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Le Monde, 28.8.2015
Christophe Ayad
Le problème des génies politiques, ce ne sont pas leurs ennemis, mais eux-mêmes. Ils ne chutent pas à cause des manÅ“uvres de leurs opposants, mais par leur propre faute. Ils ont tout gagné, tout surmonté et finissent par s’ennuyer. Ce qu’ils ont n’est jamais assez, et c’est là que commencent les ennuis. Pendant une décennie, entre 2002 et 2012, Recep Tayyip Erdogan a littéralement marché sur l’eau. Il a créé les conditions d’une croissance à deux chiffres, qui a transformé la Turquie en  » tigre  » euroasiatique aux bases solides en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Afrique. Ankara, devenu une locomotive du groupe des pays émergents, va d’ailleurs accueillir cet automne le sommet annuel du G20.
L’Etat de droit a incontestablement progressé dans ce pays qui avait la maladie des coups d’Etat : afin de desserrer l’étau de l’armée et du kémalisme laïc pur et dur, M. Erdogan s’est rapproché de l’Europe et de ses normes juridiques durant ses premières années au pouvoir, permettant ainsi au voile d’entrer à l’université et réduisant l’arbitraire des tribunaux militaires. Il a restauré le prestige régional et international d’un pays empêtré dans sa douloureuse quête d’identité et dans le déni des épisodes les plus sombres du passé, en amorçant notamment un début de reconnaissance de la  » tragédie  » – le mot génocide reste tabou – arménienne.
Enfin et surtout, Erdogan a démontré dans les faits qu’islam, démocratie et développement, loin d’être incompatibles comme le clament nombre de Cassandre identitaires en Occident, pouvaient aller de pair, voire se renforcer mutuellement. Avant même son discours du Caire, censé donner, en 2009, un  » nouveau départ  » aux relations entre les Etats-Unis et le monde musulman, c’est à Ankara que Barack Obama avait étrenné ce thème.
Duperie diplomatique et politique
Bref, pour la première fois depuis un siècle, la Turquie était de retour : une Turquie non pas vindicative et violente, mais héritière moderne de l’Empire ottoman dans ce qu’il a eu de meilleur. C’est-à -dire une puissance tolérante, confiante en elle-même et dans ses valeurs, à l’exacte charnière entre Orient et Occident. Tandis que le monde arabe s’enfonçait dans l’autocratie et l’obscurantisme, la Turquie de M. Erdogan offrait une autre voie, un modèle, un espoir.
Quant à Erdogan lui-même, comment s’étonner qu’après trois scrutins remportés à la majorité absolue par l’AKP, le parti islamo-conservateur qu’il a forgé et porté au pouvoir, celui-ci se prenne pour un  » néosultan  » ? Peu importe si l’on continuait de se demander si M. Erdogan était plus islamiste que démocrate (ou l’inverse), et de quel bois était fait cet étonnant dirigeant qui avait su dompter l’ombrageuse armée turque et donner l’espoir aux Kurdes d’un début de reconnaissance de leur identité et de leurs droits après deux décennies d’une guerre civile ayant fait 40 000 morts. Pour mesurer le chemin parcouru, il faut se souvenir des années 1990, lorsque l’armée turque menait dans le Sud-Est anatolien contre le PKK kurde, accusé de séparatisme, des campagnes dignes de son homologue française en Algérie au temps de la guerre d’indépendance.
C’est tout cela qui est remis en cause, par l’enchaînement infernal ouvert, le 20 juillet, par l’attentat de Suruç, attribué à l’Etat islamique (EI), et dans lequel 32 jeunes Kurdes ont trouvé la mort. Dans la foulée, M. Erdogan décrétait la guerre contre le groupe djihadiste, qu’on l’a longtemps soupçonné d’épargner, voire de protéger, mais aussi… contre le PKK, qui observait une trêve depuis 2012. Dans les faits, la guerre contre l’EI s’est limitée pour l’instant à trois raids aériens, tandis que l’aviation turque en a effectué… 400 contre la guérilla kurde.
La  » guerre contre le terrorisme  » s’est révélée être une duperie diplomatique – retrouver les bonnes grâces des Etats-Unis après l’accord nucléaire avec l’Iran en ouvrant les bases turques aux avions américains dans le cadre de la guerre contre l’EI – et surtout politique : mobiliser l’électorat nationaliste et éliminer les Kurdes modérés du HDP du jeu politique afin d’effacer la défaite relative des élections législatives du 7 juin. Pour la première fois, l’AKP – notamment concurrencée par le HDP – avait échoué à atteindre la majorité absolue, et a fortiori celle des deux tiers nécessaire pour une réforme constitutionnelle voulue par le président Erdogan et renforçant ses pouvoirs.
En relançant la guerre contre le PKK, M. Erdogan remet tout en jeu, comme un joueur de poker fait tapis : la croissance économique, qui ne cesse de faiblir, le retour à la paix civile avec les Kurdes, l’image de son pays. Tout cela dans l’espoir hypothétique d’une victoire électorale le 1er novembre, afin d’effacer l’affront du scrutin du 7 juin. Le gain est incertain ; les pertes, elles, se font déjà sentir.
Aujourd’hui, Recep Tayyip Erdogan est plus seul que jamais dans son immense palais. Il s’est fâché avec presque tout le monde. En Turquie, ses compagnons de route de la confrérie Fethullah Gülen, la jeunesse progressiste (dégoûtée par la répression du mouvement de Gezi en 2013) et les Kurdes l’ont lâché. A l’étranger, les Occidentaux, échaudés par ses diatribes et son indulgence envers l’EI, sont déçus ; Israël ne lui fait plus confiance depuis l’affaire de la flottille de Gaza ; les dirigeants égyptiens, tunisiens et saoudiens lui en veulent pour son soutien affiché aux Frères musulmans ; une lutte à mort l’oppose à Bachar Al-Assad ; la Russie et surtout l’Iran ne lui pardonnent pas d’avoir voulu renverser leur protégé syrien et de s’être immiscé dans l’imbroglio irakien. Et, pour finir, les djihadistes de l’EI ont aussi juré sa perte.
On voit mal comment, dans un tel contexte, les élections du 1er novembre, si elles se tiennent, apporteront quelque amélioration que ce soit. Le problème de la Turquie, c’est que M. Erdogan est plus solide qu’elle : ce n’est pas lui qui cassera le premier, c’est son pays.
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