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Le Monde, le 12/01/2018
Par Marc Semo
Au Collège de France, le nouveau titulaire de la chaire d’histoire turque et ottomane va traiter des tensions entre la Sublime Porte et l’Occident. A l’université du Bosphore, à Istanbul, c’est le « récit simpliste » du passé porté par le régime qu’affronte ce chercheur érudit et engagé.
Sa passion pour le métier d’historien a surgi sur le tard, mais tout était en germe dès l’enfance. A 5 ans déjà, Edhem Eldem parlait l’ottoman – turc ancien de l’empire défunt mêlant mots perses et iraniens en caractères arabes –, que Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République, avait balayé en 1928 en imposant l’alphabet latin et de profondes transformations du vocabulaire.
Avec un père diplomate de bonne famille, né avant la première guerre mondiale, le petit garçon était à bonne école. « Il me faisait même faire des dictées et, à la différence de nombre de mes collègues ou étudiants qui déchiffrent cette langue comme une langue morte, elle est pour moi bien vivante », raconte le nouveau titulaire de la chaire d’histoire turque et ottomane du Collège de France.
Bousculer les idées reçues
Avant de partir d’un grand rire à l’évocation de Recep Tayyip Erdogan, l’actuel président islamo-conservateur de la Turquie, qui avait un moment voulu rendre obligatoire l’étude de l’ottoman dans les lycées religieux afin que « les enfants puissent enfin lire les lettres de leurs aïeux ». « L’illettrisme était tel dans l’empire que de telles missives étaient bien rares ! La connaissance de l’ottoman ne sert finalement qu’aux historiens pour la consultation des archives », précise cet intellectuel qui aime bousculer les idées reçues. Au risque de faire grincer bien des dents dans un pays hanté par son histoire. Celle, au poids écrasant, d’un empire à son apogée aux XVIe et XVIIe siècles. Mais aussi celle, aux cicatrices toujours ouvertes, des tragédies qui ont accompagné son déclin, à commencer par le génocide des Arméniens en 1915-1917.
« LA TURQUIE EST “CLIOMANE” ET “CLIOPATHE”, À LA FOIS FOLLE ET MALADE D’HISTOIRE »,
LANÇAIT AVEC HUMOUR EDHEM ELDEM LORS DE SA LEÇON INAUGURALE AU COLLÈGE DE FRANCE,
LE 21 DÉCEMBRE 2017
« La Turquie est “cliomane” et “cliopathe”, à la fois folle et malade d’histoire », lançait avec humour Edhem Eldem lors de sa leçon inaugurale au Collège de France, le 21 décembre 2017, en revendiquant « la paternité et les droits de ces deux néologismes ». Folle par « son obsession d’attribuer à l’histoire une mission politique et idéologique vouée à modeler la nation et le citoyen », et malade de « ses craintes, ses complexes, ses silences, ses tabous, son négationnisme », l’ensemble produisant « un rapport extrêmement malsain, parfois agressif, souvent enfantin, à tout récit qui oserait remettre en question le moindre aspect de la doxa en vigueur ».
Si ses premiers livres ont été consacrés aux échanges économiques des Ottomans avec l’Occident ou aux rituels de la mort, Edhem Eldem n’en est pas moins un intellectuel engagé dans la cité. Le thème de ses leçons hebdomadaires au Collège de France, dont la première a lieu le 12 janvier, est ambitieux : la modernisation ottomane et ses relations intrinsèques avec l’histoire de l’Europe, malgré les conflits – ou justement à cause d’eux. « Il est toujours plus stimulant de parler des antagonismes, des tensions, des différences », souligne l’historien, pour qui « l’histoire ottomane est un sujet bien trop important » pour être réduit « à un glorieux prélude au récit simpliste de l’histoire de la nation turque ». Lui veut rendre toute sa complexité à « cet étrange animal qu’est l’Empire ottoman », et à l’extraordinaire laboratoire politique qu’il représenta pendant près de six siècles.
Le passé ottoman idéalisé
Jusqu’à l’arrivée au pouvoir, en 2002, du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), la république kémaliste entretenait des rapports ambivalents avec l’empire qui l’avait précédée, dénonçant sa décadence et s’inventant un passé national anatolien préottoman et préislamique. Mais l’AKP et son chef charismatique ont remis sur le devant de la scène un passé ottoman idéalisé. L’anniversaire de la conquête de Constantinople par Mehmet II, le 29 mai 1453, est ainsi célébré de façon de plus en plus ostensible.
Et M. Erdogan n’hésite pas, au risque de réveiller les vieux démons, à évoquer des « frontières du cœur » de la Turquie allant bien au-delà de ses limites actuelles, jusqu’aux villes jadis ottomanes de Sarajevo, de Damas ou de Bagdad. « Des morceaux de notre âme », répète volontiers le meneur islamiste, qui s’est fait construire, à la périphérie d’Ankara – en lieu et place d’une ferme modèle créée dans une forêt acquise par Atatürk –, un immense palais de 200 000 m² mêlant tous les styles architecturaux de l’histoire turque. « Un ottomanisme superficiel et très kitsch, fait de slogans et de symboles pour plaire aux électeurs nationalistes et conservateurs », ironise le chercheur, que rien n’irrite autant que ce roman national simplificateur et largement réinventé.
La vocation d’Edhem Eldem pour le métier d’historien ne fut pas précoce. Né à Genève en 1960, déménageant de capitale en capitale, de lycée français en lycée français au gré des postes de son père, il se consacre d’abord à des études d’ingénieur, qui l’ennuient, puis aux sciences politiques, avant de rencontrer Robert Mantran, le grand historien de l’Empire ottoman. Ce dernier l’invite à venir étudier à l’université d’Aix-Marseille. « Je ne peux pas nier que j’étais prédestiné, y compris par mon histoire familiale », reconnaît-il.
Consécration
Côté paternel, son arrière-grand-oncle Osman Hamdi Bey, fils d’un grand vizir, fondateur du Musée archéologique d’Istanbul et peintre de talent, incarnait à la perfection le regard orientaliste hérité de l’Occident que les élites ottomanes portaient sur leur propre monde. Côté maternel, il est apparenté à l’ex-dynastie impériale. Longtemps, pourtant, l’historien hésita à emprunter une voie toute tracée.
PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DU BOSPHORE, L’UNE DES MEILLEURES DE TURQUIE,
CONSACRÉ PAR CETTE CHAIRE AU COLLÈGE DE FRANCE QU’IL ASSURERA TOUT EN GARDANT SON POSTE À ISTANBUL, IL SE SENT PLUS À L’AISE POUR SE LANCER SUR DES SUJETS QUI LUI TIENNENT À CŒUR.
Ses premiers livres sont plutôt austères : une histoire de la banque ottomane, une étude sur le commerce français à Istanbul au XVIIIe siècle (l’une et l’autre en anglais), des travaux sur les épitaphes – mais aussi, tout de même, en 2010, la publication chez Actes Sud de plusieurs textes de son parent Osman Hamdi Bey sous le titre Un Ottoman en Orient. Pleinement reconnu désormais, professeur à l’université du Bosphore, l’une des meilleures de Turquie, consacré enfin par cette chaire au Collège de France qu’il assurera tout en gardant son poste à Istanbul, il se sent aujourd’hui plus à l’aise pour se lancer sur des sujets qui lui tiennent à cœur.
Outre une grande biographie d’Osman Hamdi Bey, il travaille ainsi sur une vaste fresque de 1876, l’annus horribilis : une période étendue en réalité sur deux ans, durant laquelle bascula l’histoire ottomane avec la déposition de deux sultans et l’arrivée au pouvoir d’Abdülhamid II, dont le long règne (1876-1909) marqua la fin du mouvement de réforme des Tanzimat (« réorganisation ») qui avaient modernisé l’empire.
Instaurant un pouvoir toujours plus personnel, autoritaire et paranoïaque, percevant l’Europe comme une menace, Abdülhamid II misait sur l’élément musulman de l’empire, le seul qu’il considérait comme loyal : il inventa ainsi le panislamisme politique. « De cette époque date la sacralisation d’un Etat fondé sur des institutions faibles. C’est un vase vide que remplit à sa guise celui qui arrive au pouvoir et y reste un certain temps », explique Edhem Eldem, soulignant que cet héritage, « même s’il n’est pas le seul, a eu tendance à revenir au galop tout au long du XXe siècle, notamment en temps de crise ».
Le grand tabou du génocide arménien
Etre historien en Turquie, cela signifie se retrouver en première ligne. « Il vaut mieux éviter d’aller parader sur les plateaux de télévision en défiant la doxa officielle. Eviter de se laisser instrumentaliser dans des polémiques. Mais, si l’on reste sur le terrain de la recherche, on peut continuer à travailler », affirme celui qui, avec certains de ses collègues, s’engagea au début des années 2000 pour affronter le grand tabou du génocide arménien. Recep Tayyip Erdogan, qui se posait à l’époque en réformateur libéral proeuropéen pour casser les résistances de l’armée et de la haute bureaucratie, accepta en 2005 l’organisation, à Istanbul, d’un colloque sur le sujet : le premier du genre jamais organisé sur le sol turc.
Depuis, l’AKP et son leader ont préféré jouer la carte du nationalisme. « Mais les portes alors ouvertes le sont restées. Dans mes livres ou mes articles, je parle comme nombre de mes collègues de “génocide” pour qualifier l’anéantissement des Arméniens de l’Empire ottoman », explique Edhem Eldem, tout en reconnaissant que « cette conscience du génocide reste confinée dans un microcosme intellectuel, la majorité de la population restant négationniste ».
« NOUS FAISONS FACE À UNE DÉRIVE AUTORITAIRE QUE L’ON NE PEUT SIMPLEMENT EXPLIQUER
PAR LA SOIF DE POUVOIR D’UN SEUL HOMME »,
CONSTATE L’INTELLECTUEL
Depuis le coup d’Etat raté de juillet 2016, la situation est devenue de plus en plus difficile en Turquie. « J’enseigne comme j’ai toujours enseigné, mais le malaise est là. Nous faisons face à une dérive autoritaire que l’on ne peut simplement expliquer par la soif de pouvoir d’un seul homme »,constate l’intellectuel, qui souligne la nécessité de s’interroger sur les racines de l’autocratie dans son pays. L’université anglophone du Bosphore, jusqu’à présent, est restée relativement préservée. La crainte de perdre son poste et de se retrouver condamné à une mort civile – voire d’être arrêté – n’en reste pas moins toujours présente. Et d’autant plus que les critères de la répression sont aussi arbitraires qu’aléatoires.
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