Etude du chercheur Ibrahim Bachir Abdoulaye (doctorant à l’université de Bayreuth)
Les dernières élections présidentielles ont renforcé la stabilité politique de l’Algérie en brisant l’impact des manifestations qui durent depuis près d’un an. En vue de répondre aux demandes du peuple, le président Abdelmadjid Tebboune qui a remporté les élections, a annoncé des réformes économiques et la réalisation d’un référendum pour une nouvelle constitution. Par ailleurs, Tebboune fait preuve d’une forte volonté pour jouer un rôle actif dans la résolution de l’instabilité qui règne dans la région.
La Turquie qui se renforce en protégeant sa stabilité malgré les crises dans sa région et qui se développe sur le plan économique et démocratique, est un pays qui peut servir d’exemple dans ce sens pour l’Algérie. Les relations entre les deux pays ayant des liens historiques et des aspects communs ou similaires, se poursuivent en se renforçant. D’ailleurs, la consolidation de la coopération économique turco-algérienne ces derniers temps, donne de l’espoir quant à l’avenir des relations bilatérales. Cela peut notamment faciliter le renforcement de la position de l’Algérie en Afrique via la Turquie.
La visite officielle les 26-28 janvier en Algérie, en Gambie et au Sénégal du président Recep Tayyip Erdogan accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires, a consolidé la coopération économique et politique avec les pays africains.
La visite en Algérie du président Erdogan est la première effectuée au niveau présidentiel depuis l’élection de son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. Elle porte par conséquent une signification symbolique du point de vue des relations entre les deux pays.
Les relations économiques en développement
L’Algérie est l’un des plus importants partenaires économiques de la Turquie en Afrique. D’après les chiffres officiels, le volume commercial entre les deux pays est de plus de 4,5 milliards de dollars. Pays stable, l’Algérie attire l’attention des investisseurs turcs. Dans ce sens, la Turquie se classe en tête des investisseurs étrangers en Algérie. Les compagnies turques prennent part dans des projets variés en Algérie, comme la construction des logements sociaux, des hôpitaux, des barrages, des voies routières et des tunnels. Dans ce cadre, une des plus grandes compagnies d’acier de Turquie a fondé en 2013 une usine de sidérurgie à Oran, au nord-ouest de l’Algérie, avec un investissement de 750 millions de dollars.
En contrepartie, l’Algérie a commencé à investir en Turquie dans le secteur de l’énergie. Lors du Forum de travail turco-algérien organisé lors de sa dernière visite en Algérie, le président Erdogan a annoncé qu’une usine de pétrochimie sera fondée à Adana en partenariat avec la compagnie nationale énergétique algérienne Sonatrach et le groupe turc Ronesans. Ce projet d’un coût de 1,4 milliard de dollar, montre la forte volonté des deux pays à accroitre réciproquement les investissements.
Comme l’Algérie est le 9e producteur mondial de gaz naturel et se classe en 16e position du point de vue de ses réserves pétrolières, elle présente d’importantes opportunités pour la Turquie. Les démarches entreprises par la Turquie pour développer la coopération dans les questions énergétiques, régionales et mondiales, avec l’Algérie qui est son troisième plus grand fournisseur en gaz naturel après la Russie et l’Iran, permettront d’élever ces relations au niveau d’un partenariat stratégique.
Coopération politique
Outre une coopération économique puissante, la Turquie souhaite ces derniers temps coopérer avec l’Algérie en termes de politique régionale. La visite du ministre des Affaires étrangères puis du président en moins d’un mois est la preuve de cette forte volonté. Lors de sa visite en Algérie le 6 janvier, le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a effectué d’importants entretiens. Par ailleurs, la visite officielle du président Erdogan le 26 janvier ainsi que ses entretiens portant sur les développements régionaux et internationaux ainsi que sur les relations économiques, montrent que cette volonté est réciproque. La question libyenne est sans nul doute un des sujets importants pour les deux pays. Ayant des frontières terrestres avec la Libye, l’Algérie est incontestablement affectée par l’instabilité de ce pays. De même, comme la Libye est un pays méditerranéen, la Turquie fait partie des pays qui peuvent être affectés par le chaos qui y règne. C’est pourquoi, la coopération entre la Turquie et l’Algérie qui souhaitent que la Libye retrouve rapidement sa stabilité, contre les démarches destructives de l’Egypte et des Emirats arabes unis qui soutiennent le putschiste Khalifa Haftar, revêt une grande importance pour la stabilité régionale.
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