Les photos ont été publiées dimanche 29 janvier en fin de matinée sur le site de l’armée turque. On peut y voir le général des forces armées, Hulusi Akar, poser fièrement sur un navire de guerre à quelques encablures seulement de l’îlot grec d’Imia (Kardak, en turc), rattaché au Dodécanèse, pendant qu’autour de lui deux frégates légères turques font le tour de ces deux rochers inhabités de la mer Egée.
Cette provocation turque survient trois jours seulement après la décision de la Cour de cassation grecque de ne pas extrader les huit officiers turcs réfugiés en Grèce depuis la tentative de coup d’Etat dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016. Après cette décision, le gouvernement d’Erdogan a promis une détérioration des relations bilatérales entre la Grèce et la Turquie. Envoyer son chef des armées est un coup de semonce symbolique qui met aujourd’hui les forces armées grecques en état d’alerte maximum.
Cette intrusion dans les eaux territoriales grecques ravive de douloureux souvenirs. Si ce genre d’initiatives a été récurrent ces derniers mois dans l’espace aérien ou les eaux territoriales grecques, choisir d’envoyer le général Akar à Imia fait monter les tensions d’un cran, quelques jours seulement après les 21 ans de la « crise d’Imia », qui avait failli mener les deux pays à la guerre ouverte, en janvier 1996.
Inquiétude
A cette époque, des commandos turcs avaient été envoyés aux abords de l’île, après qu’une équipe de journalistes turcs eut ôté le drapeau grec qui y flottait pour le remplacer par un drapeau turc. Les deux pays avaient dépêché sur place des forces navales et aériennes, tandis qu’un hélicoptère grec s’était écrasé aux abords de l’île dans des circonstances mal élucidées, causant la mort de trois militaires grecs.
Il s’agissait pour la Turquie d’illustrer sa théorie des « zones grises », qui consiste à contester la souveraineté grecque sur une série d’îles, d’îlots et de rochers en mer Egée. Il avait alors fallu toute la diplomatie du président américain Bill Clinton, qui s’était personnellement impliqué auprès des autorités grecques et turques de l’époque, pour résoudre le conflit.
« Aujourd’hui, nous sommes inquiets des provocations turques qui se multiplient ces derniers mois et encore plus depuis que Donald Trump a été élu, se désole une source au sein du ministère grec de la défense. M. Trump ne cache pas ses intentions de désengagement des questions internationales. Ce qui, dans notre cas, n’est pas rassurant face à une Turquie de plus en plus menaçante. » Les Etats-Unis sont en effet un allié historique de la Grèce. La plus grosse base navale américaine de la région est d’ailleurs située à Souda, en Crète.
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