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Le Monde, le 22/06/2018
Par Yavuz Baydar (Journaliste, directeur du site d’information en ligne Ahval, un journal d’opinion indépendant et sur le Turquie.)
Le journaliste turc exilé en France estime, dans une tribune au « Monde », que les Turcs sortent éreintés du mandat du président sortant, Recep Tayyip Erdogan, candidat à sa propre succession à la présidentielle du 24 juin.
Tribune.
Quand quelqu’un avança la comparaison avec le vaisseau spatial Nostromo, tout le monde éclata de rire. Réuni récemment dans une capitale européenne, notre petit groupe d’observateurs turcs s’était engagé dans une discussion enflammée à propos du phénomène que constitue le président Recep Tayyip Erdogan. « Il me rappelle le film Alien, déclara un universitaire. L’histoire de cette créature agressive qui prend de façon horrible le contrôle du vaisseau et dont il est extrêmement difficile de se débarrasser. »
Même si ses opposants sont prêts à en admettre la validité, de nombreux éléments vont encore au-delà de l’analogie. Et c’est la complexité de la situation actuelle de la Turquie, qui rend si malaisé à comprendre ce qui est en jeu dans la présidentielle du 24 juin. La poigne de fer d’Erdogan a profondément clivé la société turque. Pendant que les partis politiques se cramponnent fermement à leur politique identitaire, Erdogan se présente face à un front d’opposition, qui rassemble kémalistes, Kurdes, nationalistes turcs et un petit parti islamiste, affichant une fragile unité.
Ce qui les unit – et c’est là que la métaphore avec Alien prend tout son sens – se résume à un désir simple : chasser Erdogan du pouvoir comme il fallait chasser la créature de l’aéronef. La moitié environ du corps électoral considère que le président est la cause des problèmes auxquels la Turquie est confrontée aujourd’hui. Comme l’estiment aussi les capitales occidentales, il représente un vrai danger pour son pays en difficulté.
Certains soutiennent que sa défaite résoudrait un problème majeur. Mais, plus largement, la véritable question est de savoir si l’obsession qu’il inspire ne masque pas en réalité les bouleversements profonds qui ont affecté l’ADN administratif de la Turquie depuis quatre ou cinq ans, au cours desquels les institutions essentielles de l’Etat ont été transformées en organismes servilement dévoués au président, et où la séparation des pouvoirs n’est plus que de façade.
Erosion progressive de l’Etat de droit
Par conséquent, de quelque point de vue que l’on se place, le résultat des prochaines élections – qui ont été avancées en raison d’inquiétudes économiques et populistes – déterminera le choix du système dans lequel s’engagera la Turquie : ce qui est en jeu, c’est la nature fondamentale de son régime, le mode d’approche de ses problèmes intérieurs chroniques et son comportement sur la scène internationale.
En d’autres termes, le choix que feront les électeurs dimanche 24 juin constituera une réponse existentielle à la profonde crise systémique dans laquelle le pays s’est enfoncé depuis, approximativement, les manifestations du parc Taksim Gezi en 2013. C’est au cours de ces quelques semaines, il y a tout juste cinq ans, que la liberté d’expression, la liberté de rassemblement et la liberté des médias ont commencé à considérablement se réduire.
Les deux enquêtes pour corruption – provoquées en partie par les dissensions entre deux alliés islamiques, le noyau sunnite du Parti de la justice et du développement (AKP, la formation présidentielle) et les éléments bureaucratiques du très secret mouvement Gülen – lancées un peu plus tard cette même année marquèrent le second moment de rupture.
Il en résulta une érosion progressive de l’Etat de droit et un assujettissement croissant du pouvoir judiciaire au pouvoir politique. L’ultime moment de vérité fut de savoir si Erdogan serait ou non capable d’apporter une réponse pacifique à l’épineuse question kurde. Les pourparlers se prolongèrent environ dix-huit mois avant qu’Erdogan ne renverse lui-même la table des négociations au lendemain des élections du 7 juin 2015.
L’instinct de survie politique du président turc – sur fond de soupçons de corruption et d’une douteuse politique de « changement de régime » en Syrie – a ouvert la voie à un régime purement autocratique. La tentative de coup d’Etat de juillet 2016 s’est transformée pour Erdogan, selon ses propres termes, en un « cadeau divin » lui permettant de renforcer son emprise sur le pouvoir, laquelle, grâce à l’instauration de l’état d’urgence et à l’organisation du référendum de l’année dernière, l’a encore rapproché de sa vision autocratique : une forme sévère de gouvernement mêlant néo-ottomanisme, baasisme moyen-oriental et autocratisme propre aux républiques turcophones d’Asie centrale.
Le culte présidentiel
Erdogan va-t-il une nouvelle fois l’emporter ? Une chose au moins est sûre : la compétition sera très serrée. Bien que son principal adversaire, l’économie, ait récemment fortement enrayé la dynamique de l’AKP, les conséquences du ralentissement sur le citoyen ordinaire seront longues à se faire sentir ; il faudra du temps avant que les ménages n’en éprouvent tous les effets.
Et puis il ne faut pas mésestimer la loyauté. Erdogan a réussi à édifier un véritable culte autour de sa personne. Ses fervents partisans le voient comme le sauveur qui « pense et parle comme [eux] », incarne la fierté nationale face à l’Occident et pourrait ressusciter ce qu’ils considèrent comme l’âge d’or de la Turquie. Pour certains, il paraît donc irremplaçable. Les pieuses classes moyennes pourraient lui rester fidèles par peur de perdre leurs acquis – système de santé, éducation, infrastructures.
Mais cette fois-ci, le président a peut-être sous-estimé deux éléments. Depuis quelque temps, le bouillant Muharrem Ince, candidat du principal parti d’opposition kémaliste laïc, le Parti républicain du peuple (CHP), se révèle un adversaire redoutable. Homme à l’esprit vif, Ince a choisi une voie différente de celle des autres responsables du CHP : en plus des salves de petites phrases bien senties qu’il adresse régulièrement à Erdogan, il a adopté un discours qui met l’accent sur les politiques de classe, formulé dans un langage dont il espère qu’il séduira tous ceux qui souhaitent le départ d’Erdogan. A la différence du dirigeant de son parti, Kemal Kiliçdaroglu, Ince ne provient pas d’un milieu alévi et, contrairement à la majorité des membres du CHP, on le voit souvent prier à la mosquée. Ce qui contribue à élargir son influence.
Société fragmentée
Le second élément, ce sont les Kurdes, qui représentent près de 15 % de l’électorat. Il est évident que nombre d’entre eux avaient placé de grands espoirs en Erdogan pour parvenir à une paix qu’ils souhaitent ardemment, et l’immense dévastation qu’a entraînée le changement d’attitude du président a éloigné de l’AKP les Kurdes, y compris les plus conservateurs d’entre eux. Si le Parti démocratique des peuples (HDP) parvient – comme il l’a déjà fait – à dépasser le seuil de 10 % des voix permettant de former un groupe parlementaire, les projections électorales laissent penser que, cette fois, la fin du règne majoritaire de l’AKP est possible.
Le scrutin du 24 juin reflétera inévitablement les soubresauts de l’histoire turque depuis seize ans : une société fragmentée en différentes identités, obstinément embourbée dans des conceptions du monde conflictuelles, se trouve lancée dans une course serrée pour le pouvoir exclusif ; et toutes ces identités ne sont pas encore assez mûres pour parvenir à un consensus national autour d’une coexistence pacifique au sein d’un régime démocratique décent.
Et l’économie en berne ajoute encore à ce que l’on pourrait décrire comme un champ de ruines résultant de la politique égocentrique et autocratique d’Erdogan. Quel que soit l’homme ou le parti qui sortira vainqueur de ces élections, une immense tâche l’attend, résultat d’une longue succession de crises.
Traduit de l’anglais par Gilles Berton
Lauréat du prix européen de la presse en 2014 et du Journalistenpreis en Allemagne en 2017,
Yavuz Baydar vit en exil en France depuis le coup d’Etat avorté du 15 juillet 2016
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