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Marie Jégo, 29.4.2015
Le Monde, le 29/04/2015
Marie Jégo
Mustafa Akinci, nouveau président de la partie nord, est partisan d’une réconciliation
L’élection de Mustafa Akinci, dimanche 26  avril, à la tête de la République turque de Chypre du Nord (RTCN) autoproclamée, promet de relancer les pourparlers sur le statut de l’île, grippés depuis le mois d’octobre  2014. Elu avec 60,50  % des suffrages, M Akinci, 67  ans, est un militant acharné de la réconciliation. Homme politique de centre gauche, il a longtemps Å“uvré à la réconciliation des deux communautés. Son principal slogan de campagne,  » plus de temps à perdre « ,montre sa volonté de régler le statut de l’île, divisée depuis quarante ans.
 » Ma politique sera axée sur la recherche d’un accord de paix. (…) Les générations précédentes ont beaucoup souffert. Les deux communautés ont partagé les souffrances. Faisons en sorte que la prochaine génération partage les richesses de cette île « , a-t-il déclaré, lors du rassemblement organisé dimanche soir à Lefkosia, la partie turque de Nicosie, pour célébrer sa victoire.
La presse chypriote grecque a salué le nouvel interlocuteur turc du nord de l’île. L’envoyé spécial de l’ONU, Espen Barth Eide, est attendu sur l’île du 4 au 8  mai. La nouvelle donne devrait lui faciliter la tâche pour ranimer les pourparlers enlisés. Mustafa Akinci a fait un premier pas. Pendant sa campagne, il s’est dit favorable à la réouverture de la ville balnéaire de Varosha, passée sous contrôle chypriote turc lors de l’intervention militaire de 1974. Vidée de ses habitants, c’est désormais une cité fantôme. M.  Akinci entend restituer les propriétés des Chypriotes grecs de la ville du bord de mer, jadis fleuron de l’industrie touristique.
L’île de la Méditerranée a été coupée en deux en  1974 lorsque l’armée turque, appelée en renfort face à un coup d’Etat orchestré par des nationalistes chypriotes grecs, a envahi la partie nord, une -annexion jamais reconnue par la communauté internationale. En  2004, les Nations unies ont proposé par référendum le plan Annan (du nom du secrétaire général de l’ONU d’alors, Kofi Annan), qui envisageait l’émergence d’une  » République de Chypre unie « , une fédération constituée de deux Etats. Le plan échoua après avoir reçu le soutien de 65  % des Chypriotes turcs, et de 24  % seulement des Chypriotes grecs. La partie grecque de l’île a adhéré à l’Union européenne en  2004, tandis que la partie nord retournait à son enfermement, à la grande déception des partisans de la réconciliation.
 » Petite crise diplomatique  »
 » Nous attendons beaucoup des deux dirigeants – Anastasiades et Akinci –, car tous deux avaient dit oui au plan Annan en  2004. Ils vont sans doute commencer à négocier en mai « , explique Muhittin Tolga Özsaglam, professeur à l’université du Proche-Orient, dans la partie nord. Selon lui,  » Mustafa Akinci a séduit, car il a promis une nouvelle relation avec la Turquie, fondée sur l’amitié et l’égalité. Il faut s’attendre à une petite crise diplomatique entre MM.  Akinci et Erdogan « .
La Turquie, qui contribue à un tiers du budget de la RTCN, n’a pas en effet apprécié les déclarations de Mustafa Akinci expliquant que les Chypriotes turcs sont  » maîtres chez eux « .  » Nous avons payé un lourd tribut à Chypre Nord. Chaque année, nous contribuons à hauteur d’un milliard de dollars – 920  millions d’euros – à son budget. S’imagine-t-il pouvoir mener cette lutte à lui tout seul ? Il faut qu’il se tienne bien « , a déclaré lundi le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
La réponse de Mustafa Akinci ne s’est pas fait attendre : » Vous ne voulez pas qu’on tienne sur nos jambes. D’après vous, le petit ne grandit jamais ? Mais nous sommes un Etat ici, pourquoi la Turquie nous voit-elle comme éternellement petit ? «Â
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