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L’Express, le 06/08/2021
Par Corentin Pennarguear (envoyé spécial à Ankara, Istanbul et Izmir)
Crise économique, Covid-19, scandales, mafia et popularité en chute libre… Au pouvoir depuis dix-huit ans, le président turc vacille pour la première fois de son règne. En Turquie, une question domine : jusqu’où ira-t-il pour garder son trône ? Premier épisode de notre enquête sur place.
Chaque 15 juillet depuis cinq ans, la Turquie célèbre sa « journée nationale de la démocratie ». Les chaînes de télévision saturent de feuilletons à la gloire des résistants, les soldats marchent au pas et Recep Tayyip Erdogan délivre un interminable discours vantant sa « nouvelle Turquie ». Cette année, le président en personne est descendu de son palais blanc, sur les hauteurs d’Ankara, pour inaugurer le « musée de la Démocratie », un bâtiment hommage au 15 juillet 2016, date de la tentative de coup d’Etat qui a fait basculer le pays, et son reis tout-puissant.
Alors que, près du Parlement, la fête bat son plein pour l’inauguration du musée, à l’intérieur les députés turcs ne se relâchent pas. A la demande du gouvernement, ils s’apprêtent à prolonger l’état d’urgence, décrété au lendemain du putsch manqué, de trois nouvelles années. Ce dispositif légal a permis à Erdogan de purger le pays de tous les fonctionnaires en désaccord avec ses idées. Environ 100 000 personnes ont été licenciées, et plus de 300 000 arrêtées. Pour le maître d’Ankara, ce coup d’Etat mal préparé aura été « un don de Dieu », comme il le dit lui-même.
Cinq ans après les bombardements des putschistes, les députés continuent de voir chaque jour les dégâts dans leur bâtiment : un trou béant défigure le deuxième étage du Parlement, juste au-dessus d’un jardin intérieur. « Peut-être sera-t-il réparé un jour, commente un député de l’opposition, désabusé. En attendant, cet impact nous rappelle chaque jour qu’un coup d’Etat a eu lieu, qu’il a échoué, et que le pouvoir du président Erdogan reste solidement en place… »
La durée de son règne sur la Turquie a déjà dépassé celle du fondateur de la nation, Mustafa Kemal Atatürk, au pouvoir de 1923 à 1938. En dix-huit ans, Recep Tayyip Erdogan a remporté une douzaine d’élections, modifié la Constitution et le régime politique turc, surfé sur le nationalisme et l’islamisme, repoussé les frontières de la Turquie en Syrie et exercé son influence dans le monde musulman… « En tant qu »Atatürk moderne’, Erdogan a réussi à modeler la Turquie à son image : profondément musulmane et conservatrice », explique Soner Cagaptay, spécialiste au Washington Institute. Les soutiens du reis aiment l’appeler « le chef éternel », et il pourrait bien diriger le pays jusqu’à son dernier souffle, malgré l’avalanche d’épreuves que son peuple doit surmonter.
Toutefois, une différence majeure le sépare d’Atatürk : Erdogan doit, lui, affronter le verdict des urnes. Pour la première fois depuis le début de son ère, en cette année 2021, les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le tacticien d’Ankara, qui semble avoir perdu de sa magie. Depuis la Turquie, L’Express raconte pourquoi le sultan ne paraît plus si intouchable, et voit son horizon s’assombrir.
Chapitre 1 : La soif de pouvoir
Si Erdogan s’accroche à ce point au pouvoir, c’est que sa conquête n’allait pas de soi pour cet enfant du quartier pauvre de Kasimpasa, sur la rive européenne d’Istanbul. Footballeur semi-professionnel, ce passionné d’économie déboule sur la scène nationale en 1994, en devenant maire d’Istanbul, la ville la plus puissante de Turquie. Déjà proche des islamistes, il l’emporte grâce à ses fortes promesses contre la corruption.
L’ascension est vertigineuse, mais le pouvoir laïque surveille de près ce politique qui a grandi à l’école coranique et milité très tôt dans l’association musulmane Milli Görus. En 1997, lors d’un meeting religieux dans le sud du pays, il lance ces quelques vers religieux à la tribune : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats. » Ce poème l’envoie derrière les barreaux pendant dix mois, qui lui offrent une solide popularité nationale et du temps pour mettre en place son nouveau parti politique, l’AKP. Le chantre de « l’islam modéré » triomphe aux législatives de 2002 et ne quittera plus son trône.
« Quand il arrive au pouvoir, Erdogan représente le changement, expose Soner Cagaptay, auteur de A Sultan in Autumn (2021). Il représentait une Turquie tournée vers l’avenir, capable de résoudre les problèmes endémiques du pays, de la question kurde à la corruption, en passant par la mauvaise gestion des finances. Et c’est ce qu’il a fait dans un premier temps. » A ses débuts, le dirigeant se présente comme résolument proeuropéen, prodémocratie et ouvert à la modernité. Les investisseurs étrangers se ruent sur la Turquie. « De 2002 à 2009, l’Europe était le sujet principal de 45 % des discours d’Erdogan », relève Taner Dogan, qui a disséqué les déclarations du président turc pour son livre Communication Strategies in Turkey (2020). « Le contraste est net avec la décennie suivante : à partir de 2010, ses discours sont dominés par la religion et la réthorique antisystème. »
Pendant dix ans, Erdogan peut compter sur une économie en plein essor. Jusqu’en 2013, le chômage baisse de manière continue, l’inflation atteint son plus bas niveau historique et un nouveau système de prêts permet à des millions de Turcs de devenir propriétaires. La mortalité infantile, au niveau de la Syrie avant l’arrivée d’Erdogan au pouvoir, recule pour arriver à un taux comparable à l’Espagne.
L’Occident, ébloui par ces résultats, n’a pas vu venir la menace autoritaire. Dans les jardins du Parlement, un îlot de verdure au coeur de la grise Ankara, le député Ibrahim Kaboglu raconte cet aveuglement occidental, qu’il a vécu au premier rang. « Pendant dix ans, l’AKP et son leader ont été les enfants gâtés de l’Europe, qui les a protégés au nom de la démocratie et des promesses d’islam modéré, » se désole l’élu d’Istanbul, spécialiste du droit constitutionnel et ancien professeur à Limoges. « Lors de mes voyages à Bruxelles, j’émettais des critiques sur sa gestion du pouvoir, je mettais en garde nos amis européens. Mais tous me reprochaient de ne pas avoir confiance en la démocratie de mon pays. » Depuis, le côté sombre d’Erdogan s’est affirmé, et Ibrahim Kaboglu a été victime de la purge post-coup d’État de 2016. Licencié de son poste à l’université après avoir signé une « pétition pour la paix », le septuagénaire s’est lancé en politique en rejoignant le CHP, grand parti d’opposition social-démocrate, et s’attelle à rédiger une nouvelle Constitution pour la Turquie, anticipant la chute du reis.
Pour gagner les élections, les résultats économiques ne suffisent plus à l’AKP. Erdogan divise, montre du doigt et réprime. D’abord les kémalistes, ces héritiers de la laïcité dure d’Atatürk, puissants au sein de l’armée et de la justice. Puis les libéraux, les intellectuels, les Kurdes, les Alévis… L’Europe tarde à constater la dérive mais sera bientôt confrontée à l’évidence.
Chapitre 2 : Une bascule vers les extrêmes
Le 15 juillet dernier, Recep Tayyip Erdogan visite son tout nouveau musée de la Démocratie, à quelques pas du Parlement national. Huit salles retracent l’héroïsme du « peuple turc », descendu par milliers dans les rues en 2016 pour contrer les soldats putschistes et défendre leur président. Pendant l’inauguration, un député en costume noir, regard sombre, ne lâche pas le chef de l’Etat. Devlet Bahçeli, 73 ans, leader du parti ultranationaliste MHP, s’est imposé comme l’ombre officielle d’Erdogan.
Contrairement aux apparences, le reis ne peut diriger la Turquie en solitaire. Le système politique national, reposant sur les coalitions, oblige l’AKP aux alliances et aux compromis. A ce jeu, Erdogan a longtemps régné en maître. Son ère peut se diviser en trois périodes : de 2002 à 2010, il s’allie aux libéraux et profite d’une économie en pleine forme. Puis à partir de 2011, il polarise la société et développe son programme religieux avec la confrérie islamiste du prédicateur Fethullah Gülen.
Après la tentative de coup d’État de 2016, le président se débarrasse de ses alliés gülenistes (trop encombrants et accusés d’avoir organisé le putsch), change la Constitution, et doit se rapprocher de ses anciens ennemis, les ultranationalistes du MHP. Leur branche armée, connue sous le nom de Loups gris, prend une place immense dans l’appareil d’Etat, remodelé selon les désirs du maître d’Ankara. « Erdogan a donné les clés du pays à ceux qui nous ont combattus pendant des années », souffle Mustafa Yeneroglu, un ancien cadre de l’AKP qui a quitté le parti présidentiel face à ces dérives.
Allié de circonstance, Devlet Bahçeli a pris une envergure inattendue auprès du président. Le leader d’extrême droite n’hésite jamais à déverser sa haine de l’Occident et appelle régulièrement aux actions violentes contre les minorités. « L’idéologie du MHP et des Loups gris, fondée sur le nationalisme islamique, la haine des Kurdes et des Arméniens, fait désormais partie du logiciel de l’AKP », explique Thomas Rammerstorfer, auteur de Loups gris : l’extrême droite turque et son influence (2018). « Les Loups gris restent très impliqués dans l’économie souterraine et les trafics entre la Turquie, les Balkans et l’Europe occidentale. Leurs liens avec les réseaux mafieux sont bien établis et documentés. »
Sous la pression de ses nouveaux alliés, Erdogan transforme la Turquie en acteur agressif sur la scène internationale. Arménie, Libye, Syrie, Méditerranée orientale… Les terrains de confrontation se multiplient à partir de 2019, et le MHP jubile : sa vision nationaliste triomphe. À l’intérieur de la Turquie aussi, le pouvoir laisse libre cours à la violence comme arme politique. Bientôt, l’opposition vit dans la peur des règlements de comptes.
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