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Libération, le 21/06/2018
Par Johanna Luyssen, Correspondante à Berlin
Lors d’une manifestation pro Erdogan, à Cologne, en 2016. Photo Imago. Studiox
Alors que Recep Tayyip Erdogan remet son mandat en jeu dimanche, les Turcs vivant en Allemagne racontent leurs difficultés à être considérés comme des citoyens à part entière. Un sentiment exacerbé par plusieurs crimes racistes et la poussée de l’extrême droite.
Attablé à son bureau dans une artère tranquille du quartier de Neukölln, à Berlin, Aydin Akin se définit comme un «mélange de mer Noire et d’Europe». Ce comptable à la retraite affable et volubile, arrivé ici en 1968, fait partie de ces millions de Turcs de l’étranger dont la voix pourrait être décisive lors des élections législatives et présidentielle anticipées de dimanche. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, compte sur eux pour remporter ce scrutin qui s’annonce serré. Aydin Akin a déjà donné sa voix, les bureaux de vote dans les consulats ayant fermé mardi ; mais il se garde bien de dire pour qui.
«Les Turcs en Allemagne ne constituent pas un vote ethnique, dit le politologue Roy Karadag, directeur scientifique de l’Institut des études interculturelles et internationales à l’université de Brême. En Allemagne, ils peuvent soutenir les sociaux-démocrates du SPD comme les conservateurs de la CDU. En Turquie, c’est un peu différent. Certes, ils ont tendance à voter pour l’AKP. Mais le niveau de participation est généralement assez bas. Ce sont surtout les conservateurs qui se mobilisent.» Les Turcs en Allemagne représentent environ 2 millions de personnes. Un chiffre auquel on peut ajouter les personnes allemandes d’origine turque – on obtient alors une «communauté» culturelle d’environ 4 millions. Beaucoup sont arrivés dans le pays dans les années 60, au moment du «miracle économique» ouest-allemand. Le mur de Berlin ayant privé l’Ouest d’une importante main-d’œuvre, la RFA est allée chercher des «travailleurs invités» un peu partout et notamment en Turquie, obtenus via un accord migratoire. Ces travailleurs étaient censés rester provisoirement en Allemagne. Mais les entreprises, prospères, avaient encore et toujours besoin d’ouvriers.
Les années passant, beaucoup de Turcs, même après la fin de l’accord migratoire en 1973, sont restés. Ils ont fait des enfants. Imran Ayata fait partie de cette deuxième génération. Ecrivain et activiste, il est le cofondateur du comité de soutien au journaliste germano-turc Deniz Yücel, emprisonné pendant un an en Turquie en 2017 pour «propagande pour le compte d’une organisation terroriste» et «incitation à la haine». Imran Ayata est né dans le Bade-Wurtemberg, de parents «travailleurs invités». «Cette histoire a commencé par un mensonge, dit-il autour d’un café. On a appelé cette génération les « travailleurs invités », parce politiquement, tout était prévu pour qu’elle reparte après quelques années. Mais ce ne fut pas le cas. Ensuite, ma génération est née ici. Nous avons grandi ici. Mais nous ne sommes pas totalement acceptés comme Allemands. Nous sommes allemands, oui, mais pas tout à fait.»
Ainsi, il y aurait 4 millions de personnes de culture turque en Allemagne. Où sont-elles dans les médias, au Bundestag, dans la culture ? La communauté semble isolée, dans des quartiers dédiés de Berlin, Cologne, Hambourg ou Stuttgart. «En quelque sorte, il existe une forme de ségrégation. Nous manquons réellement de visibilité, de représentation», dit Cihan Sinanoglu, porte-parole de la Communauté turque d’Allemagne. On compte les personnalités turco-allemandes sur les doigts de la main : le cinéaste Fatih Akin, le footballeur Mesut Ozil, le politique (Verts) Cem Ozdemir… «Et encore, même ces exemples ont leurs limites, commente Imran Ayata. Prenez Fatih Akin, qui est né à Hambourg. Au début de sa carrière il était décrit comme le « réalisateur germano-turc ». Au fil des ans, avec le succès, il a fini par devenir un « réalisateur allemand ». Mais il n’est pas considéré comme tout à fait « normal », tout à fait « allemand ».»
Plusieurs événements récents ont alimenté les frustrations de la communauté turque en Allemagne, exacerbant leur sentiment de ne pas être respectés. Un sentiment qui tend à renforcer le vote en faveur d’Erdogan.
En outre, «les Turcs allemands sont empêtrés dans un dilemme, dit le politologue Roy Karadag. S’ils sont anti-Erdogan, on les accuse de trahir la Turquie. S’ils s’en rapprochent, ils sont accusés de trahir la démocratie. Comme le montre l’affaire des photos des footballeurs Ozil et Gündogan.»
Cette polémique qui ne faiblit pas dans les médias met en scène les deux internationaux allemands d’origine turque Mesut Ozil et Ilkay Gündogan. Ils ont posé en mai avec un Erdogan en pleine campagne électorale. Depuis, la presse comme l’opinion se déchaînent. La voiture de Gündogan a été vandalisée à Cologne début juin. On le siffle pendant les matchs. On les presse tous deux de questions sur leur rapport à l’Allemagne, on exige des certificats de germanité. On interroge : pourquoi Mesut Ozil n’a t-il pas chanté l’hymne allemand lors du match contre le Mexique, dimanche ? «Le simple fait qu’on pose la question « Sont-ils allemands ou non ? » alors qu’ils sont nés ici montre bien l’influence qu’exerce l’AfD sur les discours», analyse Cihan Sinanoglu.
Pancartes et sifflet
De son côté, le parti d’extrême droite ne ménage pas ses efforts pour attaquer la communauté turque. On se souvient d’un Alexander Gauland, chef de file du parti lors des dernières législatives, disant en août au sujet d’Aydan Ozoguz, alors secrétaire d’Etat à l’intégration : «Dieu merci, nous allons pouvoir ensuite nous en débarrasser en Anatolie.» En février, c’est André Poggenburg, chef de l’AfD en Saxe-Anhalt, qui qualifiait les Turcs de «marchands de cumin» et de «chameliers», qui devraient «retourner là d’où ils viennent : au-delà , très au-delà du Bosphore, là où se trouvent leurs huttes en terre et leurs familles polygames». «En un sens, commente Cihan Sinanoglu, l’AfD est devenue le meilleur promoteur d’Erdogan en Allemagne.»
Récemment, le sommet sur l’intégration organisé annuellement à la chancellerie a été séché ostensiblement par le ministre (CSU) ultraconservateur de l’Intérieur, Horst Seehofer. Celui-ci a en effet préféré s’entretenir au même moment avec le chancelier autrichien Sebastian Kurz afin de bâtir un «axe Rome-Vienne-Berlin» pour lutter contre «l’immigration illégale». La raison invoquée pour ne pas assister à ce sommet était d’ailleurs directement liée aux Turcs en Allemagne, puisqu’il protestait contre un texte de la journaliste Ferda Ataman. Une réflexion politique autour du mot «Heimat» – terme aux accents identitaires signifiant grossièrement «bien de chez nous» et désormais accolé au nom du ministère de l’Intérieur que dirige Seehofer. Ce dernier a donc justifié son absence de ce sommet parce qu’il n’aurait pas digéré une phrase du texte de Ferda Ataman, où elle mêlait le terme «HeimatȈ la question du «sang et du sol». Seehofer, offusqué, considère qu’en écrivant cela elle le traite de nazi.
D’autres événements récents bouleversent les Turcs d’Allemagne. Parmi eux, l’interminable procès de Beate Zschäpe, de la NSU, groupe terroriste néonazi auteur de dix meurtres entre 2000 et 2007 visant principalement des immigrés turcs. C’est la série la plus grave de crimes racistes que le pays ait connue dans son histoire d’après-guerre. Et ce procès est aussi pénible que riche en rebondissements – déjà cinq ans d’audience. Mais l’histoire de la NSU, c’est aussi et surtout le révélateur d’une impressionnante série d’erreurs, d’omissions et de négligences de la part des autorités allemandes. Ces dernières ont systématiquement préféré explorer la piste du règlement de comptes intracommunautaire plutôt que celle du crime raciste, tandis que la presse affublait cette série de meurtres du sobriquet de «DönerMorde», les «meurtres des kebabs».
«Et puis, ajoute Cihan Sinanoglu, je pose la question : qui a tué Burak Bektas ?» En 2012, cet homme de 22 ans a été abattu froidement dans la rue à Neukölln. Le modus operandi rappelle celui des néonazis de la NSU : un meurtre méthodique et silencieux dans un lieu public. Une élimination, en quelque sorte. La communauté turque accuse les autorités de n’avoir pas suffisamment exploré la piste raciste. Ces dernières rétorquent que l’enquête, difficile, se poursuit.
Reste les symboles. Au printemps, à Neukölln, un monument a été érigé en mémoire de Burak Bektas «et aux cas similaires». Il ne s’est pas écoulé deux semaines avant qu’il ne soit vandalisé à l’aide d’un produit chimique. Certains Turcs en Allemagne ne baissent pas les bras pour autant. Aydin Akin, l’ex-comptable à la retraite, est de ceux-là . Avec son vélo décoré de pancartes, de ballons, du drapeau allemand et du drapeau turc, le septuagénaire parcourt la ville chaque jour, de 17 heures à 20 heures, pour propager son message. Il veut pouvoir voter aux élections locales dans le pays dans lequel il s’est installé voilà un demi-siècle, a fondé une famille, dont il parle la langue et où il paye des impôts. Alors, depuis douze ans, il milite à vélo pour «le droit de vote pour tous». Casque sur la tête, sifflet à la bouche, mégaphone à la main, entouré de ses pancartes, ses drapeaux et ses ballons, il pédale à travers les différents quartiers de la capitale, de Kreuzberg à Charlottenburg, en passant par Neukölln. Et prend bien soin de passer devant le Bundestag, au cas où les politiques l’entendraient.
Exalté
Son message est le même depuis tant d’années car rien ne change : pourquoi en tant que Turc ne peut-il pas voter aux élections locales alors que les citoyens membres de pays de l’UE le peuvent, eux ? Pourquoi certains pays dans le monde autorisent-ils ce type de vote mais pas l’Allemagne ? Pourquoi n’est-il pas possible d’obtenir la double nationalité ? Il a le sentiment que les partis, de droite comme de gauche, ne s’intéressent pas au sujet. Pourquoi paye-t-il des impôts depuis cinquante ans sans que sa voix ne compte ici, quelque part ?
Il a calculé : il a avalé 15 000 kilomètres en douze ans. Au fil des années il est devenu «un personnage» de la ville, ce monsieur doucement exalté qui offre des ballons et des sucettes aux enfants. «Nous avons de l’amour pour l’Allemagne mais ils ne nous respectent pas», dit-il, attablé à son bureau, tandis que des petites filles babillent devant la porte ouverte de son local de Neukölln. Elles réclament des ballons. «Pas maintenant ! A 17 heures !»crie-t-il à travers la pièce, attendri. Tandis que son vélo l’attend sagement dehors, il reprend, un peu amer : «Je suis déçu par l’Allemagne, par l’Europe. Ils ne nous reconnaissent pas.»
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