Turquie. A la folie !

Le Télégramme, le 13/06/2016

MAEL MOIZANT

Une marée rouge a déferlé sur Paris, dimanche. Ce premier match de la Turquie à l’Euro avait déplacé des supporters venus du pays, de France aussi évidemment, d’Allemagne, des Pays-Bas, etc.

L’ambiance était chaude… jusqu’au but du génial Modric. « Ce sont des excités, de gentils excités ! » On nous avait brossé un portrait sympathique des supporters turcs. On n’a pas été déçu, dimanche. Ils sont fous ces Turcs ! Fous de foot ! Dès 10 h 30, côté Auteuil où les premiers groupes s’étaient rassemblés, les premières marées rouges ont glissé vers le Parc des Princes qui accueillait l’entrée de la Turquie contre la Croatie.

Une photo ? Pas de problème. Une vidéo ?

Encore mieux. Les clameurs « Türkiye, Türkiye » retentissent de plus belle. 30.000, 40.000 Turcs, davantage. Les projections émises par les services de la Fédération turque étaient variables. La version officielle était de 12.000 de Turquie (selon la police), 9.000, selon un confrère local…

160 euros la place « Il y a des Turcs de partout », assurait Sadan, un expatrié à Brest. Lui est venu seul – il lui en a coûté 160 euros quand même hors transport – mais il a croisé des compatriotes venus « principalement d’Allemagne, des Pays-Bas, de Suisse, de Belgique, d’Angleterre… »

La plupart ne se connaissaient pas, engageant naturellement la conversation en arabe ou en français. Dimanche, ils soutenaient tous la même nation – « Turkiye, Türkiye » – même si maillots et écharpes des clubs locaux n’étaient jamais très loin. Avantage Galatasaray. En Turquie, on aime sa sélection, on adule son club ! Malgré la pluie, ça chantait. Beaucoup et très fort, de plus en plus fort. Les sons disséminés résonnaient dehors, ils ont redoublé d’intensité concentrés dans le stade. Dès 13 h 30… à une heure et demie du coup d’envoi.

« Biz bitti demeden bitmez »

Dans une enceinte à une légère majorité turque, leur voix a longtemps couvert celle des Croates, poussant les décibels à chaque contact sur la pelouse. Puis Modric a placé sa volée, les supporters aux damiers ont exulté, le soutien turc s’est espacé. Aussi bruyant, mais discontinu. « biz bitti demeden bitmez ». « Ce n’est pas fini tant qu’on ne l’a pas décidé », prévenait le slogan des Turcs, coutumiers des scénarios à rebondissements, dont le plus épique en quart de finale de l’Euro 2008 contre… la Croatie.

But croate à la 119e, égalisation à la 122e. 1-1. 3-1 pour les Turcs aux tirs au but. Malgré sa star Arda Turan, malgré l’entrée en jeu de leur « nouveau Messi » Emre Mor, les Turcs ont dû se résoudre à voir la Croatie prendre sa revanche. Passionné, Sadan, le Brestois, avait pronostiqué 4-0. Ce groupe de Turco-Parisiens, lui, avait vu juste : « 1-0 pour nous ou 1-0 pour la Croatie. On ne sait pas jouer tactique, on va attaquer, on va défendre. » Dimanche, la Turquie a défendu. Malgré ses supporters.

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