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Médiapart, le 05/02/2019
Par Nicolas Cheviron
Dénuement, impossibilité de retrouver un emploi, rejet par la société, explosion des structures amicales et familiales, sentiment d’impuissance… Une enquête menée auprès de plusieurs milliers de victimes des purges qui ont suivi la tentative manquée de coup d’État du 15 juillet 2016 en Turquie révèle le quotidien misérable de ces nouveaux parias de la société turque.
Istanbul (Turquie), de notre correspondant. – « Quand je vais faire un achat, entendre le commerçant me dire : “Je ne veux pas voir de traître à la patrie ici”, ça fait très mal. (…) Mais le plus douloureux, ce fut de devoir convaincre mes enfants que je n’avais rien fait de mal, de les supplier de me faire confiance. Alors que des gens dans la rue nous blessent en criant à mon fils : “On sait tout sur ta mère, tout le quartier est au courant”, dire qu’on n’a rien fait, ça ne suffit pas. »
La femme qui a écrit ces lignes n’a pas donné son nom. Elle dit avoir été livrée à la vindicte populaire par les autorités turques pour le seul motif qu’elle avait adhéré, un temps, à un syndicat. Son témoignage n’est qu’un des milliers de récits rassemblés par l’association Justice pour les victimes, qui a récemment rendu public un rapport sur Les Coûts sociaux de l’état d’urgence en Turquie.
Le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan a instauré l’état d’urgence le 20 juillet 2016, cinq jours après une tentative ratée de coup d’État imputée aux réseaux du prédicateur islamiste Fethullah Gülen, un ancien allié du chef d’État devenu son pire ennemi.
Entre l’entrée en vigueur de ce régime d’exception et son abrogation formelle, le 25 juillet 2018, près de 170 000 personnes suspectées de connivence avec les réseaux gülenistes, désignés par l’acronyme FETÖ, ont fait l’objet de poursuites judiciaires, dont plus de 50 000 ont été incarcérées. Près de 130 000 fonctionnaires ont par ailleurs été chassés de leur emploi, le plus souvent sans aucune forme de procès ; une chasse aux sorcières bien commode pour le gouvernement, qui lui a permis de se débarrasser entre autres de nombreux syndicalistes et militants de gauche ou pro-kurdes.
Appelés à témoigner au moyen d’annonces sur les réseaux sociaux et au sein des associations de victimes des purges, 2 862 victimes directes, 591 proches de victimes (époux, parents, enfants, frères… dont 43,8 % sont liés à un prévenu encore en détention provisoire) et un échantillon « neutre » de 323 individus non affectés ont répondu via Internet aux 175 questions de l’enquête, entre le 2 août et le 23 septembre 2018.
Les participants sont majoritairement des hommes (72,2 %). Ils sont dotés d’un fort niveau d’éducation (94,6 % ont le bac ou plus), sont en général mariés (84,5 %), avec en moyenne deux enfants et une affiliation politique plutôt conservatrice (47,7 % se déclarent conservateurs, 16,9 % nationalistes, 7 % islamistes). Les victimes directes sont pour la plupart issues de la fonction publique (93,2 %), dont elles ont presque toutes été chassées (94,5 %). Quelque 55 % d’entre elles ont fait un séjour en prison après le putsch.
De leurs témoignages ressort d’abord le constat d’une grande détresse matérielle. Chassées de leur emploi, les victimes directes de la répression ont, selon leurs déclarations, perdu en moyenne 77 % de leurs revenus, passés de 3 500 livres turques (TL, soit environ 570 euros), à 800 TL (130 euros). Leurs proches, également ostracisés, ont connu une baisse de leurs revenus de 50 %. Alors que seulement 3,2 % des victimes affichaient des revenus inférieurs à 2 000 TL (330 euros) avant l’état d’urgence, ils sont désormais 82,9 % dans cette catégorie, dont 41,7 % affirmant gagner moins de 250 TL (40 euros) par mois. Le salaire minimum était, au 1er janvier 2019, de 2 020 TL.
Pour la moitié d’entre eux les purgés se disaient toujours au chômage au moment de l’enquête, 14,9 % affirmaient vivre de petits boulots au jour le jour et 8,3 % avoir quitté le monde du travail (retraités, femmes au foyer, études…). Plus du quart de leurs proches sont au chômage, à comparer au dernier taux officiel publié, de 11,6 % en novembre.
À ces difficultés financières s’ajoute le regard d’un environnement désormais hostile. Les trois quarts des purgés et proches interrogés disent avoir perdu la plupart de leurs amis. Pour plus de la moitié d’entre eux, la porte des voisins est désormais close. Plus du tiers affirment avoir été la cible de harcèlement. De nombreuses victimes directes de la répression constatent une dégradation de leurs relations avec leurs propres frères (38,4 %), parents (27,6 %), enfants (23,9 %) ou conjoints (31,7 %, qui s’est conclue, dans 6,3 % des cas, par une séparation ou un divorce).
« Du jour où j’ai été suspendu, tous mes collègues de travail ont cessé de me parler et ont arrêté de répondre à mes appels téléphoniques. (…) Le moral de ma femme et des enfants est en loques. Je ne vois plus mon père. Les amis que nous avions n’osent plus venir à la maison », témoigne l’une d’elles.
Pour échapper aux pressions de leur environnement, la moitié des victimes de l’épuration (50 %) disent avoir changé de quartier, voire de ville, et 83,9 % d’entre elles affirment qu’elles quitteraient la Turquie si elles en avaient la possibilité – 9,9 % indiquent d’ailleurs avoir tenté de fuir le pays, par des voies légales ou non.
Mais cette fuite ne leur permet pas d’échapper à leur enfer personnel. Parmi les troubles psychologiques dont se plaignent les purgés figurent la peur constante d’une aggravation soudaine de leur situation (73,4 %), l’absence d’espoir pour l’avenir (71,8 %), des troubles du sommeil (68,4 %), la claustration (66,9 %), des changements d’humeur brusques et fréquents (63,4 %), et jusqu’à des pulsions suicidaires (14,2 %).
5 % des purgés et de leurs proches indiquent avoir fait face à au moins une tentative de suicide dans la famille, et une proportion équivalente impute la mort d’un membre de la famille à une maladie liée au stress et à la tristesse causée par la répression. Un rapport publié en juillet 2018 par le parti d’opposition social-démocrate CHP dénombrait 52 cas de suicides en lien avec cette répression.
Selon Bayram Erzurumluoglu, le directeur de l’équipe de sociologues et de psychiatres qui a conduit l’enquête, le choc psychologique a été d’autant plus rude pour les purgés qu’ils provenaient en large majorité d’une tradition conservatrice, élevée dans le respect de l’État.
« Ils pensaient que l’État était comme une mère pour eux. Or, du jour au lendemain, leur mère s’est transformée en un monstre qui cherche à les détruire », explique le scientifique, lui-même expulsé de son poste de professeur associé au département d’économie de l’université d’Adiyaman. « En un jour, ces gens qui avaient tous fait des études supérieures, qui étaient respectés par leur communauté, sont devenus des indésirables, des incarnations du mal. »
« Il y a d’abord eu le choc, puis l’isolement et l’incapacité à se faire entendre, pour atteindre finalement l’état décrit par le psychologue comportemental américain Martin Seligman comme l’impuissance apprise, celui où la victime est convaincue que rien ne changera, quels que soient ses efforts », commente Erzurumluoglu, interrogé par Mediapart.
Si, sur dix purgés interrogés, neuf disent avoir déposé un recours devant la commission d’enquête sur la gestion de l’état d’urgence, les trois quarts étaient toujours dans l’attente d’une décision au moment de l’enquête, 13,4 % avaient reçu une réponse négative et seulement 0,5 % – soit 14 personnes – avaient obtenu leur réintégration dans leur poste.
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