Le Huffington Post, le 12/10/2016
En renvoyant Noori en Turquie, et en refusant délibérément d’accueillir un réfugié sans même examiner le fond de sa demande d’asile, la Grèce prendrait une mesure extrêmement alarmante
Bienvenue sur le site de l'Association A TA TURQUIE.
A TA TURQUIE, créée en 1989 pour faire connaître la culture turque, à la fois au grand public et aux jeunes générations issues de l’immigration turque, a rapidement développé ses actions pour répondre aux besoins des personnes originaires de Turquie et des responsables chargés des questions sur l'intégration.
Soutenez A TA TURQUIE en adhérant ou en faisant un don en cliquant ici.
A TA TURQUIE, créée en 1989 pour faire connaître la culture turque, à la fois au grand public et aux jeunes générations issues de l’immigration turque, a rapidement développé ses actions pour répondre aux besoins des personnes originaires de Turquie et des responsables chargés des questions sur l'intégration.
Consultez le Pressbook d'A TA TURQUIE d'articles parus dans la presse régionale et nationale depuis 1990 et faites-vous une idée des actions et manifestations organisées par l'Association.
Suivez la presse quotidienne en relation avec la Turquie et retrouvez nos archives d'articles de presse depuis 2001 : La Turquie dans les médias francophones, extrais de la presse turque, l'Europe et la Turquie, immigration, économie... Lire la suite...
Consultez les informations consulaires, les démarches nécessaires pour un mariage franco-turc, valider en France un divorce prononcé en Turquie, demande de visa pour venir en France, recours en cas de refus de visa...
Depuis 1989, A TA TURQUIE publie la revue bilingue Oluşum/Genèse d'art et de littérature. Elle est un outil de communication interculturelle traite de sujets très variés, touchant à la littérature, aux arts et à l'immigration. Elle publie également divers ouvrages (recueils de poèmes, récits, contes...)
L'association vous informe des nouvelles parutions et met à votre disposition une bibliothèque numérique de plusieurs centaines d'ouvrages classés par auteur.
Oluşum/Genèse est une revue bilingue (français/turc) d'art et de littérature. Elle est un outil de communication interculturelle et constitue une plate-forme pour toutes les créations artistiques des jeunes et traite de sujets très variés, touchant à la littérature, aux arts et à l'immigration. Lire la suite...
Abonnez-vous à une revue unique en son genre destinée à tout public institutionnel ou privé pour qui la culture est un support de travail et de réflexion.
Avec plus de 20 ans d’actions culturelles, A TA TURQUIE met à votre disposition son savoir-faire et vous propose sa collaboration pour l'organisation de manifestations culturelles, notamment dans le cadre de l’interculturalité : expositions, conférences, conférence-diapo... Lire la suite...
Avec plus de 30.000 pages vues/mois, A TA TURQUIE vous donne la possibilité d'afficher vos encarts publicitaires pour un public ciblé avec un trafic de qualité.
A TA TURQUIE vous informe des manifestations culturelles en relation avec la Turquie organisées en France dans son agenda. Vous pouvez également ajouter vos propres manifestations dans l'agenda pour une meilleure promotion. Lire la suite...
Le Huffington Post, le 12/10/2016
Giorgos Kosmopoulos, chargé de recherches sur les questions migratoires en Europe à Amnesty International
En renvoyant Noori en Turquie, et en refusant délibérément d’accueillir un réfugié sans même examiner le fond de sa demande d’asile, la Grèce prendrait une mesure extrêmement alarmante
Cet étudiant de 21 ans, que j’appellerai « Noori » afin de protéger son identité, risque en effet de devenir le premier réfugié à être renvoyé de force en Turquie depuis la Grèce au titre de l’accord UE-Turquie sans que sa demande d’asile soit examinée, ce qui créerait un dangereux précédent.
La plus haute juridiction administrative grecque, le Conseil d’État, examine actuellement une requête demandant la suspension de son expulsion, la Commission d’appel sur l’asile ayant estimé que la Turquie était un « pays tiers sûr » pour les Syriens. Or, les éléments recueillis indiquent que, du moins actuellement, la Turquie est loin d’être un pays sûr pour les demandeurs d’asile et les réfugiés.
L’histoire de Noori
Noori est issu d’une famille de médecins et comme il voulait venir en aide aux autres personnes en Syrie, il fait des études pour devenir infirmier : « Je voulais être infirmier pour aider les blessés. C’est le moins que je puisse faire, après tout ce que j’ai vu. »
Il m’a dit qu’il avait commencé sa formation depuis huit mois quand les bombardements ont bloqué l’accès à l’hôpital. En avril 2015, son village a été frappé et il a vu mourir sous ses yeux deux familles de son voisinage. Le fils d’une de ces familles faisait partie de ses proches amis.
« Le père était le directeur de mon école ; il n’y a que mon ami qui a survécu à ce bombardement, tous les autres membres de la famille sont morts. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de partir ; je n’en pouvais plus. » – Noori
Noori a donc quitté la Syrie le 9 juin 2016 pour rejoindre l’Europe, dans l’espoir d’y trouver la sécurité et un avenir.
Il est arrivé en Grèce en passant par la Turquie, mais cela n’a pas été facile pour lui de rejoindre ce pays. Il a expliqué que lors de ses deux premières tentatives, il a été arrêté par la police et frappé par des militaires turcs, puis renvoyé en Syrie. La troisième fois, nous a-t-il dit, le groupe dans lequel il se trouvait a été attaqué par un groupe armé et 11 de ses compagnons ont été tués.
Finalement, la quatrième tentative a été la bonne : il a réussi à entrer en Turquie et y est resté un mois et demi. D’autres Syriens lui ont dit qu’il était très difficile de trouver du travail en Turquie, et qu’à la suite du coup d’État manqué la situation était devenue encore plus instable. Ils lui ont dit aussi que les Syriens n’étaient « pas traités comme des êtres humains ». Noori a eu peur et s’est dit qu’il n’y avait « pas d’avenir » pour lui là -bas. Comme son objectif était de rejoindre l’Europe où il avait de la famille, il n’a pas déposé de demande d’asile et a poursuivi son voyage jusqu’en Grèce, et est arrivé sur l’île de Lesbos le 28 juillet 2016.
Il a déposé une demande d’asile en Grèce quelques jours après son arrivée dans le pays, mais sa demande a été déclarée « irrecevable » et a été rejetée sans examen complémentaire. Il a été décidé que la Turquie était un « pays sûr » où Noori pouvait retourner, et cette décision a été confirmée en appel. Il a en conséquence été immédiatement arrêté.
« Je n’ai jamais pensé que j’allais être emprisonné quand je suis arrivé en Europe […] Je ne comprends pas pourquoi on m’a arrêté. Je suis venu chercher ici une nouvelle vie. » – Noori
L’idée fausse selon laquelle la Turquie serait un pays « sûr »
Cette décision part du principe qu’un réfugié syrien sera pleinement protégé en Turquie, ce qui est fondamentalement erroné. L’idée selon laquelle la Turquie respecte pleinement les droits des demandeurs d’asile et des réfugiés est fausse, du moins actuellement La Turquie ne dispose pas d’un système d’asile pleinement opérationnel et elle n’aurait jamais dû être considérée comme un pays sûr, les éléments disponibles indiquant que les protections internationales requises par la Convention relative aux réfugiés ne sont pas en place.
La Turquie n’offre pas le statut plein et entier de réfugiés aux réfugiés syriens. L’immense majorité des réfugiés et des demandeurs d’asile ne bénéficient d’aucune aide de l’État et n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins. Un grand nombre de réfugiés sont donc sans ressources et vivent dans des conditions misérables.
Les avocats et les observateurs internationaux n’étant toujours pas autorisés à se rendre dans les camps fermés où Noori pourrait être envoyé, il est peu probable que la Turquie soit un « pays tiers sûr ».
Un dangereux précédent
Noori veut rejoindre son cousin qui vit en Europe, et trouver un travail pour aider sa famille dans son pays ou poursuivre ses études, ce qui lui semble impossible en Turquie. Il craint de s’y retrouver sans abri et en danger.
Noori aurait dû commencer maintenant à travailler comme infirmier, à s’occuper de ses sept jeunes frères et sÅ“urs, et à bâtir sa vie. Au lieu de cela, il est détenu en Grèce et risque d’être expulsé très prochainement, car un tribunal est en train d’examiner son cas.
Ses amis lui manquent et il n’a pas la possibilité de contacter sa famille depuis la prison.
Il veut adresser le message suivant au Premier ministre grec :
« Avant de me renvoyer de force en Turquie, s’il vous plaît veuillez [vérifier] si ce pays est sûr. Si ce n’est pas le cas, ne m’y renvoyez pas. »– Noori
En renvoyant Noori en Turquie, et en refusant délibérément d’accueillir un réfugié sans même examiner le fond de sa demande d’asile – en vertu d’un accord cruel et douteux passé avec la Turquie –, la Grèce prendrait, au nom de l’UE, une mesure extrêmement alarmante.
Noori veut dire aux dirigeants européens qu’il veut simplement, tout comme les autres réfugiés, trouver un endroit où il sera en sécurité : »Vous êtes en sécurité. S’il vous plaît, ouvrez les yeux et comprenez pourquoi nous venons ici. »
Ce qui est paradoxal, c’est que pour les réfugiés l’Europe est une région sûre car ils la considèrent comme un défenseur des droits humains. Mais si l’Europe veut continuer de refléter cette image sur la scène internationale, elle doit agir en conséquence. En renvoyant des réfugiés qui cherchent une protection, elle ne se montrerait guère à la hauteur de sa réputation.
Copyright 2014 - A TA TURQUIE - Toute reproduction strictement interdite - Realisation : SOUTREL Dominique - Contactez-nous
Association A TA TURQUIE - 43 rue Saint Dizier - 54000 Nancy / FR - Tél. : 03 83 37 92 28 - Fax : 09 58 77 68 92 - contact@ataturquie.fr
Remerciements à COPLU pour les illustrations du site
Pour tout don, vous pourrez en déduire 66% de vos impôts