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Le Monde, le 11/12/2018
Par Nicolas Bourcier
Les services secrets turcs ont mené des opérations dans une vingtaine de pays, parfois avec la complicité des autorités locales, comme au Kosovo.
La scène se passe sur une route banale de la périphérie de Pristina. Une lumière crue tombe sur le vaste parking à moitié vide et les jeunes plants d’un pépiniériste. La caméra de surveillance de ce dernier indique 7 h 20 du matin, jeudi 29 mars 2018. Soudain, deux voitures s’arrêtent l’une derrière l’autre sur le bas-côté, près des arbustes en fleur, dans ce qui ressemble à un simple contrôle routier.
Deux policiers kosovars sortent du premier véhicule. L’un des agents se place au niveau du conducteur de la seconde voiture, l’autre côté passager. Quelques mots sont échangés. Et brusquement, l’un des policiers ouvre la portière et agrippe par le cou l’un des passagers de la banquette arrière. Il le sort et le met au sol. Une femme bondit et tente de le libérer. Les trois individus disparaissent derrière les plantes.
« Nous sommes des professeurs, cet enlèvement est l’œuvre d’Erdogan ! » La femme d’un professeur arrêté
L’autre agent fait sortir le conducteur du véhicule et lui passe les menottes. Des voitures s’arrêtent. C’est l’attroupement. L’homme menotté est placé dans la voiture des deux policiers. Celle-ci fait demi-tour et s’en va. La femme, elle, court sur la route, lève les bras et essaie désespérément d’arrêter les voitures. « Nous sommes des professeurs, cet enlèvement est l’œuvre d’Erdogan ! », crie-t-elle en panique.
Il est 7 h 27 sur l’écran. Quelques dizaines de minutes plus tôt, un jet privé, de type Bombardier Challenger et portant l’immatriculation TC-KLE, avait atterri à l’aéroport international de la capitale kosovare. Les registres de suivi des vols montrent que l’avion quittera le tarmac de Pristina à 10 heures. Destination, un aéroport militaire situé à Ankara. L’enquête dans le cadre de #blacksitesturkey, auquel Le Monde et huit autres médias partenaires ont participé, indique que l’avion appartient au MIT, les services secrets turcs. D’après le registre commercial, le domicile de la société propriétaire de la machine, une entreprise de tourisme et de construction, est enregistré à Ankara, dans le quartier Yenimahalle, au pied de petits immeubles gouvernementaux où résident les agents du renseignement.
L’homme qui vient d’être appréhendé sur cette route banale de Pristina se retrouve à bord de ce jet, ainsi que cinq autres personnes également enlevées de force dans la matinée. Elles avaient été convoquées un peu plus tôt par la police pour une vérification d’identité. Cinq d’entre eux sont des enseignants de l’école Mehmet Akif de Pristina. Le sixième est un des directeurs de cet établissement fondé et financé par le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, l’ancien allié de Recep Tayyip Erdogan, installé aux Etats-Unis depuis 1999 et accusé par les autorités turques d’avoir fomenté le putsch raté de juillet 2016.
Une longue liste de pays concernés
Ces images d’enlèvement, filmées par une caméra de surveillance de Pristina, ne sont pas des exceptions. La liste des pays dans lesquels des citoyens turcs ont fait l’objet d’arrestations et de kidnappings organisés par Ankara, avec l’aide de relais locaux, depuis deux ans, est longue. Afghanistan, Angola, Arabie saoudite, Azerbaïdjan, Gabon, Géorgie, Irak, Kazakhstan, Kosovo, Malaisie, Moldavie, Mongolie, Maroc, Soudan, Syrie, Pakistan, Qatar, Ukraine.
Des opérations parfaitement assumées par Ankara. En avril, le gouvernement avait annoncé fièrement avoir enlevé et ramené en Turquie « 80 membres de FETÖ [acronyme gouvernemental désignant l’« organisation terroriste Fethullah Gülen »] ». Parfois, à leur descente d’avion, les membres de la confrérie, menottés et encadrés par des policiers devant des drapeaux turcs, sont exhibés comme des prises de guerre par les médias officiels, avant même d’être présentés à la justice. Les six de Pristina ont eu droit à ce traitement.
Depuis le printemps, les enlèvements de gülénistes se sont poursuivis à un rythme soutenu. Des enseignants essentiellement, des membres du personnel d’encadrement et un médecin. « Nous en avons reçu six du Kosovo, trois du Gabon. Le MIT est à leurs trousses. Voyons maintenant d’où viendront les prochains… », s’est félicité M. Erdogan, mi-avril, qui fait de l’arrestation des « terroristes » l’un de ses principaux carburants politiques. Sept ressortissants turcs ont encore été enlevés en Moldavie et transférés sur le sol turc le 6 septembre.
Les pays ciblés par Ankara ont en commun une présence des réseaux turcs importante ou influente. Au Kosovo, où l’événement a provoqué un profond émoi, la Turquie est un acteur économique incontournable. Ce sont des entreprises turques qui contrôlent le système électrique du pays et construisent les autoroutes, un projet évalué à 2 milliards de dollars. L’aéroport de la capitale appartient, lui, à un entrepreneur turc proche d’Erdogan.
Le jour de l’enlèvement, le premier ministre kosovar, Ramush Haradinaj, a affirmé n’avoir pas été informé de l’opération. « J’ai assuré l’Europe et les Etats-Unis que cela avait été une erreur et un accident », a-t-il affirmé, avant d’ajouter :« Je leur ai demandé de la compréhension et de l’aide pour trouver une solution. »Une enquête a été lancée. Dans la foulée, le ministre de l’intérieur et le chef du renseignement kosovars ont été démis de leurs fonctions.
« Violation de souveraineté »
Des étudiants de l’établissement güléniste ont manifesté devant l’aéroport. Sur les pancartes on pouvait lire : « Rendez-nous nos profs ». « Toutes les preuves suggèrent qu’il s’agit de la plus grande violation de notre souveraineté depuis la déclaration d’indépendance [2008]… Et cela a été commis par nos propres fonctionnaires », a regretté le député Xhelal Sveçla, membre de l’opposition.
La femme que l’on voit, sur les images de la caméra de surveillance, sauter de la voiture s’appelle Yasemin Karabina. Elle est enseignante dans la même école que son mari, Yusuf, emmené ce matin du 29 mars. Depuis ce jour, elle n’a pas pu lui parler. Le soir même de l’enlèvement, elle parvient à joindre un responsable turc. Celui-ci l’informe que son mari a bien été remis à la justice en Turquie. Il lui demande aussi si elle souhaite désigner un avocat.
Yasemin Karabina sait aujourd’hui que Yusuf occupe une cellule individuelle dans la prison de Silivri, près d’Istanbul. Il n’a, pour l’heure, toujours pas été inculpé. Chaque mois, les autorités judiciaires organisent ce que l’on appelle une audience de révision à laquelle aucun avocat ni proche de l’accusé n’a autorisation d’assister. Seule la conclusion est rendue publique. Elle n’a pas varié depuis huit mois : Yusuf Karabina est « maintenu en détention ».
Tous les pays n’ont pas été aussi coopératifs que le Kosovo. En Mongolie, une tentative d’enlèvement a échoué. Le 27 juillet 2018, le MIT organise le kidnapping du directeur d’une des écoles Gülen d’Oulan-Bator, la capitale. Son entourage tire la sonnette d’alarme en diffusant la nouvelle sur les réseaux sociaux. Le gouvernement est interpellé et empêche au dernier moment le décollage d’un jet privé. Le directeur est débarqué et rentrera chez lui.
Ce jour-là , les médias locaux photographient l’avion en question : un biréacteur Challenger Bombardier portant le numéro d’enregistrement TT-4010. Selon le registre du commerce turc, la machine appartient à une entreprise de construction et de tourisme enregistrée au siège… des services secrets turcs, dans ce quartier de Yenimahalle, à Ankara.
Lors d’un enlèvement en Moldavie, les ravisseurs ont affrété un avion de ligne. En Malaisie, le 12 mai 2017, les autorités locales ont obligé Ismet Özçelik, un professeur de physique, à prendre un vol régulier de Turkish Airlines vers la Turquie. Il était accompagné d’agents de sécurité turcs et de deux autres gülénistes, capturés à peu près au même moment.
Le vice-ministre des affaires étrangères turc a exhorté ses concitoyens à aider « avec force » le gouvernement dans sa traque
En Suisse, deux diplomates de l’ambassade de Turquie ont échoué, en août 2016, dans leur tentative d’arrêter un güléniste. Lors d’une visite à Lausanne, le vice-ministre des affaires étrangères turc, Yavuz Selim Kiran, vient d’exhorter publiquement, les membres d’une association turque à aider « avec force » le gouvernement dans sa traque. « Il faut en finir avec les aides et les soutiens aux gülénistes », a-t-il martelé. Et d’ajouter, le ton crânement assumé, qu’Ankara avait d’ores et déjà réussi à « ramener environ une centaine de sympathisants de FETÖ en Turquie ». Soit une vingtaine de plus que l’annonce faite en avril.
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