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Le Monde, le 22/05/2018
Par Gilles Kepel
(Professeur à l’Université Paris Sciences et Lettres, dirige la chaire Moyen-Orient Méditerranée à l’Ecole normale supérieure)
Spécialiste du monde musulman, l’auteur de « Que s’est-il passé? L’Islam, l’Occident et la modernité » s’est éteint samedi 19 mai, à 101 ans.
Bernard Lewis, le 1er décembre 2000. Basso Cannarsa / Opale/Leemage
Avec la disparition, samedi 19 mai, à 101 ans, de Bernard Lewis, c’est toute une tradition d’érudition « orientaliste », mêlée à l’intervention passionnée dans le débat public, qui s’éteint. L’encre du savant est plus précieuse que le sang des polémistes et, malgré le bruit et la fureur qu’ont suscités ses prises de position, célébrées aujourd’hui de Benjamin Nétanyahou au secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, c’est son extraordinaire connaissance du monde islamique qui lui survivra.
Auteur de plus de trente ouvrages – dont la plupart ont été traduits en français – couvrant des domaines qui vont de la civilisation arabe classique aux mouvements islamistes contemporains, en passant par l’histoire ottomane et turque, qui fut son thème de prédilection, Bernard Lewis était également un styliste à la plume acérée. Cela permit à son œuvre de trouver un rayonnement auprès d’un large public dans le monde entier, dépassant les cénacles académiques.
Né britannique, dans une famille juive, le 31 mai 1916, durant la première guerre mondiale, il apprit, enfant, l’hébreu des prières et découvrit un jour qu’il s’agissait d’une langue. Celle-ci lui ouvrit la voie de l’araméen, puis de l’arabe, et sa curiosité l’amena au persan, à l’ottoman ancien et au turc moderne. Cette extraordinaire maîtrise linguistique lui permit de pénétrer au plus profond les cultures de l’Orient, qu’il lisait dans le texte et citait à profusion.
Caution savante pour George W. Bush
Politiquement conservateur, il allait rester, tout au long d’une existence qui se confondit avec le siècle écoulé, très attaché à la cause d’Israël. Traversant l’Atlantique après la fin de la seconde guerre mondiale, comme tant d’universitaires d’outre-Manche, pour y bénéficier des facilités exceptionnelles des campus américains, il rejoignit l’université de Princeton où, avec son collègue Charles Issawi, il fut le pilier du département des études du Proche-Orient – il deviendra, en 1982, citoyen des Etats-Unis.
Sa sensibilité de droite – qui ne l’empêcha pas de mener, en France, un compagnonnage savant avec Maxime Rodinson, très engagé à gauche – ainsi que son engagement pour Israël lui ouvrirent l’accès aux cercles néoconservateurs qui élaborèrent la politique américaine au Moyen-Orient à l’époque du président George W. Bush, après les attentats du 11 septembre 2001. Avec son collègue Fouad Ajami, disparu en 2014, il en fut la source et la caution savante, même s’il prit ses distances par la suite avec la catastrophe que constitua pour Washington l’occupation de l’Irak.
En 1978, L’Orientalisme – le livre best-seller d’Edward Saïd, d’origine palestinienne et professeur de littérature comparée anglo-française à l’université Columbia – fit de Bernard Lewis sa cible principale. Cet ouvrage, qui a polarisé jusqu’à nos jours le champ disciplinaire des études sur le Moyen-Orient et a contribué à en faire un champ de ruines, lui reprochait d’avoir construit, dans la foulée d’une tradition d’auteurs européens remontant aux savants de la Description de l’Egypte de l’expédition de Bonaparte en 1799, la figure de « l’Oriental » comme un autre radical, assigné à une culture figée, dont la description visait à l’assujettir à la domination coloniale, puis impérialiste et sioniste.
Le désamour de la France
Cette incrimination globale fut l’acte fondateur des « post-colonial studies » qui dominent, depuis lors, les campus américains et touchent désormais les universités françaises. Par-delà les oppositions politiques entre les deux professeurs autour du conflit israélo-palestinien, où chacun s’était fait le champion de l’une des causes, le débat a ouvert des failles persistantes. Saïd a réduit le savoir livresque de Lewis à une machinerie lui permettant d’« essentialiser » les peuples arabes contemporains en ramenant leurs comportements politiques à des textes anciens imprégnés de tradition religieuse, leur déniant ainsi toute modernité. Il en découlera que seuls les indigènes seraient légitimes à produire du savoir sur eux-mêmes, au détriment des universitaires « néocoloniaux » toujours biaisés. C’est le fondement des procès en « islamophobie » intentés aux professeurs « blancs » par le parti des Indigènes de la République et leurs compagnons de route « racisés ».
Lewis et ses disciples ont indéniablement tenu trop peu compte des sciences sociales et humaines, et négligé l’observation d’un terrain qui ne se réduit pas aux bibliothèques, dès lors que l’on veut rendre compte des sociétés contemporaines du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, voire de l’immigration de celles-ci vers l’Europe et ses banlieues. Mais l’hypercritique de Saïd et de ses épigones a invalidé la connaissance de la culture profonde – rendant impossible de comprendre par exemple les modalités du lien entre Al-Qaida ou l’organisation Etat islamique, les sermons salafistes et les Ecritures saintes de l’islam. Un enjeu dont on ne saurait sous-estimer l’importance et auquel l’université doit apporter, sous peine de discrédit, sa contribution savante.
Le caractère entier de Bernard Lewis lui a valu un désamour spécifique en France : condamné par un tribunal pour des propos tenus dans les colonnes du Monde en 1993 et 1994, dont il a été jugé qu’ils relativisaient le génocide arménien, il a voué depuis lors aux gémonies un pays dont il connaissait intimement la culture…
Mais, par-delà les polémiques politiques, par-delà les aspects aujourd’hui datés d’une épistémologie restée rétive aux sciences humaines, Bernard Lewis témoigne d’un temps où la connaissance des langues et des cultures de l’Orient était un préalable nécessaire à l’analyse de ses sociétés : c’est la leçon toujours actuelle que laisse l’érudit de Princeton au monde qu’il vient de quitter.
L’historien Bernard Lewis en quelques dates
31 mai 2016 Naissance à Londres.
1950 « Les Arabes dans l’histoire » (Flammarion).
1957 Invente l’expression « choc des civilisations », popularisée par son assistant Samuel Huntington.
1961 « Islam et laïcité. La naissance de la Turquie moderne » (Fayard).
1971 « Race et Couleur en pays d’Islam » (Payot).
1984 « Juifs en terre d’Islam » (Calmann-Lévy).
1995 « Histoire du Moyen-Orient » (Albin Michel).
1995 Condamné par un tribunal civil pour des propos tenus dans Le Monde sur le génocide arménien.
2001 « Que s’est-il passé? L’Islam, l’Occident et la modernité » (Gallimard).
19 mai 2018 Mort à Voorhees Township (New Jersey
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