Une délégation de Reporters sans frontières (RSF) était à Strasbourg ce lundi matin, avec l’artiste C215 (Christian Guémy) pour une performance en soutien aux journalistes emprisonnés en Turquie depuis l’été 2016.
Au pochoir et à la bombe acrylique blanche, des dizaines de portraits ont été réalisés au sol, à la hauteur de la station de tram qui fait face à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), dans le quartier européen à Strasbourg, ainsi que sur le pont qui fait le lien entre le plus ancien bâtiment du Conseil de l’Europe et la Cour.
Ces portraits sont ceux d’une dizaine de journalistes turcs, jetés en prison après la tentative de coup d’Etat en Turquie, en juillet 2016, et qui a été suivie d’une répression dont les médias ont été une des principales cibles.
Les portraits d’une dizaine de chroniqueurs, caricaturiste, éditorialiste, rédacteur en chef… considérés comme des journalistes emblématiques par RSF, sont accompagnés du mot-dièse #SaveTurkischJounalists. Ceux qui viennent découvrir le bâtiment de la CEDH, les simples voyageurs du tram ou les magistrats de l’institution, les croiseront désormais sur leur trajet.
Plus de cent journalistes sont aujourd’hui en détention, déplore Reporters sans Frontières, dont le secrétaire général Christophe Deloire était présent ce lundi matin à Strasbourg. L’association fait état également de 140 médias fermés et plus de 700 cartes de presse annulées.
Une vingtaine de recours introduits devant la CEDH
Le délégué de RSF en Turquie, Erol Onderoglu, était également présent à l’occasion de cette performance artistique. Lui-même a été arrêté au printemps 2016 et placé en détention une dizaine de jours. Il a confié que la CEDH avait enregistré une vingtaine de dossiers déposés par des journalistes en détention, qui avaient épuisé les recours dans leur pays ou dont les dossiers étaient bloqués par le Conseil constitutionnel.
Le sort de Mathias Depardon, arrêté le 8 mai
RSF agit aussi en soutien au journaliste photographe français Mathias Depardon, qui vit en Turquie depuis cinq ans. Celui-ci a été arrêté le 8 mai dans la province de Batman (sud-est), où il était en reportage pour National Geographic. Il a depuis été transféré à Gaziantep (sud-est). Il est détenu malgré un arrêté d’expulsion. Mathias Depardon a fait une grève de la fin qu’il a arrêtée il y a quelques jours. Son cas aurait été évoqué par le président turc Recep Tayyip Erdogan et Emmanuel Macron, en marge du sommet de l’Otan, à Bruxelles.
Dans le classement mondial de la liberté de la presse, établi par RSF, la Turquie est à la 155e place sur 180 pays évalués.
Le Club de la presse Strasbourg Europe était associé à cette action. Il soutient notamment le journaliste turc Can Dündar, directeur de la rédaction du quotidien turc Cumhuriyet et qui vit en exil en Allemagne.
A STRASBOURG CETTE SEMAINE, DEUX AUTRES RENDEZ-VOUS SONT DÉDIÉS AUX JOURNALISTES TURCSÂ
– « Peut-on encore parler de démocratie en Turquie ? », mardi 30 mai, à 18h30, à la librairie Kléber à Strasbourg. Avec Ahmet Insel, économiste et politologue turc (Univ. Galatasaray et Paris-I.), éditorialiste au quotidien turc Radikal.
– Hommage au journaliste et militant des droits de l’homme, Hrant Dink, assassiné en janvier 2007, vendredi 2 juin, à 18h, à la MISHA à Strasbourg. Entrée libre.