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Le Monde, le 19/06/2025
Par Céline Pierre-Magnani (Ankara (correspondance) – envoyée spéciale à Istanbul )
« Darons d’ailleurs ». Deux fois par mois, un de nos journalistes à l’étranger explore la parentalité hors de nos frontières. A travers les plats qu’elles mitonnent pour leurs enfants, même grands, les mères turques tentent de se garantir une place à part à leurs côtés, dans la durée.
Les premiers rayons du printemps baignent l’appartement d’une lumière douce. Dans le salon aux murs bleu pâle, une perruche, juchée sur l’armoire près de la fenêtre, accueille Meral Caglayan de petits piaillements stridents. L’horloge n’a pas encore sonné midi que les odeurs de viande grillée ont déjà envahi la pièce. Les préparatifs de l’iftar – repas de rupture du jeûne, les soirs de ramadan – ont commencé. Au menu : une soupe au yaourt, de la salade, des pois chiches en sauce et le très apprécié plat familial, içli köfte, des boulettes de viande panées.
« Je fais les recettes telles que je les ai apprises de ma mère et de mes tantes », raconte la quadragénaire, originaire de la région de Gaziantep, dans le sud du pays, réputée pour sa gastronomie. Aujourd’hui, c’est jour de fête, mais Meral l’admet : la préparation des repas prend également beaucoup de place dans son quotidien. Comptable dans une fondation privée, cette mère de famille active exploite le moindre interstice dans son emploi du temps pour se mettre aux fourneaux. « Je cuisine pour les miens et m’efforce de faire des plats différents chaque jour. Kemal, mon fils de 13 ans, est en pleine croissance, et il fait du sport à haut niveau. Il lui faut des protéines. J’essaie de préparer régulièrement de la viande, mais c’est devenu très cher, alors je ne peux plus en acheter autant qu’avant », regrette-t-elle. Même dans le quartier modeste de Fatih, sur la rive européenne d’Istanbul, le prix du kilo de viande hachée en boucherie a atteint 800, voire 1 000 livres turques (environ 22 euros) avec l’inflation, quand le salaire mensuel minimal est de 22 000 livres turques (environ 493 euros).
Heureusement, l’adolescent se contente de peu. « Il adore tous les féculents. Surtout les haricots blancs et les pois chiches en sauce… Quand il m’en réclame, ça m’arrange bien, c’est facile et rapide à faire, dit-elle en riant. Il adore la cuisine de Gaziantep, surtout les içli köfte », tient-elle à préciser, comme s’il était inconcevable de remettre en question l’institution familiale, véritable cordon ombilical culinaire.
« Une manière d’imposer son autorité »
En Turquie, la cuisine est avant tout une affaire de femmes. Et de mères. « C’est très politique ! », assure Refika Birgül, cheffe et influenceuse culinaire. « Préparer un bon repas, c’est une manière de montrer son affection et de remplir son rôle de mère. Mais être la personne qui nourrit, c’est aussi une manière d’imposer son autorité », décrypte-t-elle.
« La nourriture est toujours au centre de la famille, confirme dans ses écrits la chercheuse spécialiste de la Turquie, Marie-Hélène Sauner-Leroy. Ce sont les femmes qui gèrent le quotidien du “care” et impriment leur marque sur les habitudes alimentaires de leurs enfants. (…) Ce sont aussi elles qui insistent sur le “fait maison” et son caractère sain et sécurisant. »
En ce samedi matin, il y a de l’animation dans la cuisine des Samiloglu, dans le quartier d’Üsküdar, sur la rive asiatique d’Istanbul. Sur la table, une omelette, quelques tomates et concombres, des böreks (pâtisseries salées), des confitures de figue, d’orange et de fraise maison : les incontournables du sacro-saint kahvalti, le petit déjeuner turc.
Fatma, 57 ans, tend un bout de pain à Usame, son « petit dernier » de 22 ans, pour l’inciter à terminer les dernières rondelles de tomates. « Il est vraiment très maigre, j’essaie de l’encourager à manger pour qu’il se remplume », se justifie-t-elle, en riant elle-même de son geste. « J’ai l’habitude, alors j’ai développé des stratégies », plaisante, quant à lui, le jeune homme, qui n’oppose à sa mère qu’une molle résistance.
Un puissant liant
Les cinq enfants de Fatma ont entre 35 et 22 ans, mais elle continue de garder un œil sur leur alimentation. Lorsque sa quatrième, Zeynep, étudiante en économie et en philosophie, était en stage dans la capitale, Ankara, Fatma s’enquerrait, à chaque coup de fil, de ses menus du jour. « Elle a pris de mauvaises habitudes. Plutôt que de prendre des repas équilibrés, elle mange des chips et toute sorte de junk food », explique-t-elle, navrée. La supervision maternelle n’a eu que peu d’effets sur les habitudes alimentaires de l’étudiante, mais cette attention contribue à nourrir leur lien.
« Dans la culture turque, se couper de ses parents et prendre son indépendance est très compliqué, comme si les membres de la famille devaient toujours vivre ensemble », explique Defne Karaosmanoglu, maîtresse de conférences à l’université Kadir Has, à Istanbul, et spécialiste des liens entre gastronomie, culture et société. La nourriture permet de garder ce lien.
« Quand les enfants étaient petits, je m’assurais qu’ils prennent un petit déjeuner très complet avant de partir à l’école, et je préparais pour eux un plat différent chaque soir », se souvient Fatma. Aujourd’hui, elle a repris un cycle d’études en théologie, et dispose de moins de temps pour faire la cuisine, mais certaines habitudes persistent. « Quand je prépare certains plats, comme des aubergines farcies, j’en fais en grandes quantités et j’envoie un message sur le groupe familial pour que les enfants passent à la maison en prendre une portion », précise-t-elle.
« Pour moi, ce qui fait une véritable maison, ce sont les odeurs de cuisine qui remplissent l’appartement. » Etre mère, c’est aussi transporter ces odeurs et saveurs chez ses enfants, même grands.
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