LETTRE D’ISTANBUL
Des milliers de femmes turques ont clamé haut et fort, ces jours-ci, leur droit de porter… le short. Celui-ci était à l’honneur à Kocaeli (Nord), où des étudiantes en ont accroché plusieurs exemplaires sur un mur de l’université ; à Istanbul, où des manifestantes l’ont porté ; à Izmir (Ouest), où il était de rigueur pour la balade annuelle du club cycliste féminin. Il s’est répandu sur les réseaux sociaux, une foule de jeunes filles prenant la pose dans cette tenue pour poster des selfies.
Sans rapport avec la mode, leur geste exprime un ras-le-bol. Leur message −« Touche pas à mon short ! » − est un avertissement à tous ceux qui, en Turquie, pourraient être tentés d’imposer un code vestimentaire aux femmes.
Tout est parti d’un fait divers survenu le 12 septembre à Istanbul. C’était un jour de grand beau temps, festif de surcroît, puisqu’il marquait le début de la fête musulmane du sacrifice (Aïd Al-Adha). Dans un autobus municipal qui roulait à travers Maslak, un quartier périphérique de la ville sur le Bosphore, une jeune fille vêtue d’un short, Aysegul Terzi, 23 ans, est brusquement prise à partie par un usager.
Ulcéré par sa tenue, l’homme la menace de mort puis la frappe au visage. Les autres passagers et le chauffeur ne bronchent pas. La jeune fille descend à l’arrêt suivant, se rend à l’hôpital et décide ensuite de porter plainte. Son agresseur est entendu par la police cinq jours plus tard.