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Paris Match, le 10/09/2017
entretien avec Gilles Martin-Chauffier
Dans son nouveau roman, « Cette chose étrange en moi », l’écrivain se sert des métamorphoses de la capitale ottomane pour décrire une résurrection poétique et brutale de son pays.
Paris Match. Pourquoi un intellectuel de la haute bourgeoisie choisit-il d’entrer dans la peau d’un pauvre marchand ambulant pour raconter la métamorphose de sa ville ?
Orhan Pamuk. Pour la première fois de ma vie, en effet, mon héros n’a rien à voir avec moi. Je voulais un homme qui ressemble à tous les hommes. Je ne fais pas parler Mevlut, mon personnage, je fais voir la ville par ses yeux. C’est ça, l’art du roman : s’identifier à quelqu’un d’autre.
Justement, comment avez-vous fait pour obtenir ces milliers d’observations qui rendent si proche la vie de ces pauvres paysans s’installant d’abord dans des bidonvilles ?
J’ai mis six ans à écrire ce livre. Je suis allé me promener dans les banlieues et, en ville, j’ai passé des heures dans les rues à rencontrer des marchands ambulants, à leur acheter du poulet et du riz, à discuter avec eux. Or, ça tombe bien, ils sont bavards : dans ce métier, pour que les clients reviennent, il faut faire des plaisanteries, aimer parler, être aimable, engageant. C’est le caractère de Mevlut, toujours avenant. Mais c’est aussi comme ça que j’ai découvert le rôle essentiel de leurs femmes qui achètent les ingrédients et les préparent. C’est de là qu’est née l’histoire de Mevlut et de Rayiha.
Ce roman d’aventures qui raconte la saga d’une famille sur cinquante ans est aussi un roman d’amour.
Grâce à l’amour, Mevlut ne se voit pas comme un raté. Toute sa famille va s’enrichir sauf lui, mais il se sent comme un héros, un homme qui est allé enlever la femme qu’il aimait pour échapper aux mariages arrangés, courants en Anatolie. La littérature turque s’est souvent moquée de ces unions organisées dans les milieux pauvres. Mais je tenais à cette passion entre eux. Leur histoire est une histoire biblique. Il enlève la sœur de celle qu’il croit aimer et il trouve un bonheur fou. Chez Italo Svevo, Zeno se plaint sur 650 pages là où Mevlut se réjouit. Elle et lui découvrent ensemble le plaisir. Un sujet complètement tabou dans la littérature turque qui n’associe jamais le sexe aux classes laborieuses. Or, moi, je voulais un observateur attachant, tendre, faible mais plein de charme. Il me fallait ce regard-là pour raconter la résurrection infernale d’Istanbul.
Dans vos premiers livres, l’hüzün, la mélancolie turque, est tout le temps présente. Là, elle s’efface. Cette résurrection d’Istanbul, c’est le vrai sujet du livre ?
Mevlut assiste dans sa vie à un changement qui a pris deux cents ans à Paris, mais seulement vingt-cinq à Shanghai : plonger dans la modernité. Car, aujourd’hui, être de son temps, c’est vivre dans une ville. Ce n’est pas que l’apparence d’Istanbul qui a changé. Son humeur aussi est totalement différente. Dans mon enfance, un sentiment d’échec nous baignait, lié au souvenir d’un passé glorieux. Notre ancienne capitale était devenue une ville sale, vieillotte, pleine de charme, mais déclassée. Je pensais que la pauvreté serait éternelle. Puis, peu à peu, les choses ont changé. A partir de l’an 2000, on a commencé à se dire qu’on n’était pas si malheureux. Et la vieille cité aux mille mosquées est devenue une ville de quinze millions d’habitants hérissée de buildings.
Ma colère se répand comme le sang dans les veines, pas comme un coup de poing
Au fur et à mesure qu’avance l’action, Mevlut assiste à plusieurs coups d’Etat militaires, à des émeutes, à des bagarres entre gauchistes et nationalistes, à la montée de l’islamisme, mais rien ne l’intéresse. Pensez-vous que les changements politiques n’ont pas d’importance ?
Mon livre est profondément politique. Je ne veux pas qu’il ne le soit que superficiellement. Donc je ne l’alourdis pas de politique apparente. Ma colère se répand comme le sang dans les veines, pas comme un coup de poing.
On apprend, au passage, que Mevlut a voté pour Recep Tayyip Erdogan à la mairie parce qu’il est pieux et a étudié dans la même école modeste que ses filles. Mais son nom n’est même pas écrit. Pourquoi ?
Je ne tenais pas à m’en servir comme d’un aimant pour attirer le regard des lecteurs, surtout étrangers. Ce livre n’est pas là pour porter des jugements sur lui. Il montre la Turquie et Istanbul, pas tel ou tel. Il est certain qu’on a cru pendant quelques années à l’apparition d’islamo-démocrates comme il y a des chrétiens-démocrates en Allemagne ou ailleurs. Les très décevantes deux ou trois dernières années nous ont refroidis.
Attaqué en justice par des nationalistes, pour les Européens vous êtes le bon Turc qu’on aime interroger pour lui faire dire du mal du gouvernement de son pays. Cela vous flatte ou vous agace ?
Cela m’agace. Quand on passe six ans sur un texte, on n’a pas envie de tomber sur des gens qui vous demandent votre avis sur Erdogan. Mais c’est inévitable. Un jour, à Bologne, Umberto Eco m’avait dit : “J’en ai par-dessus la tête, les journalistes viennent et ne me demandent que mon avis sur Berlusconi.” A l’époque, j’avais ri. Aujourd’hui, je compatis. Cela dit, ces derniers temps, les choses s’arrangent. Désormais, aux Etats-Unis, où j’enseigne en faculté, on me demande : “Que pensez-vous de Trump ?”
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