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Le Point, le 03/09/2016
Depuis Istanbul, l’écrivain turc s’inquiète de la disparition de la laïcité et de la situation de plus en plus chaotique de son pays.
Par Valérie Marin la Meslée
Nedim Gürsel chez lui, à Istanbul, le 25 août. © Ivor Prickett/PANOS-REA
Né à Gaziantep, ville récemment meurtrie par l’attentat du 20 août, basé à Paris et actuellement en Turquie, Nedim Gürsel est l’un des plus grands écrivains turcs. Traîné devant les tribunaux pour son roman Les Filles d’Allah, celui qui a reçu la plus haute distinction littéraire de son pays pour Un long été à Istanbul et mis en scène dans son dernier roman, Le Fils du capitaine, le premier coup d’État de 1960, a répondu à nos questions depuis sa maison sur le Bosphore.
Le Point : Vous êtes turc, écrivain. De tous côtés des auteurs, des journalistes, mais aussi des juges, des professeurs d’université sont interpellés, voire arrêtés, des maisons d’édition et des médias sont fermés : que pensez-vous de cette dérive du pouvoir turc ?
Nedim Gürsel : Ce qui me préoccupe beaucoup dans le chaos ambiant, c’est la chasse aux sorcières à laquelle nous assistons. Sous prétexte de faire une purge frappant les membres de la confrérie Gülen, des journalistes sont arrêtés alors qu’ils n’ont rien à voir avec ce coup d’État raté et n’ont jamais été membres d’organisations terroristes. Le gouvernement semble profiter de l’état d’urgence pour réduire l’opposition à néant. Arrêter tous ces journalistes relève d’une intimidation délibérée. Je suis vraiment très inquiet, parce que la Turquie, qui recherche d’autres alliances, s’éloigne de jour en jour de la perspective européenne. Si elle devient un pays du Moyen-Orient autoritaire, elle ratera une chance historique. Sans cette perspective européenne, le peu de démocratie qui existe encore risque fort de disparaître à jamais. Aujourd’hui, on n’entend plus qu’une seule voix dans les médias, une voix répétant que la Turquie est menacée de partout et que le président Erdogan, héros national, combat le mal. Je suis révolté par le nombre de journalistes qui se font l’écho de ce discours. À aucune période de l’histoire récente de la Turquie, il n’y a eu un tel manque d’objectivité. Et de tels éloges des dirigeants. Voilà l’atmosphère…
Le discours d’Erdogan n’admet pas l’égalité entre l’homme et la femme.
De quoi relève, à votre avis, le cas précis de la romancière Asli Erdogan (1), arrêtée dans la nuit du 16 au 17 août, et incarcérée à Istanbul ?
Asli Erdogan tient une chronique dans le journal Özgür Gündem [prokurde, NDLR], et donc elle est accusée de complicité avec le PKK… En Turquie, les écrivains ont souvent été malmenés par le pouvoir. Je me suis trouvé à trois reprises devant un tribunal pour avoir écrit des romans. Cela montre bien que la Turquie n’a jamais pu accepter la liberté d’expression, qui est une des valeurs fondamentales de la démocratie. Un long été à Istanbul m’a valu de comparaître pour « offense à la sécurité nationale » ; La Première Femme, pour « offense à la morale publique », et Les Filles d’Allah pour « dénigrement des valeurs religieuses de la population ». Il y a eu procès, et j’ai été acquitté chaque fois. L’arrestation d’Asli Erdogan, elle, a lieu dans cette période d’état d’urgence : alors, à quand son procès ? Sa santé est très fragile, j’espère que la mobilisation, ici et en Europe, permettra sa libération.
Votre roman Les Filles d’Allah, qui vous a valu comparution, portait sur l’éducation islamique de votre enfance. Depuis quand la Turquie laïque a-t-elle commencé à s’affaiblir ?
En 2009, l’AKP, le parti islamo-conservateur, était déjà au pouvoir, mais, au début, il a joué la carte de l’Europe pour contrecarrer le poids de l’armée. Depuis les années 2008-2009, il est devenu de plus en plus autoritaire, et anti-laïque. Il a fait en sorte que la société turque soit de plus en plus conservatrice. La laïcité, qui est garantie par la Constitution, n’a pas été respectée par ce parti au pouvoir et par son président, Erdogan. Aujourd’hui, en Turquie, il y a un discours islamiste nationaliste qui est devenu pour des gens comme moi (environ 30 % de la population) insupportable. Le discours d’Erdogan n’admet pas l’égalité entre l’homme et la femme et se réfère constamment aux valeurs de l’islam. L’État ne doit pas dicter au citoyen comment il doit s’habiller, combien d’enfants il doit faire ni ce qu’il doit manger et boire, et pourtant « papa Erdogan », lui, le dit.
Que reste-t-il de l’héritage d’Atatürk ?
Il est de plus en plus menacé. La République de Turquie a été fondée sur le modèle jacobin, et son héritage le plus important est la laïcité, que l’AKP ne respecte pas. L’héritage ottoman est, lui, de retour. La conquête de Constantinople par Mehmet II est célébrée chaque 29 mai par un pays candidat à l’Union européenne, avec des portraits géants d’Erdogan. C’est grotesque, d’autant que derrière cette parade caricaturale se joue une véritable instrumentalisation politique, avec une libération des discours antieuropéens, antigrecs… Erdogan se plaît aujourd’hui à répéter que « nos ancêtres les sultans ne descendaient jamais de cheval »…
Comment voyez-vous la question kurde ?
La Turquie craint l’émergence d’un État kurde dans le nord de la Syrie, menace pour l’unité nationale. Le problème pourrait être résolu dans le cadre démocratique, puisqu’il y a une quarantaine de députés HDP (parti kurde) au Parlement. Mais il ne faut pas oublier que, tous les jours, il y a des morts du côté des forces de l’ordre et beaucoup plus du côté du PKK, qui mène une lutte armée, donc beaucoup trop de morts [voir encore l’attentat du 26 août à Cizre, NDLR]. Dans ce contexte, la chance de négociation démocratique n’existe plus. Je ne sais pas qui a commencé du pouvoir ou des Kurdes, mais on ne s’en sort pas. Depuis la tentative de coup d’État, les autres partis de l’opposition rencontrent le Premier ministre du gouvernement, mais le HDP est exclu de ce consensus et de ce dialogue. Si cela continue, il y a un risque de guerre civile en Turquie, augmenté par l’implication dans le bourbier syrien. Mon pays, plus qu’ambigu au sujet de Daech, s’est maintenant rangé du côté de la coalition. Pour combattre à la fois Daech et le bras armé du PKK en Syrie, c’est-à -dire les Kurdes.
Que peuvent les écrivains, les intellectuels dans ce contexte ? Qu’entendez-vous actuellement autour de vous à Istanbul ?
Même après les coups d’État militaires, dans un contexte de répression, les intellectuels avaient de l’espoir. Pour la première fois, je constate que les gens sont désespérés : pas d’élections prochaines, et de toute façon la base électorale d’Erdogan est consolidée. Je comprends la déception de mes collègues et leur tentation de partir. L’exil peut être une expérience enrichissante du moment que l’on ne se coupe pas de son pays d’origine. Moi, j’écris en turc et je reviens dans cette maison sur le Bosphore [à cet instant, le muezzin couvre notre conversation], avec le minaret tout proche, comme vous pouvez l’entendre… Et même si notre président Erdogan ne veut pas qu’on boive de l’alcool de manière ostentatoire, je vous invite volontiers à boire un raki, notre boisson nationale alcoolisée, sur ma terrasse, sans aucune honte.
1. Les romans d’Asli Erdogan sont publiés chez Actes Sud dans la collection « Lettres turques » dirigée par Timour Muhidine.
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