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Le Point avec AFP, le 24/01/2018
Chute de roquettes en Turquie au 5e jour de l’offensive contre une milice en Syrie © AFP / OZAN KOSE
Deux roquettes tirées à partir de la Syrie ont fait deux morts mercredi dans le sud de la Turquie au 5e jour de son offensive contre une milice kurde syrienne alliée des Etats-Unis que le président Recep Tayyip Erdogan s’est dit déterminé à éliminer.
Les roquettes, dont l’une a touché et endommagé une mosquée et l’autre une maison, ont été tirées en début de soirée sur le centre de la ville frontalière de Kilis, a constaté une correspondante de l’AFP sur place.
Deux personnes, l’une de nationalité syrienne et l’autre de nationalité turque, ont perdu la vie, et 11 autres ont été blessées, selon un communiqué du gouvernorat de Kilis. Un précédent bilan faisait état d’un mort et 13 blessés.
Le gouvernorat impute ces tirs de roquettes aux combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), considérées comme « terroristes » par Ankara mais alliées de Washington dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie.
Peu après la chute de ces roquettes, des tirs de représailles de l’artillerie turque en direction de la Syrie pouvaient être entendus du centre de Kilis, selon la correspondante de l’AFP.
Depuis le début de l’opération turque samedi, au moins deux autres civils ont été tués dans des tirs de roquettes sur des villes frontalières turques.
« L’armée turque et l’Armée syrienne libre reprennent le contrôle d’Afrine pas à pas ( ?) Cette opération va se poursuivre jusqu’à l’élimination du dernier membre de cette organisation terroriste », a tonné M. Erdogan dans un discours à Ankara quelques heures avant l’attaque à la roquette.
Il s’exprimait avant un entretien téléphonique prévu dans la soirée avec son homologue américain Donald Trump qui devrait lui faire part de sa préoccupation face à l’offensive d’Afrine, selon des responsables américains.
Cette offensive turque visant les YPG, estiment ces responsables, risque de nuire à la lutte contre l’EI en Syrie, alors que les combattants kurdes ont été l’an dernier le fer de lance de la prise de Raqa, bastion des jihadistes en Syrie.
Risque de déstabilisation
Carte de l’offensive de la Turquie contre une milice kurde dans le nord ouest de la Syrie, positions au 24 janvier © Simon MALFATTO AFP
S’estimant lâchées par leur allié américain, les YPG ont multiplié les appels à Washington à faire pression sur Ankara pour stopper l’offensive.
Les Etats-Unis avaient tout d’abord adressé des appels à la « retenue » à la Turquie, mais semblent désormais hausser le ton, mettant en garde contre les risques de déstabilisation d’une zone jusque-là relativement épargnée par le conflit syrien.
Mais Washington a néanmoins dit avoir été informé de cette offensive au préalable, et Ankara affirme que l’offensive est menée en accord avec Moscou, allié majeur du régime de Bachar al-Assad.
De nouvelles frappes turques mercredi se sont concentrées sur les zones frontalières, dans le nord-ouest et le nord-est de la région d’Afrine, « dans l’objectif de faire reculer les YPG et d’ouvrir la voie à une avancée terrestre », selon le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
Il a affirmé que les forces turques et leurs alliés parmi les rebelles avaient peu progressé dans la région d’Afrine depuis le début de l’offensive.
Chars de la discorde
Depuis samedi, plus de 90 combattants des YPG et des groupes rebelles syriens pro-turcs ont été tués, ainsi que 30 civils, la plupart dans des bombardements turcs, a annoncé l’OSDH. Ankara dément avoir touché des civils.
Trois soldats turcs ont également été tués, selon la Turquie, qui affirme pour sa part avoir éliminé « au moins 287 terroristes ».
Le gouvernement allemand a fait savoir qu’il comptait demander mercredi au ministre turc de la Défense des explications sur l’offensive au moment où le débat enfle en Allemagne à la suite de la diffusion d’images de chars allemands « Leopard 2 » déployés contre des combattants des YPG.
La Turquie a déclenché son opération après l’annonce par la coalition internationale luttant contre les jihadistes de la création d’une force frontalière de 30.000 hommes dans le nord de la Syrie, avec en particulier des combattants des YPG.
Cette annonce a suscité l’ire d’Ankara qui accuse les YPG d’être la branche en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), engagé dans une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.
Dans son discours, M. Erdogan a affirmé que l’armée turque comptait aussi à terme réaliser une opération pour déloger les YPG de Minbej, une ville située à une centaine de kilomètres à l’est d’Afrine où des forces américaines sont présentes aux côtés des miliciens kurdes.
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