Une partie de ses contacts avec des hommes d’affaires et des officiels turcs aurait eu lieu par l’intermédiaire de l’une de ses assistantes, chargée de l’international et des relations avec la communauté turque de New York, Rana Abbasova, citoyenne azéro-américaine et donc turcophone. Mise en cause, elle a décidé de coopérer avec les autorités judiciaires, contrairement à Eric Adams, qui a plaidé non coupable jeudi 27 septembre, jour de son inculpation.

 

“Un véritable ami de la Turquie”

Les contacts de l’édile avec des milieux d’affaires turcs, notamment dans le BTP, lui auraient aussi permis d’obtenir des dons illégaux pour sa campagne, accusent les autorités judiciaires américaines. Cinq de ces hommes d’affaires sont mis en cause par la justice américaine, relate Diken. Selon le média en ligne, l’acte d’accusation décrit les excellentes relations entre Eric Adams et un homme appelé le “responsable turc”. Selon la presse turque, cet homme est l’ancien consul général de Turquie à New York, Reyhan Özgür.

En 2021, celui-ci aurait notamment obtenu du maire élu qu’il fasse pression sur les pompiers de la ville pour obtenir l’ouverture rapide (à temps pour une visite du président Erdogan) de la “maison de la Turquie”, un gigantesque gratte-ciel édifié par les autorités turques à Manhattan. “Tu es un véritable ami de la Turquie”, aurait écrit le “responsable turc” dans un message adressé à Eric Adams. “Tu es comme mon frère, je suis là pour vous aider”, lui aurait répondu l’édile, selon l’acte d’accusation.

Les autorités turques ont indiqué “suivre le dossier judiciaire” et nié catégoriquement s’être “immiscées dans les affaires intérieures d’un autre pays”, rapporte le quotidien Hürriyet.

 

L’affaire divise l’opposition turque

L’affaire provoque néanmoins quelques secousses au sein de la classe politique, en particulier du côté du Parti républicain du peuple (CHP, laïc et nationaliste). De passage à New York, Özgür Özel, le dirigeant du principal parti d’opposition, a pris la parole devant la Maison turque pour se féliciter de l’existence du lieu et balayer les accusations. “La Turquie n’est pas un pays qui a besoin de corrompre”, a-t-il indiqué, cité par Medyascope.

Une déclaration critiquée par l’ancien leader du parti, Kemal Kiliçdaroglu. “Il ne faut pas confondre la Turquie et le pouvoir aux mains d’Erdogan, le CHP [ne doit pas] fermer les yeux devant la corruption au prétexte d’améliorer ses relations avec le pouvoir”, a déclaré le principal adversaire d’Erdogan pour l’élection présidentielle 2023, dans des propos rapportés par Gazete Duvar.

Dans les rangs de l’opposition, certains juristes, dont l’ancien procureur Bülent Yücetürk, ont aussi appelé la justice à se saisir de l’affaire, une partie des faits de corruption supposée ayant eu lieu sur le sol turc, rapporte le quotidien Cumhuriyet.