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Médiapart, le 17/08/2018
par Nicolas Cheviron
Istanbul (Turquie), de notre correspondant.-
En tentant de monnayer le retour du pasteur américain Andrew Brunson, retenu en Turquie depuis octobre 2016 sous des accusations douteuses d’espionnage et d’aide au terrorisme, le président turc s’est engagé dans une partie de bras de fer destructrice avec son homologue américain, Donald Trump. La confrontation a déjà fait une victime : l’économie turque.
En novembre 2016, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait accueilli avec soulagement l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Pour l’homme fort de la Turquie, l’arrivée au pouvoir du candidat républicain faisait naître l’espoir d’une redéfinition des relations entre les deux pays alliés au sein de l’Otan, tombées au plus bas au cours des dernières années de l’administration Obama.
Contre les intérêts d’Ankara, Washington avait choisi de s’appuyer en Syrie sur les milices kurdes YPG, proche des rebelles kurdes de Turquie (PKK), pour combattre les djihadistes de Daech avec de l’équipement made in USA. L’insistance du gouvernement américain à demander des comptes sur la situation des droits humains était une autre source d’irritation pour le Reis, surtout après la tentative manquée de coup d’État du 15 juillet 2016, condamnée trop mollement à son goût par les États-Unis qui refusaient en outre l’extradition de son commanditaire présumé, le prédicateur islamiste Fethullah Gülen, exilé en Pennsylvanie. Une enquête de la justice américaine sur un trafic d’or à destination de l’Iran, en contravention avec l’embargo imposé à ce pays par Washington, menaçait enfin directement la banque publique turque Halkbank et plusieurs proches d’Erdogan.
En dépit de ses saillies islamophobes, Trump avait par ailleurs de quoi séduire le président turc : un profil similaire d’homme anti-establishment, porté au pouvoir par le vote populaire ; une mentalité d’entrepreneur plaçant les profits avant les questions de respect des droits individuels.
Une vingtaine de mois plus tard, il ne subsiste plus rien de ces espoirs. Non seulement les contentieux entre les deux pays n’ont pas régressé, mais Donald Trump a déclaré, selon les termes d’Erdogan, une « guerre économique » à la Turquie.
Le 1er août, le Trésor américain a prononcé un gel des avoirs aux États-Unis des ministres turcs de la justice et de l’intérieur, également interdits de toute activité commerciale avec des entreprises ou des citoyens américains, au motif qu’ils sont « les dirigeants des institutions responsables au sein du gouvernement turc de la mise en œuvre de violations sérieuses des droits humains en Turquie ».
Le 10 août, Trump a annoncé un doublement des taxes douanières américaines sur l’acier et l’aluminium turcs. Ces deux mesures, et la perspective de nouvelles sanctions, ont suffi à provoquer un effondrement de la livre turque, déjà affaiblie par les inquiétudes des investisseurs face à la politique économique d’Ankara ainsi que par un contexte mondial de repli des capitaux vers les États-Unis et l’Europe. Dans la seule journée du 10 août, la monnaie nationale a perdu jusqu’à 18 % de sa valeur face au dollar et à l’euro. La dépréciation met en danger de nombreuses entreprises turques, fortement endettées en devises.
À l’origine de cette crise diplomatique, sans précédent entre les deux pays depuis 1975 et l’embargo sur les ventes d’armes à Ankara décrété par Washington en réaction à l’occupation durable du nord de Chypre par l’armée turque, se trouve un homme, le pasteur américain Andrew Brunson, retenu contre son gré en Turquie depuis près de deux ans.
Installé en Turquie depuis 23 ans, Brunson, 50 ans, marié et père de trois enfants, dirigeait une petite paroisse évangélique presbytérienne à Izmir (ouest), jusqu’à son arrestation en octobre 2016, dans le tumulte qui a suivi le putsch raté du 15 juillet. Il a fallu près d’un an et demi à la justice turque pour produire un acte d’accusation justifiant le maintien en détention du prêtre.
Dans ce document reposant sur de nombreux témoignages anonymes et documents secrets, celui-ci est accusé d’avoir tenté de christianiser les Kurdes pour encourager leurs velléités sécessionnistes, et d’avoir contribué à la préparation du coup d’État manqué en collaboration avec les réseaux gülenistes (FETÖ). Il encourt jusqu’à 35 ans de prison pour espionnage et crime commis au nom d’une organisation terroriste sans y appartenir, en l’occurrence FETÖ et le PKK.
Tout au long de son procès, débuté en mai, le pasteur a clamé son innocence, tandis que les autorités américaines, qui réclament sa libération comme un préalable à tout effort de résolution des autres différends entre la Turquie et les États-Unis, dénoncent une prise d’otage. Sur Twitter, Trump a encore qualifié jeudi Brunson de « grand patriote otage », tout en soulignant : « Nous ne paierons rien pour la libération d’un homme innocent. »
Erdogan n’a pas fait mystère de ses intentions, proposant dès septembre 2017 un échange aux États-Unis. « Ils disent “donnez-nous le prêtre”. Vous aussi vous avez un prêtre, donnez-le nous, jugeons-le, et nous on vous donne celui-ci », a-t-il déclaré, faisant référence à Fethullah Gülen.
La détention de ressortissants occidentaux à fins de négociations semble par ailleurs être devenue une pratique courante pour Ankara. Le journaliste binational turc-allemand Deniz Yücel a ainsi passé un an en prison, de février 2017 à février 2018, pour des accusations analogues de soutien au terrorisme tandis que la Turquie réclamait l’extradition de citoyens turcs soupçonnés d’appartenance à FETÖ.
Deux soldats grecs, arrêtés le 1er mars à la frontière gréco-turque au cours d’une patrouille de routine, ont également passé plusieurs mois en détention alors que ce genre d’incidents, assez fréquents, se conclut normalement par la restitution des militaires égarés. Le chef de la délégation turque auprès de l’Otan, Ahmet Berat Conkar, a été particulièrement explicite dans un courrier adressé le 31 mai au président du Parlement européen, Antonio Tajani : « Les autorités et la société turque attendent l’extradition immédiate des huit meurtriers, et nous vous assurons que les soldats grecs détenus bénéficieront alors d’un procès équitable en Turquie. » Il faisait référence à huit officiers turcs qui ont fui en Grèce à bord d’un hélicoptère après la tentative de coup d’État.
La Turquie retient aussi plusieurs citoyens américains, dont Serkan Gölge, un binational travaillant à la Nasa, arrêté sur la dénonciation d’un proche après la tentative de putsch alors qu’il était en visite en Turquie. Trois personnels turcs des missions diplomatiques américaines sont également retenus – deux en détention et un troisième en résidence surveillée.
Mais avec le pasteur Brunson, Ankara a visiblement mal évalué le danger. « Le cas de Brunson est unique parce qu’il est devenu un cri de ralliement pour la communauté évangélique américaine », relève Asli Aydintasbas, chercheuse à l’European Council for Foreign Relations (ECFR), rappelant que la Maison Blanche a organisé une veillée de prière pour la libération du religieux lors de la première rencontre officielle de Trump avec Erdogan à Washington, en mai 2017. Le vice-président, Mike Pence, est lui aussi un chrétien évangélique et il est le premier officiel américain à avoir agité la menace de sanctions, reprise ensuite par Trump, souligne-t-elle.
Au-delà de la sensibilité particulière de l’administration Trump à l’égard des sentiments de la communauté évangélique américaine, la réaction vigoureuse de Washington s’explique aussi, aux yeux de nombreux observateurs, par l’échec de négociations secrètes avec Ankara.
Selon Cansu Camlibel, correspondante à Washington du quotidien à grand tirage Hürriyet, un accord avait été trouvé pour la libération du pasteur. Celle-ci devait se faire en juillet, en contrepartie d’une ristourne importante sur l’amende de plusieurs milliards de dollars dont devra s’acquitter Halkbank dans le cadre des poursuites pour trafic d’or vers l’Iran. Les autorités américaines devaient également autoriser le transfert vers la Turquie d’un des dirigeants de Halkbank, Hakan Atilla, condamné en mai à 32 mois de prison, pour qu’il y purge le solde de sa peine.
Les pourparlers auraient cependant capoté à la suite d’une intervention d’Erdogan, exigeant en dernière minute un abandon complet des poursuites contre Halkbank, affirme la journaliste, dont l’article, publié le 3 août, a été retiré dès le lendemain du site internet de Hürriyet.
« Trump était furieux parce qu’il pensait avoir un deal en poche », décrit pour sa part la journaliste turque Amberin Zaman, ancienne correspondante en Turquie de The Economist, dans une tribune publiée le 7 août par le New York Times. La colère du président américain était d’autant plus vive qu’il avait « rajouté un adoucissant supplémentaire en persuadant le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou d’extrader une femme turque accusée d’avoir des liens avec le Hamas »¸ ajoute Zaman. Ebru Özkan, 27 ans, a été relâchée par les autorités israéliennes le 11 juin, au lendemain d’un appel téléphonique de Trump.
Au lieu de prononcer la libération du pasteur et d’autoriser son retour aux États-Unis, la deuxième chambre d’assises d’Izmir a ainsi ordonné le 25 juillet son placement sous contrôle judiciaire, pour raisons médicales, une mesure assortie d’une interdiction de sortie du territoire turc. Dès le lendemain, Trump a annoncé des sanctions imminentes, dont les premières salves ont été tirées les 1er et 10 août.
Réélu à la présidence le 24 juin avec le soutien de l’extrême droite dans un climat d’exaltation nationaliste, Erdogan a répondu à ces mesures par la surenchère. Par décret présidentiel, il a procédé mardi 14 août à une augmentation des taxes douanières sur différents produits d’importation américains : riz (+ 50 %), alcool (+ 140 %), tabac (+ 60 %), charbon (+ 10 % à + 13,7 %), produits cosmétiques (+ 60 %), automobiles (+ 120 %)… Des taxes supplémentaires dont le montant s’élève à 533 millions de dollars, selon le ministre turc du commerce, Ruhsar Pekcan.
Le Reis a également annoncé un boycott des produits électroniques américains. « S’ils ont l’iPhone, de l’autre côté il y a Samsung. Dans notre pays, nous avons Venüs, Vestel. Nous allons mettre en place [ce boycott]. Qu’ils comprennent ce que nous avons fait et ce que nous ferons. Et ce que nous n’avons pas, nous le produirons », a-t-il déclaré mardi à l’occasion d’une conférence.
Ankara a par ailleurs agité la menace d’un renversement d’alliance. « Nous sommes à un tournant, sans exagération, dans l’Histoire mondiale », entre la domination par une superpuissance et un monde multipolaire, a affirmé mardi le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, au cours d’une conférence de presse conjointe à Ankara avec son homologue russe, Sergei Lavrov.
Plusieurs voix se sont fait entendre ces derniers jours pour appeler les deux parties à la raison. Au cours d’un entretien téléphonique avec Erdogan jeudi, le président français, Emmanuel Macron, a lui aussi souligné que la stabilité économique de la Turquie était importante pour la France, selon une source à la présidence turque cité par l’agence Reuters. La même source indique que les deux chefs d’État sont convenus d’une rencontre prochaine de leurs ministres des finances.
La principale organisation patronale turque, la Tüsiad, a ainsi enjoint le gouvernement à « résoudre en urgence les problèmes dans la relation turco-américaine », tandis que la chancelière allemande, Angela Merkel, a estimé que « personne n’a intérêt à une déstabilisation économique de la Turquie ».
Ces appels pourraient avoir été entendus. La libération et le retour en Grèce, mardi 14, des deux soldats hellènes, puis celle, mercredi 15, du président honoraire d’Amnesty International, Taner Kiliç, détenu depuis quatorze mois et qui figure dans l’acte d’accusation de Brunson comme un de ses contacts suspects, semblent de bon augure pour le pasteur.
Souvent considéré comme un porte-parole officieux de la présidence, l’éditorialiste de Hürriyet Abdulkadir Selvi a fait valoir mardi dans sa chronique que, « dans le cas ou apparaîtrait un nouveau document ou une situation nouvelle, aucun obstacle ne s’opposerait à ce que nous voyions Brunson prendre la voie des airs ». « Un rapport établissant que sa longue détention l’a affecté psychologiquement pourrait suffire », a-t-il précisé.
Une demande de levée de l’interdiction de sortie du territoire du pasteur, déposée mardi par son avocat, a cependant été rejetée mercredi par la 2e chambre d’assises d’Izmir. « Le problème n’est pas insoluble », maintenait toutefois Selvi dans son éditorial jeudi, indiquant que l’avocat a fait appel du rejet de sa demande et qu’on pouvait s’attendre à une décision avant la Fête du Sacrifice, qui sera célébrée mardi 21.
«Les dirigeants turcs agissent dans un cadre qui échappe complètement aux économistes»
NICOLAS CHEVIRON
Le quotidien d’opposition Cumhuriyet partageait le même optimisme relatif. « Selon les informations recueillies en coulisses, la Turquie ne [voulait] pas libérer Brunson le 15 août, à la date fixée avec des intonations menaçantes par les États-Unis. On parle de négociations pour une nouvelle date qui évitera de se trouver dans une position délicate vis-à-vis de l’opinion publique », commentait le journal mercredi.
Cumhuriyet interprétait le léger redressement de la livre turque, à partir de mardi, comme une réaction des marchés à l’espoir d’une résolution prochaine de la crise diplomatique, s’ajoutant aux mesures prises la veille par la Banque centrale pour soutenir le système financier turc et à la promesse par l’émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamas Al Thani, d’une injection de 15 milliards de dollars d’investissements en Turquie.
Vendredi après-midi pourtant, la 3e chambre d’assises d’Izmir, saisie en appel, a douché ces espoirs en rejetant à son tour la requête de la défense du pasteur américain. La livre turque a immédiatement repris sa plongée, cédant 5,43% sur le dollar (5,70% sur l’euro) à 15h30 par rapport à son cours à la clôture de la Bourse d’Istanbul la veille, à 6,15 TL pour un dollar (7,02 TL pour un euro).
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