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Le Monde, le 06/04/2018
M LE MAGAZINE DU MONDE
Par Vanessa Schneider
Née en Turquie mais ayant passé sa vie en France, la réalisatrice de « Mustang » a mis des années à obtenir la nationalité française. Un sentiment d’injustice qui résonne dans « Kings », film sur les émeutes de 1992 à Los Angeles. Un projet qu’elle a porté envers et contre tout.
Deniz Gamze Ergüven, le 27 mars, à Paris. LOUIS CANADAS POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE »
Elle est debout, juchée sur un tabouret, dos droit, menton levé, regard franc accroché à l’objectif. Elle a donné rendez-vous dans le club de sport où elle a ses habitudes, et c’est dans le hall, au milieu du va-et-vient des habitués, qu’elle prend la pose pour une séance photo.
Rien ne semble pouvoir distraire Deniz Gamze Ergüven. À 39 ans, la réalisatrice de Mustang (quatre Césars, une sélection aux Oscars), qui sort son second long-métrage, Kings, le 11 avril, est un bloc de détermination. Il suffit de l’entendre raconter la genèse de son nouveau film, qui retrace les déboires d’une Afro-Américaine tentant de tenir sa famille à bout de bras pendant les émeutes de Los Angeles de 1992, pour saisir la pleine mesure de ce que le mot veut dire.
Il y a derrière Kings une passion et un acharnement hors du commun. Un projet germe en 2005 alors qu’elle est encore à La Fémis, des années d’écriture, des mois d’enquête sur le terrain, un rêve grand et fou qui finit par se réaliser dix ans plus tard. Pendant trois années, elle se rend régulièrement à South Central, dans ce quartier pauvre de Los Angeles où ont eu lieu les émeutes, et recueille témoignages et anecdotes à la manière d’une reporter.
Comprendre cet « épisode honteux »
La jeune femme menue et gracieuse partage le quotidien des habitants, se fait accepter par les différents gangs, repère ses personnages, note les détails les plus incongrus, gagne la confiance des policiers du LAPD, tourne des images depuis leurs hélicoptères.
Elle veut comprendre ce qui s’est passé, l’enchaînement terrible des faits : le meurtre, d’une balle dans le dos, d’une ado noire de 15 ans par une épicière d’origine coréenne ; le tabassage filmé d’un homme noir, Rodney King, par quatre policiers blancs déchaînés, le procès de ces derniers, leur acquittement, l’embrasement de cette « ville dans la ville », où les Blancs ne mettent pas les pieds, la rage, les pillages et les meurtres. « Un épisode honteux pour tout le monde », résume la cinéaste.
Le film tel qu’elle l’imagine plan par plan et qu’elle écrit alors est celui qui est présenté aujourd’hui, au détail près. Entre-temps, près de dix ans de mésaventures. Le projet s’enlise, ne convainc pas les différents pourvoyeurs d’aides du cinéma français. Un premier film, en anglais, à gros budget : la débutante n’a pas mis toutes les chances de son côté. « Kings était à contre-courant ; les guichets européens sont faits pour résister au cinéma hollywoodien et, pour les Américains, j’étais un outsider. Ça bloquait de partout », se souvient-elle, de sa voix aussi douce que ses pupilles sont noires.
« ELLE A TOUJOURS SU QU’ELLE ÉTAIT CINÉASTE, MÊME SANS FAIRE DE FILMS. ELLE A CETTE FOI DE L’ARTISTE QUI M’A TOUJOURS IMPRESSIONNÉ. »
CHARLES GILLIBERT, SON PRODUCTEUR
En attendant, elle vit de baby-sittings, de petits boulots alimentaires. « Je pensais à Charles Bukowski, je me disais qu’avoir quatre murs, un plafond et du temps était suffisant ; mais je me trompais, j’avais l’impression d’être à côté de ma vie. » Elle s’accroche, surmonte les moments de doute, les fausses joies et les déceptions : « Il m’était impossible de laisser le film de côté. J’avais l’âge où l’on pense qu’un projet comme celui-là est une question de vie ou de mort. »
« Elle a toujours su qu’elle était cinéaste, même sans faire de films. Elle a cette foi de l’artiste qui m’a toujours impressionné », dit d’elle son producteur Charles Gillibert, qui la suit depuis le début et est finalement parvenu à réunir les financements – 10 millions d’euros, essentiellement français – de Kings. « Beaucoup de gens n’auraient pas tenu la route, mais elle ne lâche rien, ajoute son amie Suzanne Marrot, qui coache les jeunes acteurs de ses films. S’il lui arrive de se décourager, ce n’est jamais longtemps. Elle rebondit, retrouve de la force, ne se laisse jamais anéantir. C’est une lionne. »
Folle campagne pour les Oscars
On lui répète : « Tu n’es pas afro-américaine, ce film ne parle pas de toi. » Elle trouve l’argument absurde (« On ne demande pas à un écrivain de raconter sa vie »), mais se décide néanmoins à tenter quelque chose qui colle davantage à ce que l’on attend d’elle, un film qui se déroule en Turquie, son pays natal, qu’elle écrit avec sa complice de La Fémis Alice Winocour. Ce sera Mustang, le huis clos de cinq sœurs cloîtrées dans une maison dans l’attente qu’on leur choisisse un mari, un récit où se mêle intime et politique, sa marque de fabrique. Le film est sélectionné à Cannes, récompensé aux Césars, choisi pour représenter la France aux Oscars. La consécration.
À HOLLYWOOD, LORSQU’ELLE PARLE DE « KINGS »,
HALLE BERRY ET DANIEL CRAIG S’EMBALLENT.
LE PROJET PEUT ENFIN SE MONTER
Au cours de la folle campagne pour les Oscars à Hollywood, elle rencontre l’actrice Halle Berry. Elle lui parle de Kings, d’autant plus décontractée qu’elle y a enfin renoncé : « Ce film m’avait fait trop de mal. » L’actrice américaine s’emballe, elle veut jouer Millie, l’héroïne, mère dépassée qui recueille des enfants délaissés. Daniel Craig, qui a adoré Mustang, se porte également candidat pour jouer le voisin d’Halle Berry, un Blanc égaré dans le ghetto. Les grandes portes s’ouvrent enfin, le projet peut se monter.
Deniz aime Mustang, mais considère Kings comme son premier film. « Ils sont arrivés dans le désordre. Quand j’ai reçu le César du meilleur premier film, je me suis dit : “Il faut que je le rende, ce n’est pas mon premier long-métrage !” » Si raconter les émeutes de Los Angeles lui tient tant à cœur, c’est parce que se sentir étranger dans son propre pays comme le vivent nombre d’Afro-Américains, c’est un peu la vie de Deniz Gamze Ergüven.
Entre deux cultures
Née à Ankara en 1978, elle arrive en France à l’âge de six mois pour en repartir neuf ans plus tard, puis y revenir à l’adolescence. Une série d’allers et retours, entre deux cultures, deux pays, le sentiment de n’être jamais vraiment à sa place. À Paris, cette fille de diplomate – à l’Unesco d’abord, puis à l’OCDE – fait ses classes à l’école bilingue en anglais, et grandit dans un environnement bourgeois et lettré. En France, ses parents recréent dans l’appartement familial une « capsule » de Turquie, un « îlot », où les compatriotes de passage viennent dîner. « Il y avait toujours la notion qu’on allait repartir un jour », se souvient-elle.
En 1987, la famille retourne au pays, Deniz et sa sœur, Zeynep, découvrent Ankara, « une ville sans grand intérêt », selon elle, mais « où la communauté passe avant l’individu ». Deux années « extrêmement heureuses », les souvenirs d’une cité où les enfants jouent ensemble dans la rue et où des liens très forts se tissent avec ses cousines, l’approfondissement de la sororité dont elle s’inspirera pour le sensuel Mustang. Elle pense y rester toute sa vie, mais ses parents divorcent et sa mère ramène les filles en France. Les années suivantes, elle se rend régulièrement en Turquie, pour des vacances ou de longs week-ends.
Il a fallu le succès de « Mustang » pour que Deniz Gamze Ergüven obtienne enfin la nationalité française.
LOUIS CANADAS POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE »
Lorsque sa mère se remarie et décide d’y retourner, en 1993, les sœurs refusent de la suivre. Deniz a 15 ans, sa sœur 17, elles restent seules dans le petit appartement du 15e arrondissement de Paris. « On vivait toutes les deux, on signait nos bulletins, on se faisait à manger, on gérait notre budget, la paperasse, on a à peu près tout cassé dans l’appartement car on ne savait pas se servir de l’électroménager ni mettre l’eau chaude ! » Elles sont seules, certes, mais studieuses et « sages » : « Comme on n’avait aucun interdit, il n’y avait pas de transgressions. »
« J’AI PRIS CONSCIENCE QU’IL Y AVAIT UN PROBLÈME D’INTÉGRATION DANS CE PAYS. CE SENTIMENT D’ÊTRE UN CITOYEN DE SECONDE ZONE SIGNIFIE QUELQUE CHOSE POUR MOI. » DENIZ GAMZE ERGÜVEN
Après le bac, elle fait des études de lettres et d’histoire à Jussieu, avant une maîtrise d’histoire afro-américaine qui finit par la conduire à passer un an à l’université de Johannesburg, en Afrique du Sud. Le sort des Afro-Américains lui parle, les émeutes de 2005 en France résonnent en elle. Elle n’est pas confrontée aux mêmes problèmes économiques et sociaux que les jeunes de ces banlieues qui s’enflamment, mais elle partage le mal-être de ceux auxquels on ne reconnaît pas complètement le droit d’être français. « J’ai lu tous les articles, j’ai essayé de comprendre. Le malaise que je ressentais s’est matérialisé, j’ai pris conscience qu’il y avait un problème d’intégration dans ce pays. Ce sentiment d’être un citoyen de seconde zone signifie quelque chose pour moi. »
La République lui a refusé par deux fois la nationalité française. Plus qu’un échec, une douleur. « Sur l’échelle de l’amoureuse éconduite, il n’y avait pas de niveau plus haut », lâche-t-elle avec l’élégant phrasé qui la caractérise. Elle en retire « un sentiment d’injustice totale », fait appel. Longtemps en vain.
« POUR DEVENIR FRANÇAISE, IL A FALLU UN MARI FRANÇAIS, UN ENFANT FRANÇAIS ET UN SUCCÈS PROFESSIONNEL. »
Elle raconte les heures passées à la préfecture pour les renouvellements de sa carte de séjour, « la sensation de revenir toujours à la case départ, au degré zéro de l’arrivée en France », les humiliations, la peur d’être refoulée à chaque passage douanier, « l’absurdité » de l’administration qui lui dénie le droit d’être française alors qu’elle a grandi, étudié, travaillé en France. « J’expliquais ma vie et on me répondait : “Ça ne compte pas.” C’est avilissant, de ne pas pouvoir dire ce que l’on est : je ne me sentais pas autorisée à me qualifier de française et affirmer que j’étais turque sonnait faux pour moi. » Deniz Gamze Ergüven a obtenu sa naturalisation après le triomphe de Mustang et a pu voter pour la première fois à l’élection présidentielle de 2017. « Il a fallu un mari français, un enfant français et un succès professionnel », relève-t-elle sobrement.
Depuis Mustang, sa vie a changé : la naissance d’un petit garçon pendant le montage, des récompenses en pagaille, la réalisation de Kings, la création d’une maison de production avec sa sœur. Le jour où on la rencontre, elle revient tout juste des États-Unis, où elle a tourné deux épisodes de The First, la nouvelle série d’un des scénaristes de House of Cards, avec Sean Penn, pour la plate-forme vidéo Hulu.
Elle a plein de projets dans sa besace. « Elle est encore dans la boulimie, dans l’énergie de ce qui n’a pas été », observe Charles Gillibert. Deniz Gamze Ergüven a l’impression d’être « passée de l’autre côté du miroir ». Mais elle sera « toujours la fille inquiète au contrôle des passeports ».
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