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Le Point, le
SOURCE AFP
La Turquie poursuit son offensive en Syrie. Au moins 35 civils ont été tués dimanche dans le nord du pays par des bombardements de l’armée turque. En déplacement à Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé vouloir lutter avec « la même détermination » contre les forces kurdes et le groupe État islamique (EI), une semaine après un attentat qui a fait 55 morts pendant d’un mariage kurde dans cette ville proche de la frontière syrienne.
Les tirs d’artillerie et les frappes aériennes menés par la Turquie dans le cadre de l’opération Bouclier de l’Euphrate se concentrent sur la zone au sud de Jarablos, ex-fief du groupe État islamique (EI) proche de la frontière turque. Cette localité a été la première à tomber aux mains de rebelles soutenus par Ankara. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui s’appuie sur un large réseau de sources en Syrie, a signalé la mort d’au moins 40 civils dans ces bombardements turcs. Les tirs d’artillerie et les frappes aériennes effectués par la Turquie, qui se concentrent sur la zone au sud de Jarablos, ont provoqué dimanche la mort d' »au moins 20 civils » dans le village de Jeb el-Koussa et de 20 autres près du village d’al-Amarné, a déclaré Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH. Les bombardements ont aussi fait plus de 70 blessés.
Ces morts civiles sont, selon l’OSDH, les premières depuis le début mercredi de l’opération turque visant à chasser l’EI de sa frontière et à stopper la progression des autonomistes kurdes. Un porte-parole de l’administration semi-autonome instaurée par les Kurdes en Syrie depuis 2012 à la faveur de la guerre a pour sa part donné un bilan de « 75 morts » dans les deux villages. L’armée, citée par l’agence pro-gouvernementale Anadolu, a indiqué que 25 « membres terroristes » du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et du Parti de l’Union démocratique (PYD) en Syrie avaient été tués par des frappes aériennes près de la localité de Jarablos. D’après la télévision turque NTV, l’artillerie et les avions turcs ont bombardé toute la nuit et dans la matinée des positions des Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale force armée kurde en Syrie.
Jeb el-Koussa est situé à 14 kilomètres au sud de Jarablos et est contrôlé par des combattants locaux soutenus par les forces kurdes. D’après l’OSDH, au moins quatre combattants ont été tués dans les bombardements sur le village. Samedi, des affrontements avaient éclaté pour la première fois entre des chars turcs et des combattants kurdes ou soutenus par ces derniers à al-Amarné, à 8 kilomètres au sud de Jarablos. Ils ont provoqué la première mort, côté turc, d’un soldat qui a été tué dans une attaque à la roquette menée contre deux chars turcs par les YPG. La Turquie considère le PYD (Parti de l’Union démocratique, principal parti kurde de Syrie) et sa branche armée, les YPG, comme des organisations « terroristes », bien qu’elles soient épaulées, en tant que forces combattant efficacement les djihadistes, par Washington, allié traditionnel d’Ankara. Le soldat tué, Ercan Celik, 28 ans, sera enterré dimanche à Ganziantep, où le président turc Recep Tayyip Erdogan sera en visite. Dans un communiqué, les Kurdes ont accusé Ankara de « vouloir élargir son occupation pour parvenir à d’autres régions syriennes ».
Sur un autre front de la guerre en Syrie, qui devient de plus en plus complexe, l’ONU attendait toujours la décision des belligérants concernant un cessez-le-feu humanitaire de 48 heures pour venir en aide à la population assiégée d’Alep, deuxième ville du pays. Cet appel avait été lancé samedi par l’envoyé spécial de l’ONU, Staffan de Mistura, au lendemain de l’annonce par Moscou et Washington de progrès vers une cessation des combats en Syrie, mais avec de nombreuses modalités encore à définir. Staffan de Mistura avait appelé les belligérants « à faire tous les efforts possibles afin de donner une réponse d’ici dimanche ».
Plusieurs groupes rebelles, qui contrôlent l’est de la ville, ont annoncé dimanche dans un communiqué qu’ils acceptaient le principe de trêve, mais « sous conditions ». Ils ont notamment réclamé que l’entrée de l’aide à Alep se fasse « via la route de Ramoussa », un passage contrôlé par les rebelles au sud de la métropole et non pas via la route du Castello, contrôlée par les troupes gouvernementales au nord. Ils expliquent qu’ils ne veulent pas que « le régime d’Assad contrôle le seul accès par lequel transiterait l’aide humanitaire vers les quartiers » aux mains des insurgés à Alep. L’émissaire onusien a déploré samedi ces réticences. Le régime de Damas, lui, n’a toujours pas réagi. L’ancienne capitale économique de la Syrie est menacée d’« une catastrophe humanitaire sans précédent » depuis le début de la guerre, a récemment averti l’ONU. Quelque 1,5 million de personnes y sont prises au piège des rebelles et des forces gouvernementales syriennes depuis la mi-juillet, quand les combats se sont intensifiés.
Sur un autre front de la guerre en Syrie, des obus tirés par des rebelles ont touché des quartiers tenus par le régime à Homs (centre), blessant au moins deux personnes, selon l’OSDH. Dans le même temps, les forces gouvernementales ont à nouveau bombardé le quartier de Waer, où au moins huit frappes ont eu lieu dimanche, selon la même source. Au moins trois personnes ont été tuées et 20 blessées.
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