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Marianne, le 08/02/2019
Par Martine Gozlan
A deux mois des élections municipales et à l’heure où les Américains se désengagent de Syrie, l’autocrate prépare une nouvelle offensive contre les Kurdes et restreint chaque jour un peu plus les libertés.
Il peut tout se permettre. Depuis le 2 octobre 2018, l’affaire Khashoggi a propulsé Recep Tayyip Erdogan au zénith. Si l’assassinat de l’éditorialiste et opposant saoudien derrière les portes du consulat de son pays à Istanbul a terni l’image du royaume wahhabite, il a aussi permis au président turc de se présenter comme le chef du bloc des pays sunnites. Et comme un père la vertu démocratique qui n’hésite pas à traquer sur son sol les dépeceurs de journalistes et à se poser urbi et orbi en défenseur de la liberté d’expression. Un comble. Malgré les 130 000 fonctionnaires turcs limogés (dont 3 000 seulement ont été réintégrés) depuis 2016 et les 160 journalistes incarcérés. Malgré l’embastillement du leader (kurde) de la troisième force politique du pays (le Parti démocratique des peuples, HDP), Selahattin Demirtas. Ancien candidat à la présidentielle de juin 2018 – sous les verrous, il a tout de même obtenu 8 % des voix -, Demirtas est incarcéré depuis septembre 2016. Il a été condamné à quatre ans et huit mois de prison pour « propagande terroriste ».
Mais tout cela est oublié. Sur la scène internationale, le sang versé par les bourreaux saoudiens a lavé Erdogan de ses propres forfaits. Un bonheur n’arrivant jamais seul, Donald Trump offre le 19 décembre un royal cadeau à l’innocent sultan : le retrait américain de Syrie. Carte blanche au président turc dans la région. Les médias locaux – ils sont tous devenus officiels -pavoisent : « Trump se retire de Syrie pour Erdogan ! » Le maître du Bosphore et de l’Anatolie a donc les mains et les armes libres pour aller ferrailler contre les Kurdes à l’est de l’Euphrate. Ces Kurdes des YPG, les Unités de protection du peuple, qui se sont tant battus aux côtés des Américains contre Daech.
Plus que des municipales
Aujourd’hui, l’offensive turque semble imminente. « Les préparatifs sont achevés », claironne, le 29 janvier, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar. Tant pis si le versatile président américain tweete : « Nous dévasterons économiquement la Turquie s’ils attaquent les Kurdes… » C’est pourtant lui, le locataire de la Maison-Blanche, qui les a abandonnés. Surfant sur ces incohérences, Erdogan repart donc en campagne autant militaire qu’électorale. La première constitue d’ailleurs l’argument choc de la seconde. Car les élections municipales du 31 mars approchent. Et ce n’est pas un scrutin négligeable. Pour l’écrivain Nedim Gursel, auteur de Turquie libre, j’écris ton nom (Bleu autour, 2018), « ces élections sont perçues comme bien plus que municipales car Erdogan est aussi le chef de l’AKP, le parti au pouvoir. Or l’opposition pourrait regagner Ankara et Istanbul en raison notamment de la crise économique. Ce serait un terrible revers… » Peut-être le commencement de cette fin que nul ne peut imaginer, mais qu’Erdogan redoute, pris entre les deux vertiges qui taraudent tout dictateur : l’ivresse de vaincre et la hantise de perdre. Or Istanbul est une ville clé. « Une mégapole choyée par un pouvoir qui l’a promue en vitrine de sa puissance et de son identité refabriquée », écrit à son sujet Jean-François Pérouse, ex-directeur de l’Institut français d’études anatoliennes, dans Istanbul planète (La Découverte, 2017). Pour ce chercheur installé depuis vingt ans sur les rives du Bosphore, la ville fut « le laboratoire de la nouvelle Turquie ».
Mais « l’imaginaire stambouliote de l’AKP », selon sa formule, pourrait bien être chahuté par la crise. « En août dernier, la dévaluation de 30 % de la livre turque a eu un sérieux impact sur les importations, rappelle Nedim Gursel. Beaucoup d’entreprises ont mis la clé sous la porte. Erdogan a d’abord nié la réalité : “Il n’y a pas de crise !” disait-il. Ensuite il a changé de ton : “Ils ont leur dollar, nous avons notre Allah… Personne ne pourra arrêter notre ascension. N’oubliez pas que nous avons vaincu les Byzantins à la bataille de Malazgirt…” C’était en 1071 ! Mais ça marche encore. La plupart des gens y croient. La seule chose qui peut les faire redescendresur terre, ce ne sont pas nos discours et nos appels sur les droits de l’homme et la laïcité. Nous ne touchons pas les masses. De toute façon, les médias sont aux ordres du pouvoir, nos voix sont étouffées. Non, c’est cette crise, qui, selon toute prévision, s’aggravera au lendemain des élections, qui pourrait changer la donne. »
Barreaux et bâillons
La crise sur fond de peur, ou inversement. Milena Buyum est chargée de la Turquie à Amnesty International. Inlassablement, l’organisation dénonce « un espace des libertés qui se réduit comme une peau de chagrin ». Le propre président d’Amnesty Turquie, Taner Kilic, un avocat d’Izmir, a passé plus de quatorze mois derrière les barreaux, avant d’être libéré en raison des pressions internationales.
« Bien que l’Etat d’urgence ait été levé en juillet 2018, de nombreuses mesures sont toujours en vigueur, résume Milena Buyum. Les procureurs peuvent s’opposer aux décisions des tribunaux de libérer des gens en détention provisoire. Des dizaines de personnes sont toujours en prison sans même connaître les chefs d’accusation portés contre elles. » Comme Osman Kavala. Ce célèbre homme d’affaires est soupçonné d’avoir financé les rassemblements de l’opposition lors du soulèvement du parc Gezi, à Istanbul, au printemps 2013. A l’isolement depuis un an, il n’a eu connaissance d’aucun motif d’inculpation. « Nous nous battons contre des moulins à vent ! », rappelle amèrement son avocat. Vent mauvais. Tout devient illicite. A Ankara, interdiction totale des activités des associations LGBT. A Istanbul, interdiction du rassemblement pacifique des « mères du samedi », à Galatasaray, pourtant une tradition depuis plus de vingt ans. Bien antérieure au règne d’Erdogan, elle remonte à 1995, au moment où des femmes décidèrent de manifester leur douleur après les disparitions de jeunes gens lors de l’insurrection kurde entre 1984 et 1990. Les mères réclamaient des enquêtes, faute de quoi leur deuil ne connaîtrait jamais de fin. Il est aujourd’hui aggravé par l’obligation de faire silence. En septembre dernier, la police a même érigé des barricades pour repousser les mères de Galatasaray.
Etre contraint de se taire. Puis en venir à se taire d’instinct. L’autocensure gagne du terrain. Le dernier livre de Nedim Gursel, la Seconde Vie de Mahomet, est consacré à la figure du Prophète dans la littérature (CNRS éditions, 2018). Gursel, amoureux de notre pays, l’a écrit en français. L’ouvrage sera bientôt traduit à Beyrouth par son éditeur libanais pour être diffusé dans les pays arabes. Mais c’est en pure perte que l’écrivain relit les épreuves de sa traduction turque : « Mon éditeur turc n’ose pas le publier. Erdogan n’a même plus besoin d’interdire. »
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