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Le Monde, le 10/12/2020
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Depuis le putsch manqué de 2016, le système judiciaire turc a sombré plus avant dans l’arbitraire, notamment envers les journalistes lanceurs d’alerte. Le président était-il sincère lorsqu’il a annoncé, début novembre, un changement ? Rien n’est certain.
LETTRE D’ISTANBUL
Alarmé par la fuite des investissements étrangers, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a promis, début novembre, un train de réformes judiciaires destinées à renforcer l’Etat de droit dans son pays, qu’il n’imagine pas « ailleurs qu’en Europe », contrairement à ce que d’aucuns pourraient penser.
Il était temps… Depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, le système judiciaire turc a sombré plus avant dans l’arbitraire, cumulant le non-respect de la présomption d’innocence, l’abus de la détention préventive, les actes d’accusation cousus de fil blanc.
Une dérive illustrée par les détentions prolongées du leader kurde Selahattin Demirtas, de l’écrivain Ahmet Altan et du mécène Osman Kavala, au mépris des arrêts rendus par les juges de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), à Strasbourg.
M. Erdogan était-il sincère lorsqu’il a promis des réformes ? Ses proches y ont cru. Bülent Arinç, son vieux compagnon de route, s’est senti pousser des ailes, au point de critiquer la détention du mécène Osman Kavala, accusé d’avoir cherché à renverser l’Etat, écroué depuis 2017, ainsi que celle du leader kurde Selahattin Demirtas, incarcéré depuis 2016 pour « terrorisme ».
Selon M. Arinç, avocat de formation, dans ces deux affaires, les actes d’accusation, rédigés n’importe comment, manquent de professionnalisme – « même un enfant n’aurait pas pu écrire cela ». Une indignation chèrement payée puisqu’il a dû démissionner de son poste de conseiller du président après ces déclarations.
Réformer n’est pas simple. Cela impliquerait de devoir modifier radicalement la manière dont le pays poursuit, juge et emprisonne ses ressortissants. Dans la foulée du putsch raté, une vaste purge a conduit à l’emprisonnement de 95 000 personnes et au licenciement de 150 000 fonctionnaires. Des journalistes et des militants des droits humains ont également été arrêtés pour leurs propos, leurs écrits, leurs photographies.
Acharnement quotidien
Cet acharnement est quotidien. Quelques jours après les promesses de réformes, un procureur de Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie, a requis vingt ans de réclusion contre le photographe de presse Abdurrahman Gök. En cause, une vingtaine de clichés pris le 21 mars 2017 à Diyarbakir, à l’occasion de la fête de Newroz, le Nouvel An kurde. Les photos révèlent une terrible méprise policière. Un jeune homme court, torse nu, un couteau à la main. Il est poursuivi par des policiers. L’un d’eux tire sur lui, il s’écroule. Il décédera de ses blessures à l’hôpital peu après.
La victime s’appelait Kemal Kurkut. Agé de 23 ans, il était étudiant en musicologie. Sa famille a porté plainte contre le policier. Celui-ci assure avoir agi pour préserver la sécurité des participants à la fête de Newroz. Ce policier, ses avocats et ses collègues ont justifié son geste en disant qu’il avait eu l’impression que « l’assaillant présumé préparait une attaque-suicide ».
Les proches et les avocats de Kemal Kurkut expliquent, eux, que ce dernier n’avait pas l’intention de tuer. Le jeune homme, plaident-ils, était psychologiquement déstabilisé depuis qu’il avait vécu en direct l’attentat survenu à la gare d’Ankara le 10 octobre 2015, quand une bombe, déposée par des adeptes de l’organisation Etat islamique, avait fait plus de 100 morts parmi les participants à un rassemblement pour la paix.
Présent ce jour-là, Kemal Kurkut avait vu ses amis périr dans un déluge de feu et de billes de métal, un épisode traumatisant dont il ne s’était jamais remis. Ses angoisses ont ressurgi deux ans plus tard à Diyarbakir sur l’esplanade où des milliers de Kurdes s’apprêtaient à danser et à chanter pour fêter Newroz. C’est parce qu’il se sentait menacé qu’il a dérobé un couteau.
Insensible aux arguments de la partie civile, le tribunal a prononcé la relaxe du policier. La famille va faire appel. Mais le plus inexplicable est l’acharnement manifesté par l’appareil judiciaire contre le lanceur d’alerte. Pour avoir fait son métier, le photographe risque une lourde peine de prison, accusé d’« appartenance à une organisation terroriste ». La prochaine audience de son procès a été fixée au 23 février 2021.
Inversion des normes
Cette inversion des normes, quand les journalistes sont poursuivis tandis que les auteurs des faits sont acquittés, n’est pas rare. En octobre, quatre journalistes kurdes basés à Van ont été arrêtés. Des poursuites judiciaires ont été lancées contre eux parce qu’ils ont exposé des faits de torture sur deux villageois kurdes, dont l’un, Servet Turgut, est décédé à l’hôpital de ses blessures le 30 septembre.
Selon les témoignages recueillis par les journalistes, les deux villageois, soupçonnés par l’armée de collusion avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), la bête noire d’Ankara, ont été interpellés, puis emmenés en hélicoptère par des militaires qui les ont jetés dans le vide. « Ils sont tombés d’une falaise alors qu’ils fuyaient », a rectifié Mehmet Emin Bilmez, le gouverneur de Van. Dans la foulée, toutes les publications autour de cet événement ont été interdites.
La justice sait pourtant se montrer clémente, surtout lorsqu’elle pressent une tempête médiatique. Ender Imrek, chroniqueur au quotidien Evrensel, l’a constaté personnellement. Jugé pour avoir rédigé un article critique envers la première dame, Emine Erdogan, il a été acquitté des charges qui pesaient contre lui par le deuxième tribunal pénal de Bakirköy, à Istanbul, le 2 décembre. Les avocats du président lui reprochaient de n’avoir pas présenté la première dame « sous un bon jour ». Dans un article publié en 2019, il avait critiqué son sac à main, un modèle Hermès haut de gamme, vendu 50 000 dollars (41 212 euros). Une grave faute de goût, avait-il déploré, au moment où la population est obligée de se serrer la ceinture pour cause de récession économique. Au fur et à mesure des audiences, le journaliste perdait espoir, se voyant déjà condamné.
Quolibets sur les réseaux sociaux
Tout change en octobre. L’article connaît soudain un regain d’intérêt. L’appel du président Erdogan au boycottage des produits français projette alors le sac Hermès de son épouse au premier plan de l’actualité. L’affaire suscite les quolibets des internautes sur les réseaux sociaux. Le chef de l’opposition républicaine, Kemal Kiliçdaroglu, se joint bientôt au concert, invitant la première dame à brûler son sac en place publique en signe de soutien au boycottage. Le porte-parole du parti présidentiel de la justice et du développement (AKP), Omer Celik, dénonce alors « une violence faite aux femmes ».
Il faudra la plume habile de l’éditorialiste Hande Firat, du quotidien progouvernemental Hürriyet, pour apaiser les esprits. Dans une chronique publiée le 30 octobre, la journaliste a su faire taire la polémique. « Contrairement aux affirmations, la première dame n’achète pas des sacs à mains dispendieux, elle préfère la contrefaçon, c’est-à-dire l’imitation, plutôt que l’original », écrit-elle.
Reste à souhaiter que la réforme judiciaire promise en haut lieu n’ait rien à voir avec une imitation.
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