Ouest-France,  le 14/03/2020

Fanette BON

REPORTAGE.

Plongée à Antalya, la capitale de l’agriculture turque grande exportatrice, la Turquie cherche à adapter ses cultures intensives aux nouveaux enjeux environnementaux. Un défi majeur pour le pays où l’agriculture emploie 20 % de la population.

Emre Güler, ingénieur agricole, dans un centre de recherches de la coopérative d’Antalya Yüksel, qui exporte des semences dans soixante-quinze pays. | OUEST-FRANCE

Quarante millions de touristes, 290 jours de soleil par an. La région d’Antalya, l’une des quatre-vingt-une provinces qui composent la Turquie, longe la Méditerranée. La côte turquoise vit de ses plages de sable fin et de ses complexes hôteliers. Elle se présente aussi, de plus en plus, comme la capitale de l’agriculture turque. Ses agriculteurs exportent dans plus de 180 pays, Allemagne en tête.

Plus de 7 millions de tonnes de légumes sont produites chaque année sur ces plaines : tomates en tête, aubergines, poivrons, concombres… Des agriculteurs tentent de se démarquer. Les produits à fort potentiel d’exportation ont fait un bond en avant ces dernières années, comme les bananes. Nos producteurs ont aussi tendance à faire pousser des fruits de niche à haute valeur économique : fruit du dragon, avocats, souligne Cuneyt Dogan, du bureau des échanges d’Antalya.

60 000 ha de serres

Quand on s’enfonce dans les terres, les serres en plastique et verre se succèdent. En fort développement depuis les années 1960, elles font la fierté de la province. 47 % des légumes produits sous serres en Turquie poussent à Antalya. Ce chiffre monte jusqu’à 61 % pour les tomates, se félicite Harun Ozturk, membre de la Chambre régionale de commerce.

Halil Kozan est à la tête de Serkonder, une fédération de quarante-six fabricants de serres multicultures installée dans la région. 500 ha de serres sont construites en Turquie chaque année. On en compte 60 000 ha à travers le pays, plus qu’en Andalousie », estime le quinquagénaire. Il présente son dernier modèle : un tunnel de 60 m de long, 9 m de large, 5,5 m de haut. Ces serres automatisées se veulent plus vertueuses pour l’environnement. Regardez, les matériaux en polycarbonate, des fenêtres en hauteur et des rideaux permettent de limiter les pertes de chaleur », pointe le chef d’entreprise, leader des serres en Turquie.

Antalya est la principale province productrice de fruits et légumes en Turquie. | OUEST-FRANCE

Les producteurs tendent aujourd’hui à trouver un savant équilibre entre des actions favorables au climat et une production intensive gage d’export. Ce matin, comme deux à trois fois par semaine, des ramasseuses s’activent. Jusqu’à 30 kg de fruits ou légumes poussent au mètre carré. La pleine terre a été remplacée par des copeaux de fibre de coco : Â« Cela permet une production plus importante et facile à gérer. »

Un enjeu économique et social

Répondre aux exigences de la législation européenne pour exporter est parfois un challenge. Mais les entreprises d’Antalya travaillent dur , pointe Hakki Bahar, membre de l’association des exportateurs de l’Ouest de la Méditerranée.

Nous ne produisons ni n’exportons aucun fruit ou légume que nous ne donnerions pas à manger à nos enfants, renchérit Harun Ozturk, de la Chambre de commerce d’Antalya. La Turquie est un pays très consciencieux qui accorde une grande importance à la sécurité alimentaire et à la traçabilité. Aucun pesticide déclaré interdit pas l’Union européenne n’est utilisé dans notre pays.

Le gouvernement turc investit pour moderniser son agriculture : C’est un enjeu économique et social, insiste Harun Ozturk. 20 % des Turcs vivent du secteur agricole, un chiffre qui grimpe à Antalya. Salaire mensuel moyen : 330 €.

Installée dans une vallée, la coopérative Yüksel exporte des semences dans soixante-quinze pays. Emre Güler, ingénieur agricole, contrôle l’évolution de poivrons dans l’un de ses cinq centres de recherches. Nous utilisons des abeilles pour le biocontrôle. La demande de bio augmente dans de nombreux pays, alors on s’adapte.

â—Š

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