fait rire la foule», y assène, en dernière page de couverture, la caricature d’un clown en larmes à un dessinateur de LeMan, le pinceau coincé derrière l’oreille. Lequel lui répond dans sa bulle: «Il n’y a plus de papier… On ne peut plus transmettre notre message au public.»
La phrase, d’un réalisme mordant, résume à elle seule le danger que cette crise du papier fait peser sur la circulation de l’information. Le tableau de la presse turque, sinistrée par la censure qui sévit de plus en plus depuis 2016, était déjà bien sombre: plus d’une centaine de journalistes derrière les barreaux, des journaux indépendants contraints de fermer, des médias aux ordres du pouvoir. «La crise du papier ne fait que renforcer le fossé entre la presse indépendante, fragile et précaire, et la presse progouvernementale soutenue par le pouvoir et financée par de grands groupes proches d’Erdogan», observe Erol Onderoglu, le représentant de Reporters sans frontières en Turquie.
Ces derniers mois, plusieurs quotidiens ont déjà dû renoncer à leur édition du week-end. D’autres ont réduit leur pagination ou encore augmenté leur prix de vente. Particulièrement touchés par cette récession, certains quotidiens de province se transforment en hebdomadaires, comme Ozgur Ses, dans la ville d’Aydin… en priant pour ne pas avoir à mettre la clef sous la porte.
«Si la récession perdure, les maisons d’édition turques qui veulent survivre seront contraintes d’acheter moins de livres étrangers»
Mine Soysal, éditrice
Le monde de l’édition n’est pas épargné. «Les temps sont durs. Nous faisons face à un vrai défi, à cause de l’augmentation du prix du papier, mais aussi de l’encre, également importée», avance l’éditrice Mine Soysal. Fondée en 1954, sa maison, Günisigli Kitapligi, a déjà traversé d’autres crises économiques, comme au début des années 2000. «Mais à l’époque, le gouvernement était plus réactif. Le climat politique était différent. Les autorités semblaient plus en mesure de pallier nos problèmes», estime-t-elle.
Autre enjeu de taille pour cette maison d’édition spécialisée dans les livres pour enfants: le versement des «copyrights» aux auteurs étrangers. «Comme les prix sont souvent fixés en euros, nous faisons face à de grosses difficultés de paiement. Avec l’augmentation du taux de change, provoquée par la chute de la livre turque, nous nous retrouvons à payer le double d’avant», souffle Mine, dont le catalogue compte un tiers de livres étrangers traduits en turc.
Pour l’heure, cette amoureuse des livres parvient à négocier au coup par coup avec les maisons d’édition européennes. Mais, à terme, l’impact de la crise économique pourrait s’avérer désastreux: plusieurs publications sont déjà en liquidation judiciaire. «Si la récession perdure, les maisons d’édition turques qui veulent survivre seront contraintes d’acheter moins de livres étrangers. Par souci de rentabilité, elles privilégieront également des ouvrages simples et grand public, au détriment de romans et d’essais plus pointus. La diversité des points de vue, si nécessaire au débat d’idées, en sera directement affectée», dit-elle. Ces inquiétudes ne laissent rien présager de bon à l’heure où les pages de la démocratie se noircissent de plus en plus dans la Turquie d’Erdogan.
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