Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son allié, le parti nationaliste MHP, ont convenu de ne pas prolonger l’état d’urgence en Turquie. Instauré dans la foulée de la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016, il a été prolongé en avril pour la septième fois et s’arrêtera fin juillet.
C’est une information rapportée par le journal gouvernemental turc Sabah. Mis en place pour traquer les putschistes présumés et ses partisans, l’état d’urgence a conduit à une large vague de répression dans le pays. Persuadé que le prédicateur Fethullah Gülen est à l’origine de la tentative de coup d’État, l’État turc arrête depuis deux ans toutes les personnes soupçonnées d’être des soutiens. Une purge qui a déjà visé plusieurs dizaines de milliers de militaires, policiers, magistrats, enseignants et fonctionnaires.
Plus de 140.000 personnes limogées
Au-delà des putschistes présumés, la répression frappe également des opposants pro-kurdes, des médias critiques et des ONG. En avril dernier, on comptabilisait plus de 55.000 personnes arrêtées et plus de 140.000 limogées. L’ampleur de la répression ne cesse de susciter l’inquiétude et les critiques d’ONG et de partenaires occidentaux de la Turquie. Il y a deux mois, la Commission européenne appelait encore Ankara à lever l’état d’urgence «sans délai».
Si l’état d’urgence était levé, le président aurait néanmoins les pouvoirs pour diriger son pays d’une main de fer. Depuis la réforme constitutionnelle d’avril 2017, le chef d’État turc peut gouverner sans premier ministre et décider de qui placer comme ministres et hauts fonctionnaires. Une personnalisation du pouvoir qui ne devrait pas s’atténuer avec sa victoire à l’élection présidentielle de dimanche, remportée dès le premier tour avec 53% des suffrages.