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Courrier International, le 25/04/2020
Mustafa Koçak, 28 ans, condamné à la perpétuité pour terrorisme et qui clamait son innocence, est décédé le 24 avril à l’issue de sa grève de la faim. Dans les prisons turques, beaucoup entreprennent des actions similaires pour dénoncer les mauvais traitements ou demander la révision de procès.
Mustafa Koçak, 28 ans, ne pesait plus que 29 kilos. Emprisonné en Turquie pour une affaire de terrorisme, le jeune homme est mort vendredi 24 avril à l’issue de la grève de la faim qu’il menait depuis 297 jours pour obtenir une révision de son procès.
Müvekkilimiz Mustafa Koçak, ölüm orucu direnişinin 297. gününde şehit düşmüştür.
Mustafa, adil yargılanma hakkı için, hücre hücre eriyerek, direnerek ölümsüzlüğe yürüdü.
Bilin, devlet Mustafa’yı bir tanığını mahkemede dinlememek için katletti.
Anısı önünde saygıyla eğiliyoruz. pic.twitter.com/B6lFs7MtRY
— Halkın Hukuk Bürosu (@halkinhukuk_) April 24, 2020
En un mois, c’est le deuxième citoyen turc à succomber à une grève de la faim, après la mort, le 3 avril, d’Helin Bölek, 28 ans elle aussi, chanteuse d’un groupe de musique contestataire de gauche radicale, Grup Yorum, très connu dans le pays. Elle demandait quant à elle l’arrêt des poursuites judiciaires contre le groupe, la libération de ses membres et l’autorisation des concerts.
En mars 2020, Mustafa Koçak avait envoyé une lettre à la presse, publiée notamment par le média en ligne Bianet : “La vie est une chose magnifique, je ne veux pas mourir, aidez-moi à vivre”, y écrivait le jeune homme. “Je m’appelle Mustafa Koçak, je suis un des quatre enfants d’une famille pauvre, j’ai passé mon enfance et ma jeunesse à travailler pour aider ma famille. J’habitais avec ma famille dans le quartier d’Esenyurt, à Istanbul, jusqu’à ce que mon arrestation, le 23 septembre 2017 vienne chambouler ma vie.”
Aveux obtenus sous la torture
À la suite de son arrestation, il sera condamné pour sa participation à une attaque menée par un groupuscule de gauche radicale, le DHKP-C, contre le palais de justice d’Istanbul en 2015. L’attaque s’était soldée par la mort des deux assaillants et du procureur Mehmet Selim Kiraz. Les preneurs d’otage lui reprochaient d’empêcher que la lumière soit faite sur le décès de Berkin Elvan, un adolescent de 14 ans tué lors des manifestations antigouvernementales dites de Gezi au printemps 2013.
Accusé d’avoir fourni l’arme du meurtre, Mustafa Koçak affirme que es aveux ont été obtenus sous la torture. Ses avocats dénonçaient ce qu’ils considéraient comme un dossier sans preuves, exceptées les déclarations d’un “repenti” qui le mettait en cause. Mais ledit repenti, après avoir obtenu son libération et s’être exilé en Allemagne avait déclaré devant un juge allemand avoir produit de fausses confessions sous la torture et la menace.
“Avec la famille, nous avons déposé de nombreux recours auprès des institutions, sollicité sans succès de multiples entrevues avec le ministère de la Justice. En restant sourds à toutes nos demandes, ils ont causé la mort de Mustafa”, déclare un de ces avocats, cité par le site d’information T24.
Les grèves de la faim se multiplient en Turquie, pour dénoncer les mauvais traitements dans les prisons, ou demander la révision de certains procès. Autre membre du groupe de musique Grup Yorum, İbrahim Gökçek, a perdu 50 kilos et son état est jugé très préoccupant. Les avocats emprisonnés Ebru Timtik et Aytaç Ünsal se sont lancés depuis le mois de février dans un “jeûne de la mort” qu’ils n’interrompront que si leurs revendications sont entendues. Au mois d’avril, les présidents de 39 barreaux de Turquie ont signé un appel conjoint pour demander leur libération, rapporte le quotidien Evrensel.
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