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Tourmag.com, le 16/11/2017
par Romain Pommier
l’OT vise un million de Français en 2018, mais…
Alors que les Européens peinent à faire leur retour, les touristes se bousculent toujours aussi nombreux dans le Grand Bazar d’Istanbul / Crédit photo : JDL
Depuis le début des années 2010, les touristes européens ont délaissé la Turquie. Entre les troubles politiques de la région, et les attentats, les Français se sont détournés peu à peu de l’agitation stambouliote. Toutefois, l’année 2017 semble amorcer un début de reprise. L »essai sera-t-il transformé en 2018 ? Voici, quelques éléments de réponse…
Depuis quelques années, les touristes français ont déserté la Turquie, en raison notamment de l’image négative renvoyée par les saillies politiques de l’omnipotent Erdogan. A cela s’est ajouté les attentats ou encore les décisions prises en défaveur d’une entrée dans l’Union eurpéenne.
Dans ce marasme informationnel, 2017 est plus calme que les précédentes. Dès que la politique ou les images sanglantes désertent les journaux télévisés, les touristes reviennent;
« Ce n’est pas brillant, mais ça bouge plus qu’en 2016. Mais on est encore loin des bonnes années ». Comprendre : avant le printemps arabe, selon Mumtaz Tekker président de Pacha Tours.
La Turquie, ce pays laïque, coincé entre deux continents, n’a pas été ébranlé par les vindictes populaires ayant sévi dans les pays voisins. Mais il a connu durant cette période de troubles une importante érosion de la fréquentation touristique européenne.
A tel point que les tour-opérateurs, et les agents de voyages ont arrêté de proposer la destination. Et même si un frémissement se fait sentir depuis le début de l’année 2017 + 1,86% de touristes français sur les rives du Bosphore, les Hexagonaux peinent à franchir le pas.
De l’aveu de tous, le traitement médiatique joue en défaveur de la destination. Mais ce n’est pas tout. Selatt Erdogan, directeur commercial de Mondial Tourisme précise : « nous avons un problème avec les agents de voyages, ils ne prennent pas la peine de proposer la destination. Ils me disent que pour convaincre un voyageur de partir là -bas, il faut argumenter. Donc ils préfèrent proposer le Portugal ! » qui, lui, ne souffre d’aucune contestation.
Les Asiatiques, les Africains et les Russes ont remplacé les Europée
En attendant, le tourisme turque ne chôme pas. Les rues grouillent de badauds et les touristes en sandales envahissent les plages. « Je reviens de quelques jours à Istanbul, et les hôtels affichent des taux d’occupation record, affirme Jean-Michel Foucault, le créateur de Passion Turquie.
La composition des touristes a juste évolué : avant les européens étaient présents en grand nombre, maintenant ce sont les Asiatiques, les Africains ou les Russes. »
Ce changement implique aussi, pour les professionnels turques, de s’adapter : « les touristes venant du Golfe ont transformé le quotidien des habitants, confie un journaliste français, vivant à Istanbul, qui a préféré garder l’anonymat. Il y a de moins en moins de bars, mais plus de boutiques de luxe et de parfumeries. » .
Et avec une croissance de +28,71% sur les 9 premiers mois de l’année 2017, par rapport à la même période qu’en 2016, l’attractivité de la destination ne se dément pas. Elle s’adapte tout simplement à la nouvelle donne.
Ainsi toujours sur la même période, parmi les premiers pays fournisseurs de touristes figurent la Russie avec 4,122 millions de personnes (+657%) et l’Iran qui comptabilise 1,895 million de visiteurs (+45%), loin devant la France avec ses 463 371 touristes.
« Les Français ont des idées préconçues sur la Turquie, et Erdogan ne leur facilite pas les choses, d’après Jean-Michel Foucault. Il dit n’importe quoi, il engueule tout le monde, mais à l’arrivée il est toujours possible de boire de l’alcool, ou aux femmes de se balader en mini-jupe. Rien ne change ici. On a juste un président très autoritaires, ce qui a toujours plus ou moins été le cas.
La Turquie ressemble quand même davantage à l’Italie qu’à la Syrie ?
Alors que l’Italie retrouve des couleurs, d’un point de vue économique en 2017, qu’en sera-t-il en 2018 pour la Turquie sur le pan toursitique?
Un véritable rebond en 2018 ?
Du côté de Mondial Tourisme, on se veut ambitieux pour l’année prochaine, « Nous avons la volonté d’envoyer en Turquie 40 000 personnes en 2018, à comparer aux 25 000 Français qui sont allés cette année grâce à nous.
Pour cela, nous allons accentuer la communication et doubler nos engagements sur l’aérien certains jours. Mais notre excellente croissance, ne concerne que notre groupe, nous récupérons seulement des parts de marchés à nos concurrents. »
Et même si du côté du SETO les indicateurs affichent une possible reprise pour 2018, Mumtaz Tekker se montre prudent :  » 2018 pourrait être un véritable tremplin, avant une année 2019 qui s’annonce décisive en raison d’élection présidentielle.
Nous envisageons d’affréter à nouveau des avions l’année prochaine, nous sommes optimistes, les volumes ne seront pas importants, mais il y a un regain d’intérêt. Puis les relations semblent se réchauffer entre nos deux pays ».
Pour que le démarrage, ne soit pas un feu de paille  » les TO doivent revenir, car si les futurs clients ne voient pas le produit en rayon, ils n’achètent pas. C’est pareil pour la tourisme », soulignes le patron de Passion Turquie.
Chacun des voyagistes n’a eu de cesse de vanter le dynamisme d’une Turquie où le calme politique semble revenu, ou l’économie n’a jamais cessé de tourner, et qui ambitionne de devenir une place forte du tourisme mondial. Pour preuve : l’ouverture l’année prochaine d’une partie du plus grand aéroport du monde à Istanbul.
Une fois de plus l’Europe ne va pas voir ça d’un bon oeil, « car son ouverture va chambouler l’univers de l’aérien et notamment Lufthansa. En effet ses hubs allemands pourraient être délaissés par les autres compagnies » affirme Selatt Erdogan.
Et le directeur commercial de conclure : « il faut laisser la politique aux politiques. Nous espérons aussi que la concurrence va revenir, car plus il y a d’offres, et plus la demande sera nombreuse.
L’Office de Tourisme vise le million de touristes français en 2018
En attendant l’Office de Tourisme de Turquie en France s’active et multiplie les projets.
Quelques jours après le 3e conseil interministériel se déroulant à Ankara, la conseillère à l’Ambassade de Turquie de Paris, Serra Aytun se veut optimiste. « Nous voulons nous rapprocher le plus possible du seuil atteint en 2015, à savoir 1 million de Français (contre 708 148 en 2016, ndlr).
Ce stade n’est qu’une étape, puisque nous envisageons de le dépasser, et visons encore plus loin. »
Et pour cela, l’organisme de représentation va signer des co-brandings avec les TO, multiplier sa présence sur les salons des professionnels. Et Serra Aytun de préciser : « nous allons privilégier le BtoB le tourisme de santé et la mise en avant de nos sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. »
Au-delà des mesures destinées à conquérir le grand public, le gouvernement veut inciter les Européens à revenir et pour ça, une révision favorable de la subvention versée aux affréteurs sera effectuée en début d’année prochaine. Pour information : elle était de 6 000 dollars par vol (soit 5 075 euros) en 2016.
Ce n’est pas tout d’après nos informations les bateaux de croisières devraient aux aussi bientôt faire leur retour en 2018. Des négociations sont en cours avec les compagnies pour réintégrer Istanbul dans leurs itinéraires.
En attendant, la conjugaison de voir ces bonnes intentions gouvernementales, FTI Voyages a annoncé fin octobre la mise en place de 4 charters par semaine au départ de la France pour l’été 2018. Un signe de reprise concret envoyé par l’une des filiales du géant européen du tourisme FTI Group. Son ambition ? Envoyer un million de voyageurs allemands en Turquie en 2018.
http://www.tourmag.com/Turquie-les-rives-du-Bosphore-seduisent-de-nouveau-les-touristes-francais_a90155.html
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