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Le Figaro, le 23/09/2019
Delphine Minoui
Correspondante à Istanbul
REPORTAGE – Fuyant un pays miné par la violence, à l’approche de la présidentielledu 28 septembre, et menacés d’expulsion par des autorités turques dépassées par la crise migratoire, des milliers d’Afghans ont fait d’Istanbul la capitale, par défaut, de leur clandestinité.
Le cri haletant d’un nourrisson déchire la nuit. Sous un ciel de demi-lune, la lumière bleutée d’un téléphone portable s’allume, éclairant deux petits yeux baignés de larmes. «Il ne nous reste plus de lait en poudre!», grelotte en dari une jeune femme en tentant de calmer le bébé. Combien sont-ils, blottis les uns contre les autres sur ce trottoir du quartier Zeytinburnu, refuge temporaire d’une odyssée sans fin pour de nombreux réfugiés afghans? «On s’est retranché ici avec plusieurs familles quand la police turque nous a chassés, hier soir, du parc d’à côté à coups de pied», souffle Hamideh, la jeune mère. Son mari, Massoud, en porte encore l’empreinte. «Regardez mes cicatrices, dit-il en relevant ses manches. Mais franchement, je préfère être frappé que d’être renvoyé chez moi.»
Dans l’obscurité, Massoud tire un bout de carton en s’excusant de ne pas avoir mieux à offrir pour s’asseoir. Puis, dans un flot de paroles ininterrompu, il ouvre ses autres plaies, invisibles: «Nous avons fui Hérat (ouest de l’Afghanistan) il y a un mois, à cause de l’insécurité croissante à l’approche des élections. On a vendu nos vaches, notre ferme et on a traversé à pied les montagnes qui séparent l’Afghanistan de l’Iran grâce aux services de différents passeurs. Quand on est arrivé en Turquie, il y a trois jours, on pensait s’y établir pour un temps. Mais le cauchemar continue: à Istanbul, nous errons de parcs en porches d’immeubles, à chaque fois que la police nous chasse en nous menaçant de nous expulser. Et on n’a plus d’argent pour nourrir notre enfant!»
De plus en plus de familles
À Zeytinburnu, district excentré d’Istanbul, des histoires comme la sienne n’ont rien d’original. Si les rues avaient la parole, elles en conteraient par centaines. «Installez-vous ici et vous assisterez en direct à notre tragédie», lance cet employé d’une agence de voyages afghane. Il est 9 heures du matin, le soleil a chassé la lune, et avec ses trois collègues – afghans, comme lui -, il guette désespérément les clients. «Ils sont de plus en plus rares. Avec la spirale des attentats perpétrés par les talibans et Daech, plus personne ne m’achète de billets pour Kaboul. Par contre, je vois arriver des Afghans par centaines dans le quartier», dit-il. Derrière la vitre, le quartier se réveille peu à peu: écoliers au pas pressé, vendeurs ambulants et, au détour d’une ruelle, un nouveau groupe de réfugiés, facilement identifiables par leurs énormes sacs à dos et leurs gamins assoupis sur les épaules. «Il y a encore quelques mois, on voyait surtout arriver de jeunes hommes de 16 à 18 ans. Aujourd’hui, ce sont des familles entières qui débarquent ici», souffle-t-il.
À deux pas de la mer de Marmara, Zeytinburnu accueille depuis des années de nombreux immigrés: Ouïgours, Syriens, et par les temps qui courent, de plus en plus d’Afghans. «L’actuel pic de violence provoque une nouvelle vague d’arrivées. Sans compter les réfugiés afghans établis depuis longtemps en Iran, qui fuient désormais la crise économique depuis la reprise des sanctions américaines contre Téhéran», explique Ali Hekmat, de l’ONG Afghan Refugees Solidarity and Aid Association.
Mais, triste coïncidence du calendrier: le boom des arrivées se heurte à un durcissement de la politique migratoire de la Turquie, pays qui héberge le plus de réfugiés au monde. Cet été, l’expulsion de Syriens (ils sont 3,6 millions en Turquie) a fait les gros titres de l’actualité. Les Afghans, moins médiatisés, sont pourtant plus affectés par l’ultimatum imposé en juillet par le gouverneur d’Istanbul qui exige que les réfugiés non enregistrés quittent la ville avant le 30 octobre. «Contrairement aux Syriens, les Afghans sont en grande majorité sans papiers. Donc plus vulnérables», relève Ali Hekmat. Depuis le début de l’année, 32.000 illégaux afghans ont ainsi été renvoyés chez eux (soit déjà plus que le nombre d’Afghans expulsés en 2018), selon le ministère de l’Intérieur.
Rêve de Grèce
Najibullah, un exilé afghan de 35 ans, se sait plus chanceux que d’autres: il est l’un des rares à disposer d’un kimlik (carte de protection temporaire). Mais il reste sur un siège éjectable. Enregistré dans la ville d’Erzincan, avec sa femme et leurs deux enfants depuis leur arrivée en Turquie, il y a deux ans, il a posé ses valises à Istanbul. «Le seul endroit où j’ai trouvé du travail», explique le jeune mécanicien qui enchaîne les petits boulots d’appoint contre un salaire de misère. Aujourd’hui, il rase les murs dès qu’il sort de chez lui. «Si la police m’arrête, je risque l’expulsion directe. J’ai des copains qui se sont fait interpeller et renvoyer par avion. Le retour en Afghanistan, c’est la condamnation à mort garantie», dit-il. D’origine hazara, il a ses raisons d’avoir peur: les djihadistes sunnites de l’État islamique ont fait de cette minorité chiite une de leurs cibles privilégiées. «À Kaboul, le danger est partout: au marché, dans les bus, à l’école, à la mosquée», se désole-t-il.
Nadjibullah s’interrompt. Dans un grand soupir, il extrait son téléphone de la poche de son pantalon, puis parcourt quelques sites avant de s’arrêter net sur sa page Facebook. Elle est saturée de photos de chaises en charpie, de nappes maculées de sang, de corps inanimés plaqués au sol, de bouts de gâteaux restés collés sur un bout de table. «Regardez! Ce n’est pas un film d’horreur. Ce sont les images de l’attentat suicide du 17 août contre un mariage à Kaboul que m’a envoyé un ami. Vous imaginez: plus de 60 morts, au moins 180 blessés. Tout ça à 500 mètres de chez moi! Il y avait des femmes, des enfants… Mon cousin, aussi, y était. Il a perdu la vie», dit-il. Comme pour exorciser l’horreur, Nadjibullah continue à faire défiler d’autres photos montrant une dizaine de cadavres alignés à terre, au pied d’un bus. «C’était sur une route en dehors de Kaboul. Les djihadistes les ont abattus parce qu’ils étaient hazaras», poursuit-il. Entre le spectre de la guerre et celui d’une arrestation en Turquie, Nadjibullah a perdu tous ses rêves. Sauf un: la Grèce. «Je fais des économies pour pouvoir y emmener ma famille par la mer», avance-t-il.
« Il y a deux semaines, on s’est fait attraper à l’approche de l’île grecque de Lesbos.
Nous étions 48, dont 15 enfants, à bord du bateau. Un de mes fils a tenu tête : il s’est pris un coup de poing dans la figure.»
Farida
Un voyage périlleux: outre le risque de sombrer au fond des eaux, les migrants sont à la merci des gardes-côtes turcs qui sillonnent la mer Égée. Depuis l’accord scellé, en mars 2016, avec l’Union européenne pour contenir le flux des réfugiés, ils ont officiellement pour mission de bloquer les embarcations de fortune. Une fois interceptés, les voyageurs clandestins sont ramenés en Turquie, puis placés dans des centres de rétention. Loin des regards, l’humiliation est souvent de mise. «Les animaux sont mieux traités que nous!», se lamente Farida (pseudonyme), une veuve afghane de 31 ans voilée d’un foulard vert. Avec ses trois fils, elle campe depuis quelques jours sur la pelouse du parc de Zeytinburnu. «Il y a deux semaines, on s’est fait attraper à l’approche de l’île grecque de Lesbos. Nous étions 48, dont 15 enfants, à bord du bateau. Un de mes fils a tenu tête: il s’est pris un coup de poing dans la figure. De retour sur la côte turque, on nous a parqués au centre de rétention d’Ayvalik, près d’Izmir», poursuit-elle, en décrivant des conditions peu humaines: couchage à même le sol d’un garage, adolescents contraints de laver les toilettes. Sur l’un des nombreux clichés pris en catimini avec son cellulaire, des gamins d’à peine 12 ans nettoient un véhicule de police. «Ils leur disaient: “Si vous ne nettoyiez pas bien, vous n’aurez pas à manger”… Quand ils nous ont finalement relâchés, ils nous ont dit: “La prochaine fois qu’on vous attrape, c’est l’expulsion directe”. Alors, on est venus se réfugier ici, à Istanbul», poursuit-elle.
«D’inévitables dérapages»
Pointés du doigt pour ces mauvais traitements, les officiels turcs évoquent, en aparté, «d’inévitables dérapages» dans cette crise migratoire qui les dépasse. Ces dernières semaines, le durcissement a d’ailleurs provoqué une recrudescence des départs en mer au grand dam de l’Europe. Le président Erdogan n’a évidemment pas manqué de politiser l’affaire en menaçant «d’ouvrir les portes» de l’Europe aux réfugiés si cette dernière ne lui vient pas plus en aide (à ce jour, la quasi-totalité des 6 milliards d’euros qui accompagnent l’accord de 2016 ont été versés). «Le problème, concède un humanitaire européen proche du dossier, c’est qu’on ne peut pas exiger de la Turquie qu’elle retienne les réfugiés sur son territoire sans lui en donner les moyens. Avec la crise économique, et le ressentiment croissant antiréfugiés au sein de la population turque, Ankara ne peut plus visiblement assumer la situation.»
Le deal turco-européen, décrié depuis le début par les défenseurs des droits de l’homme, a également ses effets pervers: chefs d’entreprise turcs exploitant une main-d’œuvre afghane bon marché, propriétaires d’appartements insalubres promettant le silence contre de colossaux loyers, harcèlement des femmes célibataires, passeurs véreux qui ne cessent d’augmenter leurs tarifs. «Nous avons payé 1000 dollars par personne à notre passeur pour un voyage qui a échoué, raconte Farida, épuisée. Ce matin, il m’a rappelé en me promettant, moyennant un supplément, de retenter la traversée. Évidemment, j’ai dit oui. Pour mes trois fils! Ici, ils n’ont aucun avenir.»
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