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Le Monde, le 17/07/2017
Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Pour les islamo-conservateurs au pouvoir, il était primordial de replonger la population dans ce qu’ils appellent « l’épopée » et dont le président Erdogan ressort en héros.
Des centaines de milliers de Turcs ont passé une bonne partie de la nuit de samedi 15 à dimanche 16 juillet sur l’un des ponts qui enjambe le Bosphore à Istanbul, pour commémorer l’échec du putsch survenu un an plus tôt contre le président Recep Tayyip Erdogan, lequel, plus puissant que jamais, se fait désormais appeler « chef » (reis) ou « commandant en chef » (baskomutan).
Tête d’affiche du programme des commémorations, M. Erdogan a fait une entrée triomphale samedi soir sur le pont aux environs de 21 heures, escorté par les familles des « martyrs » – 250 personnes tuées la nuit du putsch – aux côtés desquelles il avait cheminé depuis sa résidence du quartier d’Uskudar, sur la rive asiatique.
Le pont, devenu depuis celui « des martyrs du 15 juillet » est celui que les militaires factieux avaient bloqué dès les premières heures du putsch. C’est là qu’ils avaient ouvert le feu sur les civils venus les affronter à mains nues. Trente-cinq personnes avaient alors été tuées, dont le publicitaire Erol Olçak, un ami de longue date du président Erdogan, connu pour avoir mené la plupart des campagnes électorales du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002) ainsi que son fils, âgé de 16 ans.
« Arracher la tête de ces traîtres » de putschistes
Pétri de ressentiment, M. Erdogan a tenu devant ses adeptes sur le pont un de ces discours agressifs dont il a le secret, promettant d’« arracher la tête de ces traîtres » de putschistes, menaçant d’imposer à ceux d’entre eux qui comparaissent actuellement devant plusieurs tribunaux le port d’un « vêtement unique, comme à Guantanamo », la prison américaine à Cuba où les détenus sont revêtus de combinaisons orange. « J’en ai parlé au premier ministre », a-t-il déclaré, confirmant que sa parole a désormais force de loi.
En réalité, l’idée d’imposer un « uniforme » aux milliers de putschistes emprisonnés a jailli d’une controverse survenue la semaine dernière, lorsqu’un militaire jugé à Mugla (sud-ouest) a comparu habillé d’un tee-shirt avec le mot « héros » inscrit en grandes lettres.
Chauffée à blanc, la foule présente sur le pont a conspué les médias un tant soit peu critiques du pouvoir islamo-conservateur, notamment une équipe de la télévision CNN Türk, visée par des quolibets et des projectiles.
Promesse de retour de la peine de mort
Brandissant des drapeaux turcs et des portraits de M. Erdogan, les adeptes du « Grand Homme » (un autre surnom de M. Erdogan) se sont figés dans le silence lorsqu’il a commencé à parler. La symbiose était totale lorsqu’il a une nouvelle fois promis le retour de la peine de mort : « Nous sommes un Etat de droit. Si cela m’est présenté après être passé par le Parlement, alors je l’approuverai. »
Les Turcs qui auraient souhaité ignorer le discours de M. Erdogan n’ont pas pu y parvenir. Dès minuit, un message présidentiel était diffusé via les portables des abonnés aux deux principaux opérateurs du pays, Turkcell et Vodafone.
En tentant d’appeler un contact, les abonnés ont alors eu la surprise d’entendre M. Erdogan implorant « la compassion de Dieu pour nos martyrs » en cette « journée de la démocratie de l’unité nationale ». C’est aussi à partir de minuit que les muezzins des 81 régions du pays ont psalmodié à tue-tête la prière des morts depuis les minarets, comme ils l’avaient fait la nuit du putsch pour inciter les fidèles à s’opposer physiquement aux putschistes.
Prières, discours, projections de films, inaugurations de monuments, « marches de l’unité », fanfares ottomanes : les commémorations se sont succédé à un rythme soutenu durant tout le week-end.
« L’épopée »
Pour les islamistes au pouvoir, il était primordial de replonger la population dans ce qu’ils appellent « l’épopée ». « Une épopée a été écrite pendant la plus sombre des nuits », a déclaré le premier ministre Binali Yildirim en ouvrant la session parlementaire consacrée au souvenir du putsch à Ankara.
Ce récit enjolivé est censé servir de socle au nouveau roman national dans lequel le président Erdogan apparaît comme le sauveur de la Turquie. Les cérémonies de commémoration ont visé à « sanctifier » la nouvelle construction idéologique en vogue chez les islamo-conservateurs. Se posant en chef de l’Oumma, la communauté des croyants, le numéro un turc ne s’est jamais départi de sa vision du putsch raté, qualifié par lui de « don de Dieu » au moment de son retour à Istanbul à l’aube du 16 juillet.
Sa base électorale, recrutée dans les quartiers pauvres et conservateurs des grandes villes ainsi que dans les villes et les villages de l’Anatolie profonde, reste captivée par le mythe qui lui est raconté. La tentative de putsch et le tour de vis qui a suivi n’ont fait que rendre le « leader » encore plus populaire parmi ces couches de la population.
Aides aux familles des « martyrs »
Comme ce fut le cas après le putsch, les familles pieuses et modestes ont apprécié la gratuité des transports publics et l’apparition de stands délivrant à boire et à manger pour rien en ce week-end de commémorations.
La politique d’assistanat des catégories pauvres de la population (11 millions de personnes sur une population totale de 79 millions) fonctionne à plein régime. Pour le reste, les employés du secteur public ont été fortement incités à participer aux commémorations avec leurs familles, sous peine de se voir sanctionnés.
Un véritable culte est voué aux « martyrs », dont les familles jouissent d’un statut spécial, avec toutes sortes d’aides à la clef. Dans le métro d’Istanbul, les affiches des 250 morts du putsch étaient omniprésentes. Toute la journée de samedi, des familles ont fait des selfies devant le panneau érigé en mémoire des martyrs sur la place Taksim à Istanbul.
Malgré cette atmosphère de kermesse, tous les Turcs n’étaient pas à la fête, loin s’en faut. Affectés par le climat de peur qui règne dans la société, troublés par le manque de réponse sur ce qui s’est réellement passé la nuit du putsch, certains ont préféré se tenir à l’écart des commémorations.
Aysel (son prénom a été modifié), dont le mari enseignant a été condamné en mars à six années de prison pour des vétilles (il avait un compte à la banque Asya, la banque de la communauté de Fethullah Gülen, donné comme le commanditaire du soulèvement) a préféré rester confinée chez elle.
« Je n’ai plus aucun espoir en mon pays, je ne crois plus en rien », assure cette mère de famille de 48 ans, contrainte de faire des heures de route pour rendre visite à son mari incarcéré dans une prison surpeuplée.
50 000 personnes emprisonnées en un an
Livrant en pâture le nom du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis depuis 1999 et désigné comme le principal coupable, le président Erdogan a fait traquer sans relâche ses supposés partisans. En un an, 150 000 fonctionnaires ont été limogés par vagues successives. Près de 50 000 personnes ont été emprisonnées, tant des supposés gülenistes que des militants de gauche, des journalistes de talent, une dizaine de députés du parti HDP (prokurde) et une centaine de maires de villes kurdes.
Et les purges vont se poursuivre, M. Erdogan l’a promis. Dès la semaine prochaine, l’état d’urgence imposé depuis le 20 juillet 2016 sera reconduit. Vendredi 14 juillet, à la veille des commémorations, plus de 7 000 militaires, policiers et employés de ministères ont été radiés de la fonction publique par décret-loi, ce qui ne leur laisse aucun recours.
Perçues par de nombreux Turcs comme la revanche disproportionnée d’un président paranoïaque, les purges entament chaque jour davantage la crédibilité du gouvernement islamo-conservateur.
La justice est devenue la valeur la plus demandée dans le pays, comme l’a prouvé Kemal Kiliçdaroglu, le chef de l’opposition kemaliste, qui a rassemblé près de 2 millions de manifestants le 9 juillet à Istanbul après avoir marché vingt-cinq jours avec le slogan « justice » pour seule revendication. Jamais la Turquie n’aura été aussi divisée.
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