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Le Monde, le 14/07/2017
Par Marc Semo (Ankara, Istanbul, envoyé spécial)
Depuis le putsch raté du 15  juillet  2016, l’arbitraire est devenu la règle. 50 000 personnes ont été incarcérées et 150 000 fonctionnaires suspendus ou limogés, sans toujours savoir pourquoi.
La petite valise est posée Âdevant la porte, avec un coussin orthopédique, un masque pour dormir, mais aucun livre, car ils ne sont pas autorisés pendant la garde à vue qui peut désormais se prolonger jusqu’à trente jours. « Derrière l’apparence d’un président fort, il y a un pouvoir faible qui a peur et donc qui tape tous azimuts », soupire Baskin Oran, professeur émérite de sciences politiques à l’université d’Ankara, interdit d’enseignement depuis cinq mois.
Intellectuel engagé de longue date dans la bataille pour les droits des minorités, il avait Âpublié à la mi-juin sur sa page Facebook un texte évoquant en détail la répression au quotidien dans les régions du sud-est du pays à majorité kurde.
Les trolls pro-Erdogan furent les premiers à se déchaîner sur la Toile, puis le ministre de l’intérieur, Suleïman Soylu, l’un des poids lourds du gouvernement, est intervenu le traitant de « laquais des Kurdes » et affirmant qu’il allait saisir ses services de l’affaire. Â
Depuis, Baskin Oran attend une descente de police qui pourrait survenir dans quelques jours, quelques semaines… ou jamais. « Ce n’est pas du totalitarisme mais quelque chose de beaucoup plus pernicieux, un régime fondé sur l’arbitraire où la limite entre ce l’on peut dire et ne pas dire devient toujours plus Âaléatoire, et où les mêmes Âpropos, selon qu’ils sont tenus par telle ou telle personne, peuvent Âentraîner ou non l’arrestation », résume ÂAhmet Insel, universitaire et auteur notamment de La Nouvelle Turquie d’Erdogan (La Découverte-Poche, 208 pages, 10 euros).
Suspect sans même le savoir
Après le putsch militaire raté du 15 juillet 2016, qu’il attribue à la confrérie islamiste du prédicateur Fethullah Gülen, réfugié depuis 1999 aux Etats-Unis, le président Recep Tayyip Erdogan s’est lancé dans un véritable reformatage de l’Etat, en recourant à des purges massives pour s’assurer un contrôle total de la justice et la police, largement infiltrées par les « gülénistes » longtemps alliés de l’AKP (Parti de la justice et du développement), le mouvement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002.
Accusant les Occidentaux d’avoir sous-estimé la portée de ce coup de force (249 morts, 2 113 blessés), le dirigeant turc ne cesse de rappeler le droit des institutions de son pays à se défendre. « Ils ont proclamé l’état d’urgence en France pour beaucoup moins que ça », répète-t-il volontiers.
Quelque 50 000 personnes ont été incarcérées et 150 000 fonctionnaires limogés ou suspendus. Des dizaines de milliers d’autres font l’objet d’enquêtes parce qu’ils sont susceptibles, du seul fait de leur cursus scolaire ou professionnel, d’avoir eu des sympathies gülénistes. La proclamation de l’état d’urgence, dès le 20 juillet, a aussi permis aux autorités de s’en prendre à tous ceux qu’il accuse de soutenir, même seulement par leurs écrits ou des pétitions pour la paix, la guérilla kurde du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Toute contestation est potentiellement punissable : un texte, un tweet, des propos jugés injurieux pour le chef de l’Etat.
On peut être suspect sans même le Âsavoir, dénoncé par un voisin, un concurrent, ou un collègue partisan convaincu d’Erdogan, simplement envieux ou attiré par les récompenses offertes. Le MIT (service national de Âsécurité) se félicite de ces appels de citoyens voulant coopérer avec les autorités dont le nombre a doublé en un an pour atteindre le chiffre record de 65 000.
Lignes rouges
D’où la peur. « C’est souvent au contrôle de police à l’aéroport que l’on Âapprend être interdit de sortie du territoire et le passeport est immédiatement confisqué », raconte un homme d’affaires, qui, chaque fois qu’il sort du pays, a une boule à l’estomac.
Après le coup d’Etat militaire de septembre 1980, les arrestations furent certes beaucoup plus massives – 650 000, soit douze fois plus qu’aujourd’hui dans un pays moitié moins peuplé. « Mais à l’époque, nous savions que l’armée, comme après ses interventions de 1960 et 1971, rendrait rapidement le pouvoir aux civils alors que, cette fois, Erdogan verrouille de plus en plus le sien », relève un universitaire qui jongle quotidiennement, pendant ses cours comme dans ses publications, avec le dicible et l’indicible.
Il y a d’évidentes lignes rouges : en premier lieu tout ce qui touche à Recep Tayyip Erdogan et ses proches. « Etre dans la ligne de mire du despote, c’est Âsubir le déchaînement de Âl’appareil Âjudiciaire dans toute sa puissance et sans aucun possible recours », explique ÂAhmet Insel, qui est aussi chroniqueur au quotidien de centre gauche ÂCumhuriyet, qui publia en mai 2015 des documents prouvant des livraisons d’armes par les services secrets turcs à des djihadistes syriens. « Ils paieront pour cela, je les traquerai jusqu’au bout », lança alors le chef d’Etat turc.
Inculpé pour espionnage et violation de Âsecrets d’Etat, crimes passibles de vingt-cinq ans d’emprisonnement, le Âdirecteur du journal, Can Dündar, s’est réfugié en Allemagne. Peu après, onze autres piliers du quotidien furent arrêtés pour complicité avec les gülénistes, accusation d’autant plus absurde que ces derniers, à l’époque de leur toute-puissance, en avaient fait l’une de leurs cibles principales. Le quotidien continue de sortir, laissant en blanc l’emplacement des chroniques de ses éditorialistes vedettes incarcérés.
« Sa paranoïa a gagné toute la société »
« Erdogan a profité du coup d’Etat militaire raté pour réussir un véritable coup d’Etat Âcivil », résume Zeynal Emre, député du CHP (Parti républicain du peuple), la principale force de l’opposition et membre de la commission parlementaire censée enquêter sur le putsch raté dont bien des aspects restent mystérieux à ce jour.
Dominée par l’AKP, la commission a décidé d’éviter les questions qui fâchent. Rien ne doit écorner le récit mis en avant par les autorités pour célébrer l’héroïsme des « martyrs » et la grandeur du « reis » (chef), comme le surnomment désormais ses partisans. Dans toutes les villes du pays, des places ou des avenues commémorent les « martyrs du 15 juillet ». Les livres Âscolaires ont été réécrits.
Face aux putschistes, Erdogan avait reçu le soutien de toutes les forces politiques, mais il a fait le choix de la répression Âcontre tous ses opposants. « Sa paranoïa a gagné toute la Âsociété et le pays est toujours plus polarisé entre ceux qui l’adulent et ceux qui le haïssent », résume un diplomate. Deux blocs plus ou moins équivalents.
En témoigne sa très étriquée victoire au référendum du 16 avril élargissant encore ses pouvoirs, à peine 51,4 % malgré une campagne inéquitable et de nombreuses irrégularités. Les grandes villes, comme Istanbul et Ankara, jusque-là bastions de l’AKP ont donné la Âmajorité au non. Le succès de la « marche de la justice » organisée par le CHP entre Ankara et Istanbul est un autre signe de la résistance croissante des couches les plus dynamiques et les plus ouvertes de la société turque.
« La répression va s’amplifier »
« La répression va s’amplifier jusqu’à l’élection présidentielle de 2019, où Erdogan ne veut pas prendre le risque d’un Âsecond tour », analyse Mithat Sancar, professeur de droit constitutionnel, et député du HDP (Parti démocratique des peuples), le mouvement pro-kurde, que le pouvoir veut mettre hors du jeu politique.
Diverses procédures ont été ouvertes à l’encontre de 55 de ses 59 députés après la levée de leur immunité parlementaire, en mai 2016, avant même la tentative de putsch et 13 d’entre eux, dont les deux coprésidents du parti, Selahattin Demirtas et Figen ÂYüsekdag, sont incarcérés pour leurs liens supposés avec la guérilla kurde.
Le chef du groupe parlementaire du HDP, Ahmet Yildirim, vient d’être Âcondamné à un an et deux mois de prison pour « insulte au chef de l’Etat », une peine qui le déchoit de son statut de Âdéputé et lui interdit de se représenter. Il avait juste lancé, lors d’un meeting : « Drôle de sultan que celui-là  », en parlant du président Erdogan. « Avec la réforme constitutionnelle d’avril, le président devient aussi juridiquement leader du parti au pouvoir et toute critique de la politique de l’AKP peut désormais être considérée comme une insulte au chef de l’Etat », relève Mithat Sancar, lui-même sous Âenquête pour des faits similaires.
Les autorités n’hésitent pas non plus, quoique de manière moins systématique, à cibler les élus du CHP ou les dissidents du MHP, le parti ultranationaliste, qui refusent l’alliance avec l’AKP. Recep Tayyip ÂErdogan le clamait déjà au début de sa vie politique : « La démocratie c’est comme un autobus, on en descend quand on arrive à la destination voulue. »
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