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Médiapart, le 31/07/2020
par Djalila Dechache
ÉDITION : «UN LIEU, UNE OEUVRE»
Je n’ai pas eu beaucoup à réfléchir pour trouver une réponse à la rubrique de l‘été impulsée par Mediapart. Je me suis rendue en Turquie pour Jalal Eddine Rumi, (1207-1273) pour son mausolée installé dans la mosquée de Konya en Anatolie.
C’est un lieu étonnement puissant, chargé de ferveur, de charisme et de baraka : devant ces immenses tombeaux surmontés de tarbouches, celui de Rumi est vert – les tombeaux de deux de ses meilleurs disciples l’entourent et le protègent -, une grande force émane de ces géants prêts à se lever et à danser. C’est très impressionnant.
Sortie de la mosquée en ce vendredi de juillet à la chaleur suffocante, jour de la grande prière et jour de marché, je sens quelque chose m’envahir, une sensation inconnue, étrange, mon corps se détache de moi, je me vois marcher dans les rues de Konya comme dégingandée, désarticulée, je suis une hère, je ne sais où mes pas me portent, j‘ai peur, je transpire beaucoup, j‘ai chaud, froid, je tremble, je fais des va – et -vient entre conscience et perte de présence, je pleure à grosses larmes, que m‘arrive -t- il ? Je m‘observe au-dessus du sol, inanimée, étalée sur le bitume d’une rue inconnue, je tends les bras au maximum pour me secouer, en vain. Est-ce la mort qui m‘appelle ? Est-ce maintenant ? Est-elle venue de Samarkande, comme dans les contes, pour me chercher ?…..
Sans trop savoir comment, je me retrouve dans une échoppe voisine, entourée de visages que je n’ai jamais vu, j’entends des voix parler une langue étrangère, un homme me tamponne le front, un autre se sert d’un éventail pour me ramener à la vie, un troisième m‘offre un bonbon…
Comment se fait-il que je me sois évanouie dans les rues de Konya, sans crier garde, est-ce la chaleur, la peur, l‘impatience et la joie de visiter le tombeau de Jalal Eddine Rumi, « Mevlana », Notre seigneur pour les initiés, le célèbre soufi, fondateur de l‘ordre des derviches tourneurs, cette danse mystique qui imite le mouvement des planètes, main droite face au ciel pour recueillir la grâce, l‘autre vers le sol pour la répandre, l’auteur du Mathnawi, cette Å“uvre magistrale écrite en persan, composée de plus de 50.000 vers, 1700 pages et bien d’autres textes tout aussi importants comme le précieux « Fihi ma fihi » (intraduisible formule qui deviendra néanmoins « Le Livre du dedans »), Jalal Eddine Rumi, contemporain de Saint-François d’Assise et du Cheikh el Akbar, le grand soufi andalou Mohieddine Ibn Arabi, Rumi qui a quitté sa vie bourgeoise et tranquille après la rencontre avec celui qui deviendra son maître, le fameux Shams de Tabriz.
Rumi, un grand maître, Eva, une grande dame.
De retour en France, je me jette comme une affamée sur l’Å“uvre de Rumi, que je consomme puis que je lis, re-lis et re-re-lis.
Je suis ébahie devant la beauté et la puissance de ses écrits, j‘ai l‘impression de rencontrer un ami, un vrai et réel ami. Malgré cela, un doute s’installe en moi. Je n‘ai pas tout saisi, tout absorbé, le langage est symbolique, je n‘ai pas les codes du soufisme.
Me voilà partie en route vers le chemin de la Connaissance. Je comprends qu‘il me faut commencer par le commencement. Je reprends le chemin de l‘université, je m‘inscris aux Langues O en cours du soir puis en journée.
En cours de civilisation, le professeur de l’époque, me « colle »l e thème d’Al Hallaj que personne ne voulait. J’accepte sans trop savoir où je vais. J’entre de plain pied dans l‘antre du soufisme avec l‘écorché, le brûlé, l‘incompris de la période Abbasside qu‘était Mansour Al Hallaj. Une grande expérience où j‘ai failli me perdre, ne pas revenir, errant dans les étapes du tassawuf – soufisme, sans maître ni guide, un peu comme l‘a si bien titré Georges Banu « l’acteur qui ne revient pas » en évoquant le comédien japonais du théâtre Nô. Je reviens.
Puis, j’entre dans l‘œuvre de Rumi par un grand petit livre qu‘une amie me recommande la lecture, lors d’un dîner entre la poire et le fromage, du livre d’Eva de Vitray Meyerovitch : Islam, l‘autre visage. J’y vais.
Dans ce livre important, l’auteure explique comment de catholique, avec une grand-mère anglicane, mariée à un juif, de disciple du très catholique et islamologue Louis Massignon, elle est passée à l‘islam du pakistanais Mohammed Iqbal puis par le livre sacré, le Coran, d’Eva elle deviendra Hawa, et parle de l’islam comme personne, comme « d’une longue « ascèse » à laquelle « il faut se préparer ».
Jamais personne n‘avait parlé comme elle l‘a fait. Je découvre vraiment cette religion à ce moment précis.
De proche en proche Eva en arrive à Rumi qui n‘avait jamais été traduit en français. Pour cela, elle décide alors d’apprendre le persan classique, tout simplement.
Pour comprendre le soufisme il faut comprendre l’islam parce que le soufisme est la mystique de la religion musulmane et lorsqu‘on est adolescent ou adulte musulman, nul endroit et nulle personne ne vous l‘enseigne. Il faut aller le chercher, prendre la route, se dédoubler, voyager immobile, rêver, lire, tout est bon pour ce voyage initiatique qui me fera rencontrer un maitre soufi qui m‘enseignera.
De plus, autre découverte, on ne peut détacher le parcours du prophète Mohammed sans le relier au livre sacré qu’est le Coran qui lui a été révélé de manière progressive dans sa société de naissance où il était le chef temporel et spirituel.
La tâche est immense, il faut que je mène tout de front sans rien négliger : C’est à ce prix que je m‘en sortirais différente, apaisée, plus forte et plus sûre de moi.
Une plus grande porte s’ouvre alors grâce à Eva qui les as traduit, avec « Le Livre du dedans » et la somme remarquable que constitue le « Mathnawi ». Pour acquérir le premier c’était plus difficile, il est resté épuisé de longues années. Il m‘a été offert de manière si inattendue. Il s’agit d’un livre construit comme le sont les livres de sagesse, inspirés par ceux qui ont lancé ce genre littéraire bien avant eux, notamment pendant la période de la dynastie des abbassides à Bagdad au VIII ème siècle. Nous sommes dans la littérature de l’Adab c’est-à -dire de la culture savante et comportementale qui caractérise l‘homme bien né qui cherche à bien se conduire dans sa vie tant sur terre que celle de l‘au-delà . Chaque ouvrage inclut un corpus de textes de poésies, de références et citations du Coran, de croyances populaires, de contes courts, d’histoires rapportées, d’apologues donnant lieu à un style ghazal, une forme de poésie lyrique, narrative et d’amour. Rumi est généreux et pédagogue, il explique comment accéder aux différentes étapes de l’élévation spirituelle.
Dans « Le Livre du dedans », plusieurs thèmes sont abordés et développés plus encore dans le Mathnawi, qui se présente comme un recueil d’entretiens, proches de la philosophie socratique, dans lequel le maître aborde des thèmes aussi variés que ceux de la nature de l’homme, la connaissance, l’amour, la prière, ou encore la question du bien et du mal, dans l‘optique d’un éveil spirituel permettant de se purifier et de polir l‘égo, source de malheurs sans fin. C’est le travail de toute une vie, exigeant, âpre, qui demande une véritable étude et une pratique, débouchant sur une véritable et profonde transformation de soi.
« Ô soleil de Tabriz ! J’étais neige, à tes rayons je fondis, la terre me but. Brouillard d’esprit, je remonte vers le soleil ». Rumi.
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