Le calme règne sur la place de Sultanahmet, dans le centre historique d’Istanbul. A deux pas de la mosquée Bleue et de Sainte-Sophie, de rares groupes de touristes étrangers écoutent distraitement leurs guides leur parler de la vie quotidienne dans la Constantinople ottomane, et de l’histoire des vieilles pierres qui jalonnent l’esplanade. Les terrasses des cafés environnants sont désertes, les serveurs ont les yeux dans le vide et les vendeurs de souvenirs ont mauvaise mine.
« Je suis dans ce métier depuis trente-cinq ans et je n’ai jamais vu une situation aussi catastrophique », regrette Tuncay Günç, assis entre les présentoirs couverts de babioles pour touristes, alignés devant sa boutique, qui occupe pourtant l’un des meilleurs emplacements d’Istanbul. « L’attentat de l’aéroport d’Atatürk nous a achevés. Je n’ai rien gagné depuis six mois, cette année est perdue pour tous ceux vivent du tourisme », déplore-t-il, tandis qu’un imposant véhicule blindé de la police effectue une manœuvre à proximité. M. Gunç était à son poste le 12 janvier, quand, à une cinquantaine de mètres de son établissement, un terroriste a fait sauter sa ceinture d’explosifs au pied de l’un des deux obélisques qui ornent la place, tuant dix touristes, en majorité allemands.
Les Russes boudent
Frappant le cÅ“ur touristique d’Istanbul, cet attentat attribué à l’organisation Etat islamique (EI) par les autorités turques n’était que le premier d’une série d’attaques tantôt revendiquées par les rebelles kurdes du PKK – et visant des cibles militaires et policières…