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Le Monde, le 28/02/2020
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Le fils de Melek Çetinkaya était cadet au moment de la tentative de putsch de juillet 2016. « Il n’a fait qu’obéir aux ordres », explique sa mère qui, malgré les obstacles et les menaces, se bat pour la libération du jeune homme condamné à perpétuité.
LETTRE D’ISTANBUL
Longtemps, Melek Çetinkaya a mené une existence sans histoires. Mariée à un comptable, cette mère de famille de 43 ans vaquait à l’entretien de son appartement situé dans un faubourg d’Ankara et à l’éducation de sa progéniture, deux garçons et une fille, qui, elle en était sûre, étaient promis à un avenir brillant.
Son aîné, Furkan, faisait toute sa fierté. Cadet à l’Académie de l’armée de l’air à Istanbul, sa carrière de pilote de chasse semblait toute tracée. Jusqu’à la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, lorsqu’il a été arrêté et incarcéré à la prison de haute sécurité de Silivri à la périphérie d’Istanbul.
Le 19 mai 2017, Furkan et ses camarades, alors âgés de 20 ans, sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Le juge est d’autant plus déterminé que le président Recep Tayyip Erdogan et son premier ministre du moment, Binali Yidirim, se sont portés partie civile. Melek, qui assiste à l’audience avec d’autres mères, sent le sol se dérober sous ses pieds. « Comment est ce possible ? Ces gamins ne sont pas des putschistes, ils n’ont fait qu’obéir aux ordres de leur commandant, lequel n’a jamais été inquiété », explique-t-elle, calme et digne, dans un café du quartier de Balat à Istanbul.
« Marche pour la justice »
Vêtue du traditionnel « pardesu », ce manteau ample que portent les femmes des milieux conservateurs, la tête recouverte d’un foulard bariolé, la mère de famille raconte comment sa vie a changé du tout au tout après la condamnation de son fils. « Comme personne n’a voulu m’entendre, je n’ai pas eu d’autre solution que de descendre dans la rue. »
Elle décide alors d’organiser une « Marche de la justice » pour attirer l’attention sur le sort des cadets injustement condamnés. Plusieurs dizaines d’autres mères sont prêtes à marcher avec elle depuis le parc Güven à Ankara jusqu’à la prison de Silivri à Istanbul. L’itinéraire, plus de 500 kilomètres, est annoncé sur le compte Twitter de Melek, fort de 20 000 soutiens.
Le 19 janvier à 14 heures, au moment fixé pour le départ de la marche, la mère de famille sort tout juste du métro lorsqu’elle est saisie par des policiers et emmenée au poste. Des dizaines de femmes qui comptaient marcher avec elle sont interpellées.
Relâchée à deux heures du matin, interpellée à nouveau, Melek va passer trois jours en garde à vue. Depuis, sa vie est un enfer. Mise en examen pour « appartenance à une organisation terroriste », elle doit pointer au commissariat chaque mercredi et chaque samedi. Une voiture de police planque devant son domicile, son téléphone est écouté, son mari a reçu des menaces. La police l’a prévenue, si elle essaie de marcher à nouveau elle ira en prison.
Obéissance
Sa détermination est récente. En citoyenne obéissante, Melek a longtemps été convaincue de l’infaillibilité de l’Etat turc, persuadée que la justice allait finir par triompher. Elle y croyait d’autant plus que son fils Furkan, lui avait livré par bribes, au fil de ses visites bi mensuelles à Silivri, le récit de la nuit du putsch manqué.
Le 15 juillet 2016, plus de 700 cadets de l’armée de l’air sont à l’entraînement dans le camp militaire de Yalova, sur les bords de la mer de Marmara, à une centaine de kilomètres d’Istanbul. Dans la matinée, les élèves pilotes reçoivent la visite du général Abidin Ünal, alors commandant en chef de l’armée de l’air. Dans son discours, le général vante les vertus de l’obéissance et rappelle aux cadets qu’ils doivent être prêts à tuer et à se faire tuer pour défendre la patrie. Au moment du déjeuner, il leur recommande de bien manger car dans la soirée ils vont devoir accomplir une mission qui risque de les fatiguer.
A 22 heures, alors que les chars des putschistes ont pris position sur un pont sur le Bosphore, les cadets sont invités à monter dans des bus. On leur explique qu’ils vont regagner leur académie militaire à Istanbul, jugée plus sûre que le camp de Yalova, soit disant menacé d’une attaque.
A minuit et sept minutes, Furkan prend place dans un bus avec ses camarades, direction Istanbul. Chaque élève pilote est armé d’un fusil d’assaut G-3 et de 40 cartouches. Une heure plus tôt, la tentative de coup d’Etat a été officiellement annoncée via le communiqué d’un obscur « Conseil pour la paix dans la Nation » diffusé sur la chaîne de télévision publique TRT.
Juste après ce communiqué, le président Recep Tayyip Erdogan exhorte les Turcs à sortir dans la rue pour contrer les putschistes. Répondant à l’appel président, des milliers de personnes, dont certaines sont armées, se précipitent dans les rues. La confusion est totale.
116 cadets, dont Furkan, sont bientôt arrêtés par une foule en colère qui les invite à descendre des bus. Après bien des explications, militaires et civils finissent par chanter l’hymne national. Absous, les cadets sont ensuite invités à remonter dans leurs bus. Ils y restent jusqu’à l’aube.
Brusquement, à six heures du matin, les bus sont attaqués par des inconnus qui tentent de les incendier. Les cadets ne bronchent pas, leurs fusils sont cachés sous leurs sièges. Alertée, la police arrive sur place, s’interpose et finit par emmener les cadets et leurs commandants au poste.
C’est à ce moment-là qu’ils deviennent des putschistes, des traîtres à la patrie. Enfermés à 120 dans une cellule prévue pour 40, ils sont déshabillés et battus. Quatre jours plus tard le procureur, qui a recueilli le témoignage d’un seul cadet, décide d’écrouer tout le groupe à Silivri.
Nouveau roman national
Cette nuit-là , à l’échelle de toute la Turquie, 290 personnes ont perdu la vie. « On les a inhumées rapidement. Pas d’autopsies, pas d’enquête. Au fond, personne n’a jamais vraiment su ce qui s’était passé », explique un sociologue soucieux d’anonymat.
Qualifié de « don de Dieu » par le président Erdogan, le putsch a servi de prétexte à des purges massives. 50 000 personnes ont été condamnées de façon expéditive, 150 000 fonctionnaires ont été limogés sur décret. Une seule certitude, les événements trafiques de cette nuit-là ont servi de prétexte à la mise en place d’un nouveau roman national, où le numéro un tient le premier rôle, celui du sauveur de la nation.
Melek est déçue. Jadis, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), au pouvoir depuis 2002, avait ses faveurs. Quand elle a demandé audience à des députés du parti présidentiel, la plupart ont refusé.
« J’ai fini par être reçue par un député qui m’a dit que l’innocence de mon fils et de ses camarades ne faisait aucun doute mais que, malheureusement, le président Erdogan ne pensait pas la même chose et qu’il était impossible de lui faire changer d’avis. »
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