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Le Monde, le 22/04/2020
Julia Pascual à Izmir (Turquie)
REPORTAGE
Les conséquences de la pandémie de Covid-19 inquiètent dans un pays qui accueille 3,6 millions de réfugiés. Ces derniers font face à un sentiment d’hostilité croissant au sein de la population turque, notamment à Izmir.
Il paraît loin, le temps où Recep Tayyip Erdogan menaçait l’Europe d’une nouvelle vague migratoire et décidait de ne plus tenir sa frontière avec la Grèce. C’était il y a moins d’un mois. Depuis, la pandémie de Covid-19 a rebattu les cartes. Le 18 mars, la Turquie a fermé ses frontières terrestres avec la Grèce et la Bulgarie pour limiter la propagation du nouveau coronavirus dans le pays. Les autorités turques ont ordonné aux plus de 65 ans et aux personnes atteintes de maladies chroniques de rester chez elles, sous peine d’amende. Les manifestations et rassemblements ont été interdits et les restaurants, cafés et autres espaces collectifs fermés.
Dans ce pays de 82 millions d’habitants qui accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens − 3,6 millions −, les conséquences de la pandémie inquiètent. « C’est une situation d’urgence qui va de nouveau toucher les plus démunis, migrants et réfugiés, redoute Hakan Bilgin, président de Médecins du Monde (MDM) en Turquie. Si tous ces gens n’ont plus de revenus, leur précarité va s’accroître. Rien n’est prévu pour qu’ils puissent se nourrir, se soigner, payer l’eau et l’électricité… C’est une crise dans la crise. »
Izmir, troisième ville de Turquie en bordure de la mer Egée, réputée laïque et anti-AKP, accueille officiellement 150 000 réfugiés syriens – en réalité ils seraient beaucoup plus nombreux. Ils racontent une intégration fragile. Fadi Haydar menait grand train dans le secteur du bâtiment en Syrie. Aujourd’hui, cet homme de 43 ans a le sentiment de « perdre [son] talent » dans des chantiers pour 150 livres turques par jour (21 euros), tandis que sa femme, Racha Kamar, vend à des restaurants des plats syriens confectionnés dans sa petite cuisine.
« Passés du statut d’invités temporaires à celui d’indésirables »
Hulud Hattab est, elle, devenue « chef de famille » par la force des choses. Mariée à 13 ans, mère de trois enfants, elle n’avait jamais travaillé en Syrie. A Izmir, alors que son mari est trop souffrant pour faire vivre le foyer, elle a appris le turc au contact de collègues, dans la cuisine d’un restaurant, comme serveuse, dans une usine textile ou encore une entreprise de fabrication de chaises…
En dépit de la « protection temporaire » dont ils bénéficient dans le pays, les Syriens font face à un sentiment d’hostilité croissant au sein de la population turque. « Depuis l’arrivée des Syriens, les loyers ont augmenté, le système éducatif et les hôpitaux sont pleins et les fake news circulent sur ce qu’ils coûtent aux Turcs », observe Anne O’Rorke, une Irlandaise qui a fondé l’ONG d’aide aux migrants Tiafi.
« Ce qui se passe en Turquie n’est pas différent de ce qui se passe en Europe où les partis d’extrême droite blâment les migrants pour les problèmes sociaux auxquels ils sont confrontés », estiment Danièle Bélanger et Cenk Saraçoglu, auteurs d’une étude sur le sentiment antisyrien dans la ville. « A Izmir, il y a un mécontentement de longue date lié à la situation économique et à la crainte que la ville perde sa tradition séculaire à cause de l’orientation islamique de l’AKP. Au sein de certains groupes de la société turque, les Syriens sont vus comme le symptôme de cette islamisation. En outre, dans le discours politique, ils sont passés du statut d’invités temporaires à celui d’indésirables », poursuivent-ils.
Dans ce contexte, Hulud ne cache pas qu’elle « pense toujours à aller en Europe ». Mais ce rêve lui a déjà coûté cher. En 2016, le canot pneumatique à bord duquel elle était montée s’est renversé et les trois enfants du cousin de son mari se sont noyés. « J’espère aller en Europe, mais de façon légale », insiste à son tour Fadi. En 2015, sa famille et des proches ont été dépouillés de 6 000 dollars (5 400 euros) par un passeur turc véreux qui les a déposés dans un hôtel et n’est jamais réapparu.
Conditions d’hygiène déplorables
« Tout le monde ne veut pas se jeter à l’eau ! », est persuadé Arnaud Al Yasin. Cet archéologue franco-syrien s’est installé à Izmir en 2016 quand la ville n’était qu’un point de transit vers les îles grecques. Il a observé la situation évoluer : « Au début, c’était catastrophique, les enfants étaient dans la rue. Et puis le gouvernement turc a ouvert ses écoles aux Syriens et les familles ont commencé à se stabiliser. » Arnaud Al Yasin a fondé l’association Syrian Vocational and Language Institut (SVLI) qui dispense aux jeunes réfugiés des cours de langue turque le week-end et, depuis peu, de soutien scolaire. Mais son activité est suspendue depuis une semaine en raison de la pandémie.
Arnaud croit à l’intégration. Muhtar Beydili en est le visage heureux. Ce pédiatre dit n’avoir « jamais » ressenti d’hostilité. Turkmène originaire d’Alep, il fait partie des plus de 50 000 adultes syriens qui ont obtenu la nationalité turque. « J’ai une bonne situation, confie-t-il, depuis son bureau de la clinique Medical Park d’Izmir. J’ai une voiture et un appartement de 140 m2. Ici, je peux pratiquer ma religion, entendre le son du muezzin. Et puis, la Syrie n’est pas très loin. » Muhtar est conscient du privilège dont il jouit. Quelque 1,7 million de réfugiés syriens – les plus vulnérables − dépendent de l’aide humanitaire de 120 livres turques (17 euros) mensuelles. Entre 2016 et 2019, moins de 133 000 autorisations de travail ont été délivrées à des Syriens. Beaucoup évoluent dans l’économie informelle.
Dans les zones agricoles autour d’Izmir, la misère est le quotidien des travailleurs saisonniers syriens. D’après Médecins du Monde, ils sont entre 8 000 et 20 000, selon la période de l’année, à vivre dans des campements informels autour de la commune de Torbali, dans des conditions d’hygiène déplorables. Les équipes de l’ONG sillonnent la zone pour dispenser des consultations.
Dans l’un de ces campements, 180 réfugiés – dont une quarantaine d’enfants de moins de cinq ans – vivotent au milieu de la boue et des déchets. Un Turc passe tous les jours distribuer du pain gratuitement et l’usine voisine décharge des chutes de panneaux de mélaminé, utilisées comme bois de chauffage. Un gamin de douze ans, gants de plastique dans la poche arrière de son pantalon et cutter à la main – ses outils −, traîne ses bottes entre les rangées de poireaux d’un champ voisin. Cela fait quatre ans déjà qu’il travaille ici pour 70 livres turques (10 euros) la journée. Parmi ces travailleurs et leurs familles, beaucoup sont enregistrés dans une autre province que celle où ils résident. Or, l’accès à l’éducation et au système de soins est limité à leur province de rattachement officiel.
« La situation va empirer », s’inquiète Anne O’Rorke, de l’ONG Tiafi. Le centre communautaire qu’elle a ouvert en 2017, dans le quartier pauvre de Tepecik, a dû fermer. Quelques activités se poursuivent en ligne, comme le soutien scolaire ou les exercices de rééducation à destination d’enfants amputés de guerre. La soupe populaire a dû être suspendue et a été remplacée par une distribution de colis alimentaires. « On continuera tant qu’on a de l’argent, mais la situation est très préoccupante. Les réfugiés n’ont plus de travail. »
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